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Croissance mondiale: la peur s’installe

25 septembre 2019, 08:18

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C’est sous un ciel gris que nous amorcerons le dernier trimestre de l’année 2019. La météo économique n’est, en effet, pas très clémente. Les belles éclaircies que nous annonçaient les institutions multilatérales dans leurs bulletins en 2018 ont cédé la place à la grisaille.

Pas plus tard que la semaine dernière, le tonnerre a de nouveau retenti avec cette fois-ci l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) revoyant à la baisse ses pronostics pour 2019 et 2020.

2,9 %. C’est le taux projeté pour l’année en cours par l’OCDE. Si cette projection intérimaire devait se matérialiser, ce serait le niveau le plus bas depuis ces dix dernières années. Afin de prendre pleinement la mesure de la situation qui se dessine, il est important de remonter à mai 2018. Car alors, l’OCDE, de même que d’autres institutions, tablait ni plus ni moins sur une croissance mondiale se rapprochant de 4 % pour 2019.

Mais que s’est-il donc passé pour que la chute soit aussi vertigineuse ? Nous avons malheureusement, cette projection empreinte de grand optimisme, assisté à un véritable effondrement de l’investissement mondial. Celui-ci est passé d’un rythme de croissance de presque 5 % durant la première partie de 2018 à moins de 1 % actuellement. Idem pour le commerce, dont l’expansion était supérieure à 4 % mais qui devrait basculer en territoire négatif.

Longuement ressassés, les facteurs à l’origine de cette dégradation de l’économie mondiale sont connus. Les commentaires intempestifs accompagnés d’une politique commerciale imprévisible ont fini par avoir raison des échanges, et par ricochet des investisseurs. Il est un fait qu’en l’absence de visibilité les entrepreneurs sont de plus en plus nombreux à opter pour l’attentisme. Ne pas savoir de quoi demain sera fait est effectivement source d’inquiétude. Cela est valable pour les exportateurs mauriciens. La Mauritius Export Association exprime ces jours-ci ses appréhensions car n’ayant aucune visibilité sur les commandes dans le secteur du textile à l’horizon 2020 sur le marché britannique. Alors qu’en temps normal, indique l’organisme, les commandes pour le premier trimestre de 2020 auraient déjà été enregistrées.

Pour Laurence Boone, chef économiste de l’OCDE, il faut réagir urgemment. Faute de quoi, la croissance risque de s’enliser durablement. Avec les conséquences que nous ne pouvons feindre de ne pas connaître, surtout pour les plus mal lotis de la planète.

La prescription de Mme Boone pour contrer le déclin de la demande émanant de la baisse des échanges commerciaux est une politique d’investissement dans les infrastructures, des réformes pour favoriser l’innovation ainsi qu’une politique lisible de taux bas. De son point de vue, la politique monétaire est en mesure de protéger «durablement le coût de financement des entreprises comme des États», créant du coup les conditions propices à l’investissement.

Reste maintenant aux dirigeants politiques de s’accorder ou pas sur les moyens pour se prémunir du danger qui se profile à l’horizon. Mais, en attendant, le sentiment d’inquiétude est appelé à prendre l’ascenseur, surtout dans le sillage des attaques sur les installations pétrolières en Arabie saoudite et face à l’interminable feuilleton du Brexit qui est même parvenu à diviser l’opposition travailliste en Angleterre.

Dans une telle conjoncture, «la seule chose dont nous devons avoir peur est de la peur elle-même». Ces propos de Franklin D. Roosevelt n’ont jamais été aussi pertinents.