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Le Deputy Speaker a-t-il commis un «Contempt of Commission» ?

17 juillet 2017, 07:18

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Une contre-attaque mal inspirée ? Le même Sanjeev Teeluckdharry, qui tremblait, il y a quelques jours, de peur devant la commission Lam Shang Leen et ce, malgré son armada d’avocats qui le ceinturaient, a choisi tactiquement de déplacer, sur le terrain politique, l’important débat sur les connexions entre trafiquants de drogue et avocats en droit criminel.

Après la Cour suprême, il a, cette fois-ci, recours à la presse. Dans deux interviews accordées durant le week-end, le Deputy Speaker, membre du MSM, déplore «la manière de faire de la commission», ou plutôt vilipende «cette chasse aux sorcières» que l’ancien juge Lam Shang Leen et ses assesseurs seraient, selon l’avocat-politicien, en train d’orchestrer.

Tandis que la commission abat un travail de fourmi en passant à la loupe divers documents officiels, dont des entry et occurrence books des prisons et de la police, Me Teeluckdharry, qui, en passant, prépare toujours ses réponses aux questions posées par Lam Shang Leen (il a eu un mois pour bien verrouiller sa défense !), laisse échapper que la commission fait des «allégations» et que ce travail majeur relevait ni plus ni moins de l’«amateurisme» ! Pour beaucoup qui ont lu, avec stupeur, ses propos passionnés dans la presse, le Deputy Speaker a été trop loin dans ses critiques. Il appartiendrait, désormais, à l’ancien juge Lam Shang Leen de décider si Me Teeluckdharry a commis, ou non, un Contempt of Commission. Selon l’article 11 (6) de la Commissions of Enquiry Act, «any person who, at any sitting of the commission, wilfully insults the Commissioner or the Secretary of the Commission, or wilfully interrupts the proceedings of the Commission or otherwise wilfully commits a contempt of the Commission shall commit an offence and shall, on conviction, be liable to a fine not exceeding 5,000 rupees and to imprisonment for a term not exceeding 12 months».

Alors que sa tête (ainsi que celles de Mes Raouf Gulbul et Roubina Jadoo-Jaunbocus) est réclamée par plusieurs observateurs indépendants, le Deputy Speaker accentue, avec ses déclarations intempestives, la pression sur le gouvernement MSM qui a institué ladite commission sur la drogue ; une commission qui semble s’être retournée contre lui.

Me Teeluckdharry prend aussi à contre-pied les déclarations de Pravind Jugnauth, qui maintient qu’il va être sans pitié contre les trafiquants. La commission Lam Shang Leen, mise sur pied par le père Jugnauth, pourrait être du pain bénit pour le MSM. C’est l’occasion rêvée, en effet, de faire le ménage à mi-mandat, alors que le gouvernement affronte plusieurs vagues de scandales, et que sa cote de popularité est au plus bas. C’est surtout une opportunité de démontrer que l’alliance Lepep ne pratique pas le népotisme – et que si ce sont principalement des avocats MSM qui se retrouvent au coeur des travaux de la commission, c’est parce que les avocats des autres partis (principalement ceux du PTr et du PMSD) étaient surtout affairés, durant ces dernières années (disons depuis août 2011, quand le MSM a quitté le pouvoir ramgoolamien), avec les nombreux contrats ou corps parapublics du gouvernement.

Maintenant que les avocats du MSM sont de nouveau au pouvoir, ce sont ceux d’autres partis, entre autres, qui devront aller en prison pour solliciter les riches clients qui font fructifier leur commerce tranquillement derrière les barreaux (on n’a pas dit le barreau !). C’est aussi cela la transition à Maurice : des carapates juridiques qui changent de chiens mafieux…