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Par-delà le ressenti

4 septembre 2017, 07:56

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Les questions et les situations complexes ne méritent-elles pas un minimum d’attention au-delà de ce qui paraît, d’abord, être en phase avec ce que l’on ressent ?

Le ressenti, c’est l’émotion bien évidemment et dans les cas où les matelas sont jetés dans la rue et où les évacués ne savent pas où dormir la nuit venue, il est entendu que le premier mouvement est celui du coeur. Cependant le coeur n’est pas tout et ne saurait jamais remplacer la raison, du moins dans les situations où l‘État est engagé.

Qu’est-ce qui est pertinent dans la commotion de La Butte et de Barkly ?

Les faits d’abord, peut-être ?

Le gouvernement, contre toute attente, et dans une vague de secrets tant inacceptable qu’insultante, décide d’aller de l’avant avec le projet de métro. Il en a le droit légal, même s’il n’a pas le droit moral.

Ceux qui se retrouvent sur le tracé dudit métro sont prévenus depuis 2014 de leur évacuation éventuelle. Si j’ai bien compris, la grande majorité d’entre eux avaient des extensions de maison qui débordaient sur un terrain gouvernemental ou étaient carrément des squatters. Une majorité de ceux-là ont accepté l’ordre d’évacuation (voir ci-contre) ainsi que la compensation proposée et seuls quelques-uns sont réfractaires et veulent plus d’égards ou de compensation. Ainsi les échauffourées de vendredi, l’État n’y mettant pas la manière et préférant l’opération style militaire.

L’opportunisme des uns et des autres, surtout des politiciens, tentant de surfer sur le malheur des autres, est une tentative abjecte de tirer un profit de circonstance, d’autant que plusieurs d’entre eux connaissent bien la situation pour avoir fait évacuer des squatters eux-mêmes quand ils étaient au gouvernement !

N’importe quel comportement qui pourrait s’apparenter à un défi de l’ordre d’un juge doit être condamné sans appel ! C’est le prix qu’il faut payer pour respecter l’État de droit dans lequel nous choisissons de vivre !

D’autant qu’en fin de compte, la seule vérité qui comptera sera celle de la justice et de l’équité. Pas celle de l’émotion. Et à ce titre, faire des concessions spéciales aux réfractaires, ce serait cracher à la figure de ceux qui se sont pliés aux conditions d’évacuation proposées par le gouvernement et ouvrir un précédent (et un passé !) avec lequel aucun État ne pourra vivre.

Il faudra donc le bulldozer, ne pas broncher sur les compensations et les entourer, tous, avec un peu de la considération de coeur dont les bureaucraties sont malheureusement, généralement, très peu capables !