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Ces héritiers du pouvoir

12 août 2017, 07:46

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C’est selon. Il règne chez certains d’entre nous un sentiment de profonde désolation face à la gestion de notre pays. Chez d’autres, c’est un sentiment de dégoût. Mais pour ceux qui profitent du régime actuel, tout va bien. C’est la presse ou l’opposition qui créent ce malaise ambiant dans le pays.

C’est dans ce climat qu’est intervenu le show de Peroomal Veeren devant la commission Lam Shang Leen : un divertissement, visant à discréditer le Premier ministre mais qui ternit la réputation de notre pays, déjà notoire pour la surconsommation d’héroïne. S’il est invraisemblable que le Premier ministre finance l’importation de drogue, en revanche, la perception que ceux qui entourent le Premier ministre soient impliqués est, elle, réelle. La décision de Pravind Jugnauth de soutenir, jusqu’au bout, l’avocat fétiche de Veeren, en l’occurrence Me Raouf Gulbul (candidat battu aux dernières élections), qui a été catapulté a la tête de la Gambling Regulatory Authority et de la Law Reform Commission, lui coûte aujourd’hui cher.

Pour moins que cela, c’est-à-dire pour quelques bal kouler, son père avait suspendu Raj Dayal… Alors que le fils, lui, tolère les Gulbul, Soodhun, Teeluckdharry, Jadoo-Jaunbocus. Et puis, il s’étonne que son nom soit balancé par des trafiquants…

Les propos de Veeren sont aussi révélateurs du financement occulte des partis politiques. En l’absence d’une loi pour garantir la transparence et la moralité en politique, n’importe quel trafiquant pourrait venir incriminer les politiciens de n’importe quel parti. Tant pis pour ces politiques s’ils ne veulent toujours pas légiférer. Et ce, malgré leurs promesses, et malgré la pression de l’opinion.

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Duel de fils. La récente sortie du fils Jugnauth contre Navin Ramgoolam, à Rivière-du-Rempart, dans le fief du père Jugnauth, confirme, s’il le fallait, que le personnel politique n’a pas évolué malgré nos 50 ans ou presque d’indépendance. Les mêmes noms reviennent, alors que le peuple mauricien a, lui, grandement évolué depuis ces dernières décennies – et que le métissage se décline à chaque coin de rue. Malgré cela, certains veulent rester prisonniers des clans du sérail mauricien (qui comprend outre les Ramgoolam-Jugnauth, les Duval, Mohamed, et au n°18 : les Boolell, Jaddoo, Maraye…). Ceux-ci devraient se pencher sur les récentes élections au Kenya. Malgré toute la distance et l’histoire qui nous séparent, il y a des similitudes incroyables entre là-bas et ici. Jugez-en.

Les Kenyans ont voté cette semaine pour leur président. Dès l’annonce des premiers résultats, l’opposition, qui a perdu, a dénoncé une élection «mardaye» (pour reprendre un terme mauricien). Ce qui fait craindre le bain de sang de la présidentielle de 2007.

Ce scrutin opposait Uhuru Kenyatta, élu président en 2013, et son adversaire historique Raila Odinga, candidat pour la quatrième (et dernière) fois. Les deux sont des fils d’anciens dirigeants.

Multimillionnaire, le fils de Jomo Kenyatta (premier dirigeant du Kenya après son indépendance en 1963) briguait un second mandat de cinq ans. Selon Jeune Afrique, Kenyatta est l’héritier de l’une des familles les plus riches du continent africain. Il est le représentant des kikuyu.

En face, il y avait Raila Odinga, fils d’Oginga Odinga, vice-président du Kenya de 1964 à 1966, quand Jomo Kenyatta dirigeait le pays. Raila Odinga est candidat à l’élection présidentielle pour la première fois en 1997, avant de retenter sa chance en 2007 et 2013.

La précédente élection avait vu une alliance entre Raila Odinga et Uhuru Kenyatta… Cela ne vous rappelle pas un peu Maurice ?