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Déminer les chantiers de la reprise

21 février 2018, 08:40

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Tous s’accordent à dire que la relance viendra de l’investissement. De Statistics Mauritius à la Banque de Maurice en passant par la Chambre de commerce et d’industrie, les projections de croissance reposent principalement sur l’ouverture des chantiers.

Ces chantiers de la reprise, comme nous les avons qualifiés après que le gouvernement a égrené ses projets pour cette mandature, donnent cependant du fil à retordre à ses initiateurs. La raison est simple : il y a un écart considérable entre la force sur papier des institutions chargées d’exécuter les décisions d’investissement et leurs capacités réelles dans la pratique. Ce constat affligeant du Fonds monétaire international mérite certainement que l’on s’y attarde.

Faute de pouvoir mettre en chantier efficacement les grands projets d’immobilisation, le pays se retrouve systématiquement avec des retards et des dépassements de budget. Un exemple concret : la route Terre Rouge-Verdun dont on attend toujours de voir la fin. La sous-exécution sur une base récurrente des budgets d’investissements est très préoccupante. Elle est également révélatrice de nombreuses faiblesses.

Alors que le gouvernement de Pravind Jugnauth mise énormément sur l’investissement public pour faire repartir l’activité, les derniers chiffres démontrent que seulement 22 % du programme de dépense d’investissement a été utilisé pendant la période juillet - décembre 2017. Sur un budget de Rs 12,7 milliards prévu pour l’année fiscale 2017-18, la somme dépensée en six mois s’élève à Rs 2,8 milliards. Cela sous-entend que les pouvoirs publics devront déployer des efforts titanesques durant la seconde partie de l’année financière pour atteindre les objectifs fixés. Toutefois, les antécédents de certaines agences gouvernementales nous obligent à douter.

C’est cette même lecture de la situation qui explique la posture prudente de MCB Focus. «Yet, after taking stock of our socio-economic ambitions and albeit moving closer to the country’s current potential growth, the forecasted expansion rate is set to remain sub-par, the more so when juxtaposed against the firming up of the global recovery process. When compared to our October last forecast, our projections represent a downgrade of 10 basis points in each case, prompted essentially by a combination of marginal reassessments of some sectorial forecasts and the delayed kick-start of key projects forming part of the Road Decongestion Programme relative to our October predictions», expliquent les analystes de la banque.

Ils justifient une révision à la baisse des perspectives pour le secteur de la construction par des prévisions moins optimistes sur le plan de l’investissement.

Certes, il est estimé que l’ampleur des projets dévoilés laisse présager un impact sur la croissance réelle du produit intérieur brut mais faut-il pour autant qu’ils soient initiés dans une période de temps raisonnable ou encore à un rythme accéléré en comparaison avec l’année dernière. Du coup, MCB Focus table sur une croissance de 3,9 % pour cette année.

Entre-temps, le problème reste entier. Et dans sa forme actuelle, il sera difficile de le résoudre. À moins d’avoir une structure pouvant assurer un suivi en temps réel des projets de la conception à la livraison. De grands espoirs sont fondés sur l’Economic Development Board. Toutefois, l’urgence de la situation fait que même dans les rangs du gouvernement, on ne veut plus attendre pour être fixé sur l’efficacité du nouvel organisme. En témoignent, les propos de Vishnu Lutchmeenaraidoo. Tout en regrettant le ministère du Plan, le ministre des Affaires étrangères réitère la nécessité de réinventer «la planification économique» face aux dangers du changement climatique.