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L’histoire s’écrit au gré des alliances...

11 janvier 2020, 07:33

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Un pays qui ne connaît pas son histoire vogue comme un navire sans gouvernail. Paul Bérenger est de ceux qui aiment rappeler cette phrase lourde de (bon) sens. Cette semaine, notre collègue Iqbal Ahmed Khan nous a rappelé un pan de notre histoire politique qu’on a tendance à oublier. Le rappel des événements politiques suivant les législatives de septembre 1991 se révèle d’autant plus pertinent car les pétitions électorales contestant les législatives de novembre 2019 seront entendues ce lundi 13 janvier en Cour suprême.

Si le passé éclaire le présent. Et celui qui ne connaît pas l’histoire est condamné à la revivre...C’est ainsi !

«(...) For two of the parties within the opposition, there is a shade of history at play here. This is not the first time that the Labour Party and the PMSD have questioned the legitimacy of an election. During the 1991 election, the Labour-PMSD bloc lost the election and two days after the results were announced, Ramgoolam stated that ‘serious irregularities’ had taken place during the 1991 polls. Then, as now, he stated that there were plenty of unexplained things happening during the counting of the votes and that he could not understand how despite playing to packed audiences and meetings during the campaign, the party lost», écrit notre collègue Iqbal Ahmed Khan dans l’édition (du 9-15 janvier) de Weekly.

Comme c’est le cas cette fois-ci, l’opposition avait saisi la justice et demandé à la Cour suprême d’invalider l’élection des candidats du MSM et du… MMM (alors en alliance avec Jugnauth). Raisons évoquées à l’époque par l’opposition PTr- PMSD contre le bloc MSM-MMM : «malpractices» et «undue influence and illegal practices».

Fait historique notable : le MMM n’avait pas vraiment répondu aux critiques des Rouges et des Bleus quand les choses marchaient bien, en couple, avec le MSM. Mais après le divorce de 1993, intervenu après la défaite du MMM aux partielles de Beau-Bassin, le parti de Paul Bérenger change de ton et commence aussi à faire état des irrégularités et de l’abus de l’appareil d’État aux législatives de 1991. Mais c’était deux ans après les faits. Et en attendant la Constitution avait été amendée pour protéger le régime de Jugnauth avec le soutien des Mauves.

C’est le projet républicain, mis en oeuvre quelques mois après les élections, qui a engendré une série d’amendements législatifs, dont les changements apportés aux articles 36 (1991) et 37 (1992) de la Constitution. Pour le premier amendement, le gouvernement MSM-MMM a voulu protéger ses élus face à une contestation de l’opposition (conseillée alors par sir Gaëtan Duval) par rapport aux affiches illégales placardées par les agents de ces derniers au sein de plusieurs circonscriptions. Mais en essayant de protéger ses arrières, le gouvernement mené par le tandem SAJ-Bérenger, fort de leur majorité de trois quarts, a voté pour une loi ayant une rétroactivité de 25 ans ! L’article 36 avait été amendé «to uphold the election of every parliamentarian between 1967 and 1991 regardless of whether ‘any person has committed an offence against an electoral law by reason of any act or omission in relation to printing, publishing or posting of any bill, placard or poster.» En d’autres mots, sous le couvert républicain, il fallait protéger, selon le MSM-MMM, des élus même s’ils avaient violé la loi électorale…

Le deuxième amendement, celui de l’article 37, rendait - et rend toujours - le recours au Privy Council quasi-impossible dans certains cas.

Boycotter le discoursprogramme n’est pas nouveau non plus. Aujourd’hui qu’il se range du côté des contestataires des élections remportées par le MSM, Bérenger ne veut pas commenter, à chaud, les amendements constitutionnels de 1991 et de 1992. Il dit préférer étudier ses notes avant de se prononcer, tout comme Anil Bachoo, alors ministre du gouvernement de SAJ, avant de virer au rouge.

Le temps passe et aujourd’hui les lois votées par le MMM sonnent comme des notes discordantes alors qu’il se bat aux côtés du PTr et du PMSD. Le MSM, lui, peut les laisser venir...

Et puis, de toutes façons, les alliances sont tellement volatiles que ce qui est le cas aujourd’hui risque de ne plus l’être demain. Oui, oui, c’est vrai, l’amour est une triste histoire toujours fatale pour quelqu’un…