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Plaidoyer pour la création d’un Ombudsman de la santé

9 mai 2018, 10:22

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Plaidoyer pour la création d’un Ombudsman de la santé
Le bloc opératoire d’un hôpital public. L’auteur tire la sonnette d’alarme sur les cas d’entorses au droit à la santé qui restent impunis.

L’auteur dénonce les cas de négligence médicale qui n’atterrissent pas dans les cours de justice. Ceux-là surviennent au quotidien, selon lui, dans les services publics et privés.

Une structure indépendante pour défendre le droit à la santé. Elle s’occupera des plaintes à l’encontre des services publics et privés, faites par ces usagers qui ne peuvent saisir la justice, ou même s’adresser à un bureau d’un ministère pour se plaindre. Telle est la proposition formulée dans cet article. La proposition d’un Ombudsman de la santé est fondée sur le fait que l’État verse chaque année des milliards de roupies dans ce secteur et que la totalité des dépenses dans les services de santé avoisine les 20 milliards de roupies.

Certains cas de négligence médicale parviennent jusqu’à nos cours de justice. Ils émanent des victimes ou de leurs proches, qui connaissent leurs droits et qui ont les moyens de faire entendre leurs voix. Mais le gros des frustrations finit dans l’oubli, car poursuivre une institution ou un membre de son personnel en justice n’est pas une si simple affaire. Surtout pour le petit peuple, ayant peu de ressources et ne sachant pas comment s’y prendre.

«Des petits rien qui minent l’existence, l’arrogance et l’impatience de l’infirmier de service que vous avez dérangé la nuit (…), le médecin qui ne vous regarde même pas et qui vous demande ‘ki gagné ?’»

Et puis, dans les cas les plus courants, ce sont surtout des actes dont l’effet nocif ne peut être décrit. Des actes sournois, considérés comme futiles par les prestataires de services, mais qui ne le sont pas pour ceux qui les subissent. Ces tranquilles violations des droits qui se font au quotidien mais qui restent impunies ne font pas la une des journaux, ni ne peuvent être rapportées à la police, ou encore moins atterrir dans une cour de justice. C’est cette majorité d’entorses au droit à la santé qui se perd dans la résignation et l’anonymat. Et il n’y a pas que les services publics. Le médecin dans sa consultation privée, la pharmacie du coin, le prestataire dans la clinique privée, tous peuvent faire preuve de multiples manquements. Et dans ces instants, le petit peuple est en colère mais il n’a personne vers qui se tourner pour se plaindre, sauf les membres de son entourage, qui n’en connaissent peutêtre pas plus.

Le système est ainsi fait. Des petits rien qui minent l’existence, l’arrogance et l’impatience de l’infirmier de service que vous avez dérangé la nuit, l’autre qui se trompe de prescription et de médicament, vous causant d’inconvénients effets secondaires – mais pas la mort –, le médecin qui ne vous regarde même pas et qui vous demande «ki gagné ?» et vous jette ce qu’il a griffonné sans même vous ausculter, le laborantin qui vous seringue, vous martyrise, avant de trouver votre veine ou qui se trompe d’échantillon…

Il y a, comme ceux-là, mille choses qui font le quotidien du petit peuple, mais pour lesquelles aucun remède n’est prévu. C’est pourquoi il nous faut une structure, on l’appellera comme on le veut, pourvu qu’elle puisse être un recours, un mécanisme de surveillance et de réparation, à mettre en place pour s’occuper de ces cas de négligence ou résultant des omissions des services de santé.

Après des décennies de brutalité policière, une structure plus légère que le recours au tribunal a été mise sur pied pour s’occuper des violations des droits humains. Mais des atteintes aux droits humains ne sont pas uniquement l’oeuvre des policiers. Le service de santé, dans le public comme dans le privé, peut aussi porter atteinte à l’intégrité physique et morale de la personne, blesser et tuer, par négligence ou omission, sans que cela ne soit connu des médias ou fasse l’objet de conférences de presse des politiciens.
  
Une tranquille impunité qui devrait nous interpeller, d’où cet appel. Cette proposition pour un Ombudsman de la santé, afin de mettre fin à un état des choses qui nous mine l’existence !