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Élections: redorons le blason de notre Assemblée nationale

5 juillet 2019, 08:23

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Élections: redorons le blason de notre Assemblée nationale

On a bien rigolé durant cette législature. Toutefois, c’est un constat de nivellement vers le bas que l’on fait. Mis à part quelques rares exceptions, c’est une médiocrité, un abêtissement sans parallèle qu’on a atteint au sein de l’hémicycle. Aux prochaines élections, assurons-nous d’envoyer des élus qui ne nous feront pas honte mais qui nous rendront fiers.

La messe annuelle budgétaire a été dite. L’euphorie escomptée et qui devait envelopper la population, dans sa grande majorité, sous un manteau de bon vouloir durable s’est vite évaporée. On n’en parle plus, que ce soit dans les rues ou ailleurs. Les gens ont vite repris leur traintrain quotidien. Le Budget donc, c’est de l’histoire déjà.

Allez, le prochain événement. Élection partielle ? La température n’est pas montée. Donc, pas de fièvre électorale, même pas dans la circonscription concernée d’après les différents reportages qui nous parviennent des médias. Est-ce un désintéressement de la chose politique ? Pas vraiment. D’ailleurs, ne le dit-on pas : discuter de la politique est le passe-temps privilégié du citoyen mauricien ? D’ici la date prévue pour cette partielle dans laquelle presque personne ne croit, la scène politique connaîtra à coup sûr des développements. Tractations et spéculations se succéderont.

La présente législature arrivera à terme en fin d’année, suivie des élections générales. Mais elles peuvent aussi se tenir avant l’échéance prévue. Ce qui est certain, c’est que l’atmosphère évoluera rapidement. Certains retrouveront leur bonheur, alors que d’autres invectiveront avec virulence les leaders et partis sur qui ils (elles) avaient jusque-là tari d’éloges. Ils auront certes droit à une couverture médiatique dont l’envergure se mesurera par rapport à leur notoriété et poids politique. Mais il n’y a rien de nouveau à ce titre.

Retournement de veste, défections, opportunisme, notre histoire politique est parsemée de tels cas. Les «Brutus» (fidèle de Jules César qui, à la stupéfaction de ce dernier, lui planta un couteau dans le dos) ne manquent pas. Ceux-là ne relèvent pas uniquement du genre masculin. Ils se reconnaîtront sûrement. Surtout parmi ceux et celles qui, en se jetant dans l’arène, se disent imbus de belles intentions, d’objectifs très nobles comme servir le pays, être à l’écoute et se mettre à la disposition du petit peuple, tout en clamant de faire la politique autrement. Faire la politique autrement ?

Ce sont rapidement les intérêts et ambitions personnels qui remontent à la surface une fois la cosmétique superficielle  appliquée pour la galerie fondue. Car, à la moindre contrariété affectant une posture personnelle, c’est vite la menace et l’annonce d’une rupture totale pour, juste après, s’accoquiner avec l’adversaire politique qu’on s’acharnait à descendre de l’autre camp !

«Au moins, on aura découvert des nouveaux talents, jadis cachés, parmi ceux-là, comme les selfies de cet honorable membre…»

Ce qui est dommage, c’est que ce phénomène semble avoir rapidement atteint les soi-disant «jeunes» en politique. Il y a de ceux qui veulent être calife à la place du calife, d’autres qui font des aller-retour et d’autres encore qui sont prêts à se mettre aux enchères politiques pour un strapontin exécutif, de préférence ministériel. Notre Parlement actuel en compte quelques-uns.

Bon, encore une fois, on n’aura que les représentants qu’on mérite. Un nouveau gouvernement sera mis en place par l’équipe qui, issue des urnes, commandera une majorité au sein de notre auguste Assemblée. Mais est-ce que l’électorat, cette fois-ci, prendra le soin de lire, d’analyser les programmes et autres manifestes électoraux des différentes équipes qui se présenteront devant lui en accordant une attention particulière aux qualités et capacités des candidats qui auront eu l’investiture de leurs partis respectifs ? Ou bien alors, ce sera du pareil au même ?

C’est vrai. On a bien rigolé durant cette législature. On a eu droit à des envolées loufoques ; des nouveaux mots formant un lexique parlementaire inédit sont venus agrémenter l’hilarité populaire, sinon exaspérer ceux qui ont plébiscité, en âme et conscience, ces honorables représentants. Au moins, on aura découvert des nouveaux talents, jadis cachés, parmi ceuxlà comme, par exemple, des selfies de cet honorable membre, en pleine séance parlementaire, démontrant les contorsions suggestives de sa langue !

La longue lecture du Budget a été l’occasion pour la population de se rendre compte du nombre de percussionnistes amateurs qui se sont fait valoir parmi ces honorables messieurs et dames. Il est vrai aussi qu’à un certain moment, le chef d’orchestre a dû rappeler à sa troupe que c’était le moment de ponctuer sa lecture par un nouveau volet de «taplatab». Et la troupe s’est vite exécutée sans peut-être savoir le pourquoi de cette nouvelle note dans la partition !

On dira peut-être que c’est la pratique depuis des années et on ne saurait déroger au folklore parlementaire à pareil moment chaque année. Soit. Mais si seulement les débats qui ont suivi étaient aussi percutants que la séance de percussion à laquelle on a eu droit !

Quoiqu’il en soit, c’était la dernière occasion de cette présente législature pour se faire entendre et voir, même de façon bruyante. Investiture électorale oblige ! Les événements de portée nationale vont s’accélérer : de multiples rubans à être coupés en fanfare ; les Jeux des îles de l’océan Indien dont l’ouverture sera honorée par la présence des chefs d’État des pays y participant ; la visite annoncée du Premier ministre indien, Shri Narendra Modi ; la visite de sa sainteté le pape ; le Metro Express…

On est vraiment gâté, et on en est fier. Mais osons élargir cette fierté pour qu’elle rejaillisse à tous les niveaux. Et, de surcroît, assurons-nous d’envoyer des élus qui ne nous feront pas honte mais qui nous rendront digne de cette fierté. Rendons à notre auguste Assemblée sa dignité et sa noblesse d’antan.