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Réforme électorale: la démocratie kidnappée

28 septembre 2018, 12:53

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La démocratie est un régime politique dont le principe est celui du gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple. La souveraineté appartient donc au peuple. Ainsi, la réforme proposée par le gouvernement Lepep, pratiquement rejetée par l’opposition parlementaire, est tout simplement ridicule dans la mesure où ce ne sont que les politiciens qui croient devoir résoudre la question en tenant la population hors du coup. Depuis l’Indépendance, les politiciens ont kidnappé la démocratie. Pourtant, ils ne finissent jamais de se présenter comme des démocrates.

Quelle hypocrisie quand on sait que le régime politique tel qu’il existe depuis l’Indépendance est tout bonnement une particratie. Ce sont les intérêts des partis qui priment à Maurice. Les électeurs n’ont en tout et pour tout qu’à aller voter pour des candidats imposés par les leaders des partis et ensuite attendre les prochaines élections pour s’exprimer par le vote.

Par exemple, depuis que l’idée de la proportionnelle court les rues, tous les partis sont d’accord pour une Party- List décidée par le leader de chaque parti, le peuple n’ayant qu’à accepter le choix des leaders sans avoir un mot à dire. Pour ce qui est de la réforme électorale, chaque parti voudrait que ce soit ses idées qui priment, ne pas y accéder serait tout simplement inacceptable pour les uns et les autres. Bref, les partis veulent le beurre et l’argent du beurre.

Les politiciens devront accepter que la démocratie commence avec le peuple et pour le peuple, souligne l’auteur.

Même si finalement une formule pour une réforme est acceptée par une majorité des élus à l’Assemblée législative, elle sera définitive, peu importe ce que pourra en penser la population. Une vraie réforme électorale démocratique devrait être approuvée par un référendum national. Ainsi, ce sera au peuple de décider si oui ou non la réforme en question est juste pour l’avenir de toute la nation. Le référendum étant inconnu des politiciens, la solution serait de l’inclure dans la Constitution pour décider des gros projets nationaux. Et ce serait là la vraie démocratie qui en sortirait gagnante.

«La Constitution ressemble à un gruyère plein de trous. Chacun peut alors utiliser ces failles à son avantage.»

Les politiciens ont-ils une vraie volonté politique pour passer à une nouvelle Constitution plus en ligne avec les réalités mauriciennes que celle qu’on a héritée des colonisateurs britanniques le 12 mars 1968 ? Catherine Boudet, journaliste et politologue réunionnais, a justement bien dit que «la Constitution ressemble à un gruyère plein de trous. Chacun peut alors utiliser ces failles à son avantage». C’est ce que font les politiciens au pouvoir depuis l’Indépendance en amendant la Constitution quand ça les arrange.

En guise de réforme électorale, les politiciens cherchent des solutions compliquées qui n’aboutiront jamais à un consensus. Certains sont contre le First Past The Post (FPTP) selon la formule existante avec une dose de proportionnelle, d’autres trouvent qu’il ne réglera pas l’injustice causée au perdant en nombre de sièges contre le pourcentage obtenu par le nombre de votes obtenus au niveau national.

D’autres encore ne veulent pas entendre parler de l’élimination du Best Loser System (BLS), véritable source d’injustice par rapport à une certaine communauté, deuxième en nombre de têtes d’habitants, mais qui n’existe pas dans la Constitution. Et tant d’autres désaccords. Si chacun voulait faire simple, il existerait bien des solutions acceptables à tout un chacun tout en éliminant ce démoniaque BLS.

La meilleure solution serait de continuer avec le FPTP avec obligation à l’électeur de voter pour trois candidats. Toutefois, seulement les deux premiers seront élus automatiquement. Si le troisième arrivé réussit une différence de plus de 500 ou 1 000 voix d’avec celui arrivé quatrième, il est élu automatiquement. Mais si le troisième réussit moins de 500 voix sur le quatrième, c’est ce dernier qui sera élu. Un tel système aura l’avantage d’éliminer le BLS et garantira que le 60-0 ne sera plus possible. Il appartiendra alors aux partis de choisir les meilleurs candidats possibles et non des candidats connus comme des pié banann dans le jargon créole.

«Chaque parti voudrait que ce soit ses idées qui priment…»

Bien sûr, cette formule bien simple n’est qu’un exemple. Les citoyens mauriciens, non politiciens, peuvent en suggérer d’autres. Les politiciens auront à accepter que la démocratie dans une république commence avec le peuple et pour le peuple.

Terminons avec une anecdote qui nous assure que le vivre-ensemble mauricien n’est pas une utopie, mais une réalité qui ne demande que la bonne volonté des politiciens pour se réaliser. Quelques semaines de cela, le jour du concours de l’Alliance Française, je me rendis au collège de Lorette de Port-Louis pour récupérer ma petite fille. Je fis le tour des rues entourant le collège pour trouver un parking, en vain. Je fis trois fois le parcours allant de la rue Desforges jusqu’au Champ-de-Mars sans en trouver un de libre. Je revins au LCPL. Je pris le chemin sur la droite longeant le collège quand soudain je vis un van qui sortait d’un espace bien délimité.Terminons avec une anecdote qui nous assure que le vivre-ensemble mauricien n’est pas une utopie, mais une réalité qui ne demande que la bonne volonté des politiciens pour se réaliser. Quelques semaines de cela, le jour du concours de l’Alliance Française, je me rendis au collège de Lorette de Port-Louis pour récupérer ma petite fille. Je fis le tour des rues entourant le collège pour trouver un parking, en vain. Je fis trois fois le parcours allant de la rue Desforges jusqu’au Champ-de-Mars sans en trouver un de libre. Je revins au LCPL. Je pris le chemin sur la droite longeant le collège quand soudain je vis un van qui sortait d’un espace bien délimité.

Je fis un ouf de soulagement et me dirigeai vers le point de salut tant cherché et remarquai que le côté droit de celui-ci était en fait un canal assez profond. N’ayant pas le choix, je me décidai d’y entrer quand même en prenant beaucoup de précaution. Ce fut chose faite. La petite fille retrouvée, il fallait bien sortir du parking. Je pris encore bien de précautions pour en sortir sans forcer le moteur et me trouvai en difficulté pour le faire. Je fis de multiples tentatives, sans réussite. Je commençai à m’énerver quand un van conduit par un Mauricien de foi musulmane accompagné de son épouse vint s’arrêter devant une tabagie se trouvant de l’autre côté de la route.

Me trouvant en difficulté, le jeune homme vint vers moi me disant timidement que comme je le faisais, je n’y réussirais jamais. Il me proposa de m’aider, si je le permettais, à sortir la voiture de son emprisonnement passager, son épouse se prenant pour une policière, arrêtant les voitures qui venaient de l’arrière. Ce fut chose faite en un rien de temps. Qui a dit que les Mauriciens avaient tant besoin du BLS pour vivre en bons citoyens, se respectant les uns les autres ?