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Metro Express

16 août 2017, 07:50

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Metro Express

Devrait-on soutenir le projet Metro Express ou s’y opposer ? Il serait difficile de répondre à cette question en un seul mot sans tomber dans un débat passionné.

La problématique, nous en conviendrons, est de doter le pays d’un système de transport public moderne, efficient, adapté au mode de vie du XXIe siècle. Ce métro est-il techniquement le moyen de transport qu’il nous faut ? Notamment, quelle place pourrait-il prendre dans l’ensemble des solutions de transport dont le pays a besoin ? Par la suite, il faudrait savoir si ce métro peut prétendre atteindre la rentabilité à un coût raisonnable pour tous.

Qu’un moyen de transport de type métro appartienne légitimement au paysage des villes modernes va de soi dans la mesure où il répond à la logique du nombre, évitant ainsi les multiples formes d’encombrement sur les routes, et les gaspillages d’énergie dus à des embouteillages improductifs.

Pour autant, le métro, à lui seul, ne suffit pas à apporter une solution de transport. Il convient d’analyser ce projet comme un élément intégré dans un ensemble de solutions de transport complémentaires : les parkings aux alentours des stations, les réseaux de bus intra-urbains pour apporter les passagers au métro et le parc de voitures privées qui font du sur-place en centre-ville.

Nombreux sont ceux qui disent que l’étalement urbain actuel n’est pas propice à un métro. En effet, la rentabilité d’un métro émane de la concentration urbaine. Pour autant, la concentration urbaine estelle la cause ou le résultat des solutions de transport choisies ? Attendre que cette concentration arrive par miracle est un argument susceptible de conduire à encore plus d’étalement urbain et encore moins de solutions durables. Dans d’autres métropoles, l’installation d’un métro a été le catalyseur de la concentration autour des stations. Il est possible que les plans urbains futurs évoluent et qu’une fois le métro installé, les Mauriciens préféreront habiter dans des appartements à proximité de ces métros plutôt que dans des maisons individuelles très éloignées des zones urbaines. Solution plus durable sur le long terme.

Le succès du métro dépend aussi de facteurs externes, notamment du prix d’utilisation de la voiture. Tant que la voiture restera accessible, le métro sera un encombrement inutile et les Mauriciens préféreront habiter loin des centres. Il faut donc autant convaincre les usagers du bus de prendre le métro que de convaincre les automobilistes de choisir le métro. Pour cela, l’expérience des autres métropoles est, à nouveau, utile. Elle démontre que la rentabilité d’un métro dépend des péages à l’entrée des villes et des tarifs de stationnement onéreux. Solutions qui, pour l’heure, ne sont pas au programme et risquent de ne pas l’être de la part d’un gouvernement en quête de popularité.

Enfin, un autre facteur de résistance est la confiance des Mauriciens en leur gouvernement. Dans le contexte actuel, l’empressement du gouvernement à mettre en oeuvre ce projet induit la perception que les montants gigantesques envisagés sont la porte ouverte à un vaste exercice de corruption où les ministres se serviront sur le dos des futurs usagers du métro et des automobilistes. Ce n’est peut-être qu’une perception, mais elle est coriace. D’où l’acharnement des opposants.

Si on peut comprendre les réserves de certains, s’est-on posé la question : quelle est l’alternative ? Les automobilistes qui râlent sont-ils raisonnables parce qu’ils veulent protéger leurs budgets ? Ou déraisonnables parce qu’ils rêvent d’un avenir où le pétrole sera toujours bon marché et la planète fraîche comme une rose ? Et où, par la toute-puissance des acheteurs de votes, le transport public devient un don de la nature aussi gratuit que le soleil et la pluie ? Ne prend-on pas pour acquis un mode de vie qui, de toute évidence, n’est ni durable ni raisonnable ?

Pour l’heure, le projet Metro Express va de l’avant. Ce n’est que dans un second temps, qui est possiblement bien plus long que celui des échéances électorales ou des échéances climatiques, qu’on lui construira une cohérence.