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Cap sur les élections générales

12 juin 2019, 06:56

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Il était attendu au tournant sur tous les fronts. Pravind Jugnauth n’avait donc aucunement droit à l’erreur. Face à cette pression, le Premier ministre s’est livré pendant plus de deux heures à un véritable exercice de funambule.

Le Budget 2019/20 traduit parfaitement cette volonté de plaire au plus grand nombre et de brasser le plus large possible. A-t-il réussi son pari ? Il est évidemment encore trop tôt pour juger de l’impact de ce jeu d’équilibre. Car le diable est très souvent dans le détail. Mais en attendant que l’épais brouillard de poussière soulevé par la guerre de tranchée entre dirigeants et opposants autour des mesures budgétaires ne se dissipe, nous pouvons déjà relever que le ministre des Finances a voulu jouer la carte de la positive attitude.

Ainsi, aux indicateurs brandis par ses adversaires pour démontrer une gestion économique calamiteuse, le chef du gouvernement oppose «une croissance en hausse depuis 2015». Il ramène aussi au premier plan les chiffres du chômage – au plus bas depuis 17 ans – de même que l’inflation estimée à 1,5 % d’ici à la fin de l’année.

Toutefois, le ministre est conscient que de tels indicateurs sonnent souvent creux pour ceux qui seront appelés aux urnes. D’ailleurs, dans un sondage publié en mars dernier, 63,6 % des personnes interrogées disent ignorer le taux de croissance du pays. Or, il faut parer au plus pressé : les prochaines législatives ! Sans pour autant occulter les défis qui nous pendent au nez dans les secteurs comme le tourisme et le sucre.

Pravind Jugnauth choisit donc la voie qu’il a tracée depuis son premier Budget sous ce mandat tout en essayant de se protéger d’être taxé de pratiquer une politique de terre brûlée. D’où son insistance à préserver la stabilité du déficit fiscal d’une année à l’autre et aussi à réduire la dette publique quitte à provoquer la polémique au passage.

Qu’on les appelle mesures populaires ou, comme lui, redistribution de la richesse, Pravind Jugnauth est venu fixer les échéances électorales avec son dernier discours du budget. Les mesures visant à marquer les esprits s’insèrent dans le cadre d’une stratégie bien réfléchie et véhiculent un message subtil à une large frange de l’électorat.

Suivra certainement une campagne dans les mois à venir afin de s’assurer que ceux qui sont visés par les mesures budgétaires en comprennent la portée. Une forme de service après-vente pour mieux asseoir cette image qu’il cherche à projeter afin de se démarquer de ses prédécesseurs. Le vrai test pour le Budget de Pravind Jugnauth sera donc sur le terrain politique. Car si la mayonnaise venait à monter, cela lui permettrait de passer plus facilement à une autre phase de sa stratégie qui consiste à s’appuyer sur la ferveur populaire provoquée par les Jeux des îles de l’océan Indien en faisant constamment résonner le titre de son Budget: Together As A Nation.