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As one people…

28 juillet 2019, 11:30

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Ce ne sera pas uniquement une affaire de foot aujourd’hui. Ce match du jour dont on espère ardemment la victoire, se donne pour mission de cristalliser toute la somme d’émotions de ces dix derniers jours intenses. On a beau gagner les jeux avec un record inoubliable de médailles, tout le pays veut l’or au football. On veut tous triompher contre La Réunion.

Si une défaite éventuelle aura le goût cruel d’une symphonie inachevée, en revanche, en cas de succès du Club M ce dimanche, l’explosion de joie se vivra comme une douce folie. Tel un rêve qu’on touche et qu’on vit ensemble, dans un formidable cœur-à-cœur entre Mauriciens, unis derrière ce Club M qui, malgré ses faiblesses, nous donnent des raisons de l’applaudir avec ces joueurs téméraires qui vont jusqu’au bout d’eux-mêmes devant son enthousiaste public à chacune de ses sorties.

Au fond, ces Jeux des îles sont une parenthèse enchantée dans cette ambiance morose d’année électorale où l’on assiste, depuis quelques mois, au rapport de forces des politiques nous imposant leurs règles, verrouillant le système pour que les seigneurs du pouvoir soient toujours représentés par les mêmes patronymes. Pire, encore une fois, les quatre blocs traditionnels s’accordent tacitement et s’activent pour qu’en l’absence d’une réforme électorale, la majorité et l’opposition au Parlement soient toujours peintes aux couleurs de leurs partis. Puis, les jeux sont arrivés en démontrant qu’il y a quatre couleurs qui brillent plus que d’autres, que le quadricolore n’a pas perdu de son éclat, qu’il peut toujours rassembler un public pluriel, multiculturel, alors que l’hymne national est devenu le tube du jour.

 

Pendant plus d’une semaine – à part quelques âmes égarées qui tentaient encore un discours de repli identitaire sur les réseaux –, la majorité des Mauriciens qui se sont déplacés massivement dans gymnases et stades frissonnaient fièrement, quand ils n’écrasaient pas une petite larme de joie devant la formidable performance de nos athlètes, ceux-là qui nous ont donné tant de bonheur. Saluons ici tous ces porte-drapeaux, devenus nos héros, qui ont remporté non seulement une belle moisson de médailles, mais aussi le cœur de tout un peuple qui, du coup, redécouvre nombre de disciplines sportives et fait connaissance avec ces athlètes dont les noms étaient connus uniquement par les initiés et le lectorat des pages de sport.

De ces multiples leçons que nous donnent ces jeux, retenons surtout celle de l’espoir. Une espérance renvoyée par l’image d’une magnifique jeunesse qui illustre de la plus belle manière la culture de la gagne. Au pays de l’effort, la valeur n’attend point le nombre des années. Qu’on ait 14 15, 18, 23 ans, voire plus, voire moins, tout est donc permis quand les sacrifices se conjuguent à la persévérance. S’il faut le souligner, c’est parce que, trop souvent, nous parlons de la nouvelle génération en mettant en exergue leurs travers (avec raison quand il s’agit de drogues synthétiques), son indifférence, le monde virtuel dans lequel elle s’enferme.

Ainsi, cette 10e édition des JIOI démontre qu’il y a une jeunesse qui se bat courageusement, qui donne envie, qui nous rend joyeux, fiers, et qui inspire. À cette jeunesse-là, nous disons bravo. Car s’il fallait des exemples pour tous ces enfants qui, soit ne rataient pas les retransmissions des jeux à la télévision, soit venaient nombreux sur les sites de compétition, en cette période de vacances scolaires, ces jeunes athlètes qui se sont admirablement surpassés peuvent définitivement jouer le rôle d’influenceurs positifs.

Reste maintenant l’après-Jeux. Au-delà de plusieurs questions qui méritent d’être posées, allant de la rentabilité des sites, tel Côte d’Or, à l’encadrement des athlètes, en passant par la question des bourses sport-études, des suivis, des moyens pour nos sportifs – et nous avons une pensée spéciale pour nos footballeurs qui, bien malgré eux, ont subi des critiques –, survient une réflexion : après cette joie spontanée, cette réjouissance collective, cette incroyable communion, va-t-on se laisser faire dans quelques jours par ces politiciens qui n’ont pour ambition que la division et le compartimentage ethnique ? Dix jours plus tard, le communalisme reprendra-t-il ses droits sur le patriotisme ? Back to life ? Back to reality ?