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Tic-tac, tic-tac…

19 juin 2019, 07:37

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Tic-tac, tic-tac…

Sommes-nous assis sur une poudrière ? Nouriel Roubini y croit dur comme fer. Celui qui a été surnommé Dr Doom au début des années 2000 en raison de ses prédictions plus pessimistes que ses pairs estime que neuf des ingrédients d’une récession et d’une crise mondiale identifiés huit mois de cela sont toujours d’actualité.

Le monde, à en croire Dr Catastrophe, basculera après un choc violent qui ne manquera pas de provoquer une récession. Selon Nouriel Roubini, il ne faut pas aller chercher loin pour découvrir les risques susceptibles de provoquer le basculement de l’économie globale. Il identifie à ce titre la guerre commerciale et technologique à laquelle se livrent la Chine et les États-Unis.

Au point où en sont les choses, une escalade dans ce conflit est plus que jamais à l’ordre du jour avec le président Donald Trump optant pour la hausse des droits de douane sur les produits chinois. Cette taxe pourrait être portée à $300 milliards sur les importations en provenance de l’empire du Milieu. Tout comme il n’est pas à écarter que les Chinois ne décident de recourir à des moyens de représailles pour contrer l’interdiction qui frappe la société Huawei. La fermeture du marché chinois à la marque à la pomme ne serait guère étonnante. Dans de telles circonstances, «le choc pour les marchés du monde entier serait suffisant pour engendrer une crise mondiale, quelles que soient les tentatives des grandes banques centrales», met en garde Nouriel Roubini. Ce professeur d’économie américain, qui annonce une nouvelle crise depuis octobre 2018, considère que «la marge de relance budgétaire dans le monde est d’ores et déjà réduite par une dette publique massive. La possibilité de nouvelles politiques monétaires non conventionnelles sera limitée par des bilans hypertrophiés, et par un manque de capacité à réduire les taux directeurs».

À la différence de 2008, les dirigeants qui affronteront la prochaine récession auront les mains liées.

Le plus dramatique serait de ne pas pouvoir procéder à des sauvetages dans le secteur financier, comme cela a été le cas durant la dernière crise. Car, aux yeux de Roubini, une telle démarche ne sera pas tolérable pour des pays marqués par la résurgence de mouvements populistes, et dirigés par des gouvernements quasi insolvables.

Il estime qu’à «la différence de 2008, époque à laquelle les gouvernements disposaient des outils politiques permettant d’empêcher une chute libre, les dirigeants qui affronteront la prochaine récession auront les mains liées, sachant par ailleurs que les niveaux globaux de dette sont supérieurs à ceux d’avant-crise. Lorsqu’elles surviendront, la crise et la récession de demain pourraient se révéler encore plus sévères et prolongées que celles d’hier».

Bien sûr, nous serons les premiers à mettre en garde contre une hystérie collective, mais il faut en même temps se garder de jouer du violon et préparer Mauritius Incorporated à des temps incléments. Car l’économie mauricienne est tributaire, soit à hauteur de 60 %, de ce qui se passe à l’international. Donc, une croissance fébrile, une baisse de la confiance, une remontée du pétrole avec les tensions au MoyenOrient et une politique de repli n’augurent rien de bon ! Si on estime que la marge de manœuvre relevant des compétences locales se résume à 40 %, il est donc plus que temps de déployer les grands moyens afin de s’armer face à une éventuelle tempête.