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Parlement: «Un recensement pour rendre justice aux Créoles»

23 novembre 2018, 07:40

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Répondant à une question au Parlement la semaine dernière, le Premier ministre adjoint, Ivan Collendavelloo, a répondu qu’il lui est impossible de parler d’une éventuelle introduction de la langue kréol à l’Assemblée nationale car cela relève de la Constitution. Voilà de quoi apporter de l’eau au moulin de ceux qui luttent pour que la communauté créole soit reconnue au même titre que les autres communautés reconnues officiellement par la Constitution. Par extension, cela justifie le besoin d’un recensement ethnique, non pas pour prendre la place de quiconque, mais pour rendre justice à cette communauté qui souffre d’ostracisme à tous les niveaux de l’État.

La question qui reste posée est : comment peuton avoir une langue créole si son origine même, la communauté créole, est niée par l’État ? Tous les Mauriciens, indistinctement, savent que la langue créole provient des esclaves, ancêtres des créoles d’aujourd’hui. Tous les descendants d’esclaves n’ont aucun problème si leur langue d’origine devenait la langue nationale adoptée par le Parlement mauricien. Tous les politiciens proclament que le Parlement est le temple de la démocratie. Si tel est vraiment le cas, il est plus que jamais temps que les parlementaires cessent de se contenter de le dire, mais s’attellent à le mettre en pratique. Quel pas auraient-ils franchi quand ils auront rendu à cette communauté la justice, si longtemps bafouée ?

Faut-il aussi se contenterde parler d’unité de la nation, de mauricianisme, de bonheur de vivre ensemble, quand au quotidien on vit dans le mensonge le plus abject ? Le mauricianisme n’existera que quand chaque composante sentira qu’elle fait partie du gâteau national tout entier. Après 50 ans d’Indépendance, il est plus que jamais temps de s’arrêter et de regarder la vérité en face.

Une petite anecdote pour illustrer ma pensée : le 28 octobre, une douzaine de Mauriciens, de communautés diverses, étaient admis à l’hôpital des yeux de Moka pour se faire opérer le lendemain. Au départ, chacun se tenait dans son coin, sans s’occuper des autres. Après un temps d’attente, ils furent admis en salle, toujours dans le même état d’esprit. Une demi-heure après, deux autres patients vinrent rejoindre le groupe.

Cette nouvelle arrivée joua comme un déclic parmi ceux qui étaient là depuis le début. Un premier s’approcha des nouveaux venus pour s’enquérir de leur état de santé, de la raison de leur présence tardive. Un autre s’avança vers celui qui paraissait le plus mal en point. Bref, en un clin d’oeil, tous se réunissaient pour engager une conversation amicale.

La barrière ethnique avait soudain disparu pour laisser place au mauricianisme. Pourquoi cela était-il possible dans cet hôpital, vous demandez-vous ? Tout simplement parce qu’il n’y avait pas de politiciens sur place…