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Non à l’éternel recommencement…

28 mai 2017, 10:11

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Qu’un secteur aussi névralgique que l’éducation soit autant politisé, démontre notre incapacité à mettre des causes nationales au-dessus de tout. Au-delà de la guerre de tranchées que suscite l’annonce du nouveau critère obligatoire des cinq credits pour accéder au Higher School Certificate, cette bataille prend elle aussi le chemin inquiétant de la politique partisane. Et se jouera, hélas, sur ce terrain-là avec une opposition faisant (à tort ou à raison) des accusations graves envers le gouvernement qui, lui, comme à son habitude, semble avoir pris une décision sans expliquer le raisonnement derrière son action qui divise.

Du coup, nous sommes encore une fois dans un jeu de rapport de force gouvernement/opposition où il n’y a pas de débat d’idées contradictoires dépassionné pouvant amener des solutions durables et progressistes. Car hélas, nous voilà encore dans un combat, avec l’opposition se jouant d’une certaine pression populaire quand ça l’arrange, et le gouvernement se coupant d’un dialogue citoyen utile. Et l’éducation qui sert une cause nationale, qui reste un pilier à caractère social, est sacrifiée sur l’autel démagogique de nos politiciens qui modulent leur langage en fonction de leur positionnement à l’Assemblée nationale.

Mais encore plus graves demeurent les risques que ces postures diamétralement opposées peuvent générer avec l’alternance politique chaque cinq ans. Ainsi, l’on peut déjà se demander si un éventuel changement à la tête du gouvernement lors des prochaines législatives provoquera également un remplacement au niveau des conditions d’admission en HSC. Question nécessaire quand l’on sait que, toujours dans le domaine de l’éducation, Ramgoolam n’a pas hésité à annoncer, dans un meeting public, qu’il abolira le Nine-Year Schooling s’il revient au pouvoir.

Non seulement cet éternel recommencement est condamnable mais il est intolérable que les politiciens disposent, comme bon leur semble, de l’avenir de nos enfants, perdus pour leur part dans les méandres des exigences politiques. La question éducative est un enjeu national et devrait à tout prix s’éloigner des considérations électoralistes. Mais comme chaque nouveau gouvernement mauricien confond sa mission de diriger un pays avec le rôle de propriétaire des lieux, toute nouvelle décision/réforme entraîne des soupçons et interrogations.  Sur  une autre polémique qui secoue également le dossier éducation (la rétention de certificats du SC) l’opposition MMM accuse même le gouvernement de pratiquer une politique revanchande. C’est dire à quel point tout devient une question politique. Et ce sur tous les 
plans. Plus loin que l’éducation, qu’il s’agisse de recrutement dans les corps parapublics, de contrats, de dossiers nationaux, tout est incroyablement politisé. Est-il normal, par exemple, qu’une institution telle que l’Assemblée nationale puisse être tenue en otage par tous les Premiers ministres ?

En 2014, nous avions fait l’expérience de la fermeture du Parlement imposée par Ramgoolam quand il avait décidé de s’octroyer des vacances prolongées uniquement parce qu’il était en mode séduction on/off avec le leader de l’opposition d’alors, Bérenger. Aujourd’hui, c’est Pravind Jugnauth qui prend la relève et décide d’une pause parlementaire de trois semaines. Cela, alors même que l’Assemblée nationale n’a repris ses travaux que le 28 mars. Trois premiers mois sans Parlement, bref un trimestre qui ressemble à des congés payés, et voilà que deux mois plus tard, le Premier ministre, puisque cela fait partie de ses prérogatives, décide soudainement d’une nouvelle pause. Prétexte : il doit se concentrer sur le Budget.

On aurait pu comprendre ce congé si le Parlement siégeait tous les jours mais suspendre trois mardis consécutifs parce que le leader du MSM a fait le choix d’occuper également le portefeuille des Finances est insensé. Et prive notre pays d’un exercice démocratique. C’est dire à quel point il est important qu’on dépolitise des institutions aux enjeux nationaux. Le Parlement et le secteur éducatif sont trop sérieux pour continuer à être des leviers politiques…