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Devenir donneur d’organes est mon voeu le plus cher

11 juillet 2018, 13:15

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Qu’est-ce que le don d’organes ? C’est le prélèvement d’organes et de tissus d’un corps humain (appelé donneur) pour traiter des patients (appelés receveurs) dont les organes essentiels sont gravement atteints. L’idée a germé dans ma tête lorsque j’ai été confrontée à la maladie et ultérieurement à la mort d’un de mes proches. Ce n’est pas un sujet qu’on aborde généralement mais quand on a dû faire face à une situation de vie ou de mort, on commence forcément à s’y intéresser. La mère qui attend une greffe de reins pour son enfant depuis plus de trois ans sait de quoi je parle. Faute d’avoir pu être greffé, l’enfant est voué à une mort certaine.

Le recours à un donneur vivant permet de raccourcir la période de dialyse, voire de la supprimer. C’est pourquoi une campagne lancée en faveur du «don du vivant» est vivement encouragée. Le don d’organes de son vivant concerne essentiellement le rein et, dans une moindre mesure, un lobe de foie ou la moelle osseuse. Il est, en effet, possible de vivre bien avec un seul rein. Pourquoi s’attarder sur le rein ? C’est parce qu’il est l’organe le plus couramment greffé.

La greffe d’organes sauve des vies, alors pourquoi y a-t-il eu des réticences ? Pourquoi y a-t-il autant de freins – culturels, religieux, sociologiques – au don d’organes alors même que toutes les religions l’autorisent ? Tout simplement parce qu’il y a certains sujets dont on parle le moins possible : la mort en est un ! Penser à la mort, surtout à sa propre mort, n’est pas facile. Résultat, le nombre de donneurs est bien au-dessous du nombre de demandeurs d’organes, ce qui débouche sur la création d’un marché noir et le trafic d’organes. La rareté et la pénurie des greffons (organes prélevés puis greffés) ont créé le marché. Certains patients désespérés se tournent vers le marché noir. Désormais, c’est en Inde, en Chine ou aux Philippines que l’on va s’acheter un rein. Est-ce pour autant la raison de bannir la greffe d’organes ? Non, il faut surtout la réglementer.

«Le nombre de donneurs d’organes est bien au-dessous du nombre de demandeurs, ce qui débouche sur la création d’un marché noir.»

Un donneur peut donner jusqu’à huit organes, ce qui signifie qu’une personne décédée peut sauver pas une, mais plusieurs vies. Il revient à l’État d’insuffler le souhait du don d’organes à ses citoyens. Une démarche citoyenne ne suffit pas. Une vaste campagne doit être lancée pour répondre à toutes les questions difficiles des donneurs potentiels. La vulgarisation doit se faire auprès des enfants, des jeunes, des adultes, des personnes âgées, à l’école, au bureau, aux champs, au sein des entreprises, des organisations non gouvernementales, des clubs services, etc.

Certains pays ont introduit un registre de donneurs. Les médecins inscrivent les malades qui leur sont confiés en liste nationale d’attente de greffe. Quant au prélèvement, il est possible à tous les âges. Pour éviter la corruption, il suffit de bien séparer la chaîne du don d’organes. Quand la mort du donneur est médicalement constatée par une équipe médicale, une autre équipe médicale doit s’atteler au prélèvement d’organes. Parallèlement, une autre équipe médicale doit se charger de trouver le receveur d’après le registre d’attente de greffe et selon les critères établis. Il ne faut surtout pas qu’il y ait ingérence politique car alors tout le système s’écroulera !

D’autres pays comme la France ont introduit le consentement présumé. En France, la loi indique que les Français sont tous présumés donneurs, c’est-à-dire donneurs d’organes et de tissus, sauf s’ils ont exprimé de leur vivant leur refus d’être prélevés. Les trois grands principes de la loi de bioéthique sont les suivants : le consentement présumé, la gratuité du don et l’anonymat entre le donneur et le receveur.

«Un acte de solidarité et de générosité qui peut sauver la vie à des tierces personnes.»

Si quelqu’un veut s’opposer au prélèvement de ses organes et tissus après la mort, il lui faudra s’inscrire sur le registre national des refus. Du coup, le nombre de donneurs a grimpé de manière significative. La personne peut également faire valoir son refus de prélèvement par écrit et confier ce document daté et signé à un proche. La troisième modalité de refus est que la personne communique oralement son opposition à ses proches qui devront en attester auprès de l’équipe médicale. Cette nouvelle loi en France a raccourci la liste d’attente considérablement.

Don d’organes ne signifie pas nécessairement réussite des greffes. On a beau dire qu’on ferait don de ses organes à son décès mais toute une batterie de tests est nécessaire pour que la transplantation puisse se faire. Afin de déterminer si les organes peuvent être prélevés, des tests sont réalisés par les médecins.

Les équipes médicales vérifient d’abord par prélèvement sanguin si le corps du donneur est porteur de maladies transmissibles (hépatite C, sida, paludisme). Le greffon est habituellement prélevé sur des donneurs en état de mort cérébrale, appelée «mort encéphalique ». Le sang ne circule plus alors dans le cerveau et les cellules sont définitivement détruites. Dans ce cas de figure, les fonctions vitales du donneur sont maintenues artificiellement par l’équipe médicale, le temps de prélever les différents organes. De nombreux organes et tissus peuvent être greffés au(x) receveur(s) comme le coeur, les poumons, le foie, les reins, la peau, la cornée, le pancréas, des parties de l’intestin, etc. Le don d’organes permet ainsi à un individu de venir en aide à un grand nombre de personnes en attente de greffe.

Il ne faut pas oublier que le moment où les familles sont confrontées à la question de don d’organes est évidemment très sensible. À l’annonce de la mort, les proches sont dans le déni, la culpabilité voire l’angoisse, dans un moment de grande souffrance. Et quand on sait que les organes doivent être prélevés dans les heures qui suivent le constat du décès, il s’avère important que le défunt en a déjà parlé à sa famille. Malgré tout, la famille, qui vit un moment très douloureux lié à̀ la mort d’un être cher, va se mettre dans une démarche qui consiste à donner un sens à la disparition de celui-ci, puisque le don de ses organes va permettre de sauver la vie d’autres personnes et quelque part permettre au défunt de continuer à vivre au travers d’eux..

Chaque acte en faveur de la transplantation d’organes constitue donc un acte de solidarité et de générosité qui peut sauver la vie à des tierces personnes. C’est un acte citoyen dont on doit discuter même si on refuse d’être donneur. Autre question difficile : sauver quelqu’un implique la mort d’une autre personne.

Le don d’organes est l’ultime don de soi !

«Le nombre de donneurs d’organes est bien au-dessous du nombre de demandeurs, ce qui débouche sur la création d’un marché noir.»

«Un acte de solidarité et de générosité qui peut sauver la vie à des tierces personnes.»