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Pension: entre populisme et irresponsabilité !

2 octobre 2019, 07:32

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Jusqu’où peut aller l’irresponsabilité politique ? Pravind Jugnauth nous a donné la preuve hier que tous les excès lui sont permis lorsqu’il s’agit des fonds publics à dépenser et des votes à glaner.

On savait que le Premier ministre et ministre des Finances n’allait pas se rendre au sommet mondial sur la crise climatique afin de fignoler les détails relatifs à la dissolution du Parlement, qui s’annonce imminente. Profitant de la journée internationale des personnes âgées (celles-ci représentent un bassin électoral de plus de 200 000 votants), il avait prévu, après les Rs 500 supplémentaires annoncées dans le dernier discours du Budget, de séduire davantage les cheveux gris et les cheveux blancs, quitte à plomber encore plus les finances publiques. Certains disaient qu’il allait majorer de Rs 2 000 la pension de vieillesse, ou l’aligner sur le salaire minimum (la transition entre Rs 6 710 et Rs 8 500 aurait nécessité un montant additionnel de Rs 5 milliards). Mais l’on ne s’attendait, sans doute, pas à ce que Pravind Jugnauth monte ainsi les enchères : il a affirmé, hier, au centre de conférences de Pailles, que la pension de vieillesse serait… doublée si son équipe et lui reviennent au pouvoir ! Dans l’espoir désespéré de récolter des votes, il brandit donc une pension de Rs 13 500 ! Ce qui représenterait Rs 20 milliards additionnelles par an.

Outre que cela va crever le plafond de 70 % pour la dette publique, cette hausse qui s’apparente à un bribe électoral va envoyer un fort mauvais signal sur le plan économique : ceux qui sont retraités toucheraient davantage que ceux qui travaillent. De quoi augmenter le déficit budgétaire de manière exponentielle, avec le vieillissement de la population et l’absence d’un système de ciblage, faute de courage politique. En plus, la plupart des PME fermeraient. Le chômage augmenterait. C’est du populisme doublé à de l’irresponsabilité.

Comme une malédiction. À chaque fois qu’il parle, Pravind Jugnauth nous démontre soit sa maladresse soit sa démagogie. Par exemple, à la CWA, il a littéralement insulté tous les employés, alors qu’il voulait leur rendre hommage avec l’entrée en opération du Bagatelle Dam. C’est son obsession contre Ramgoolam qui lui fait souvent perdre ses moyens et rater le coche, comme quand il dit que la CWA n’a rien fait de 2010 à 2014. “For sure this is a political statement but he is also implying that the CWA employees have remained idle during that period of time, a clear insult to the professionalism of those employees. I think that by being obsessed by the former PM, he forgets the thousands of dedicated, professional and politically neutral civil servants”, écrit une fonctionnaire révoltée dans une lettre à l’express.

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L’on se souvient que dans le Budget 2019-20, le gouvernement avait mis l’accent sur le repaiement avant l’heure de la dette gouvernementale par la Banque de Maurice en puisant du Special Reserve Fund. Mais regardez comment cela se passe dans la réalité, avec la version amendée de la BoM Act qui vient, désormais, préciser que la Banque centrale peut repayer la dette «provided that this is not likely to adversely affect the efficient discharge by the Bank of its functions”. Cette phrase, que ce gouvernement a ajoutée, n’a pas de sens dans la mesure où la BoM encourt des pertes massives depuis quelque temps déjà, comme nous l’avons souvent relevé ici. Avec la balance sheet qui est dans le rouge et aucun plan de redressement à l’horizon, l’amendement cosmétique de faire croire qu’on arrive à juguler la dette publique est un trompel’oeil, ou carrément un «hold-up» de la Banque centrale !