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Et si Facebook était un parlementaire ?

17 octobre 2018, 10:30

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Facebook X WhatsApp

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Restons lucide, les réformes que l’on nous propose restent insipides, sans saveur. Il est évident qu’il y a cette volonté de changer tout en restant les mêmes. À la manière de Sisyphe et de son rocher. Sauf que les réseaux sociaux, Facebook en tête, viennent y ajouter leur grain de sel. Est-ce que Facebook est devenu un nouveau type de parlementaire ?

Les récents amendements à la Road Trafic Act ont soulevé un tollé parmi les conducteurs. Le manque de bon sens de la part de nos législateurs a été exposé. Il n’y a eu aucun commentaire, aucun mea culpa sur cette histoire de mains sur le volant, dans une position de 10 h 10, venant de nos députés. Et pourtant, les moqueries, la dérision ne font qu’empirer. Heureusement, le ridicule ne tue pas. Pour le moment...

Nos lois doivent être revues de temps à autre, c’est vrai. Mais après une mise à jour, pondre et mettre en application des textes de loi saugrenus de cette envergure est simplement inadmissible. Il y a encore une série de non-sens dans ces textes de loi. Il faudra attendre qu’un citoyen se sente lésé pour que cela remonte à la surface. Et là, ce citoyen courageux se servira des réseaux sociaux et probablement de Facebook, pour faire entendre sa voix.

Malgré les déboires de Mark Zuckerberg, sa plateforme reste étonnamment versatile. Pour certains, c’est un lieu de rencontre, pour d’autres un moyen de communication, la police mauricienne, par exemple, ayant sa page très bien documentée. Selon les arrangements, les politiciens, les personnalités publiques ont tous une page Facebook ou un compte sur les réseaux sociaux. Quelques fois, ces pages sont gérés par une boîte de communication, alors que la norme veut que la page soit animée par le concerné ou aussi par un consultant.

Facebook est devenue incontournable. C’est une plateforme simple, très économique à administrer. Que vouloir de plus ? Facebook nous offre une audience immense si on sait se positionner, alors pourquoi ne pas en prendre avantage ? Lors des élections américaines, les abus ont fait surface, ventilés par Facebook. Cela prouve que l’on ne peut rien cacher indéfiniment.

Dans un esprit de vengeance/revanche, le citoyen essaie de discréditer, via les réseaux sociaux surtout, celui qu’il perçoit comme son persécuteur. Et dans tous les cas de figure, celui qui se fait taper dessus, celui qui se fait lyncher est bien sûr le simple agent de police, le constable. En effet, les policiers ont cette tâche ingrate de faire respecter les lois qui sont promulguées par notre Auguste Assemblée. Ont-ils leur mot à dire sur la finalité d’un texte de loi ? Peuvent-ils objecter à des absurdités qui leur sont présentées ? Une réponse n’est pas nécessaire.

Chaîne de bévues

Mais pouvons-nous leur donner l’absolution, simplement parce que les policiers sont les derniers dans cette abominable chaîne de bévues ? Car si certains textes de loi sont mis à jour, beaucoup d’autres ne le sont pas. Par exemple, l’usage de sièges pour bébés, dans un véhicule, n’est pas obligatoire. Si ce n’est pas un oubli inconcevable, cela ressemble fort à un manque de discernement.

Sur Facebook justement, quelqu’un a récemment posté le nombre de fatalités routières à La Réunion. 46 pour 2017, très en dessous du nôtre. Les commentaires vont pour la plupart dans la même direction, cet angle que refusent de voir et les autorités, et les gouvernants. Nous n’arrivons pas à faire respecter nos lois, simplement parce qu’il y a un manque de formation, un recrutement aléatoire, des équipements déphasés au sein de notre police. Il ne faut qu’avoir accès à la page de notre «parlementaire Facebook» pour voir une avalanche de photos qui illustre ces dérives. Facebook peut ainsi être un important outil de mesure de l’efficacité des uns et des autres.

Donc, si Facebook était un parlementaire, on aurait une documentation profonde sur les maux de notre société, des solutions à profusion de la part des Facebookers. On pourrait mesurer le temps écoulé pour les actions correctives. Si Facebook était un parlementaire, il représenterait les 800 000 Mauriciens qui y sont inscrits. Ça donne le vertige, ce genre de chiffre.

Sur la chaine télé de l’Assemblée nationale, nous découvrons avec horreur, chez nos élus, les inepties, le manque de maîtrise, le vocabulaire très pauvre, les questions minimalistes, les réponses à des années lumières du sujet, la hargne dans les échanges. Voilà ce que nous réserve notre mardi hebdomadaire. Quel pourrait être l’apport du «député Facebook» ? Indéniablement, tout ce qui a trait au bon sens.

«L’honorable Facebook» n’aurait nul besoin de salaire, de voiture hors taxe, de bureau, au fait il serait accessible 24h/24, 7j/7. Il n’aurait pas de couleur mais il serait de toutes les couleurs, en même temps. Pas de congés, il est virtuel, donc «without fear, without favour». Si cela n’est pas un argument de vente/vote, l’année prochaine, nous nous engagerons une fois de plus pour cinq ans de disette en termes de bon sens et de priorité.

Vous l’avez bien compris, c’est une utopie mais fondée sur les réalités bien vivantes de notre société. Et comme dit l’autre, une carte du monde ne mérite pas notre regard si le pays de l’utopie n’y figure pas...