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Illusion

24 mai 2017, 12:08

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À la même période l’année dernière, on nous promettait à grand renfort médiatique un Budget de rupture. Après bientôt douze mois, nous guettons toujours les premiers signes de cette fameuse rupture.

Mis à part une tentative poussive de fusionner quelques organismes publics, les mesures du Budget 2016-17 se sont révélées dans pas mal de cas des effets d’annonce. Donc, à placer dans la même catégorie que les exercices financiers dont on nous a gratifié ces dernières années. Citons quelques exemples récents pour la mémoire.

En 2009, Rama Sithanen, alors ministre des Finances, dévoilait tout un programme au nom très évocateur pour 2010 : «Préparer la reprise». Quelques mois plus tard, il fut éjecté de l’échiquier politique par Navin Ramgoolam dans les circonstances que nous connaissons. Son successeur, Pravind Jugnauth, tout aussi ambitieux, annonça à la population son projet pour «équilibrer la croissance et consolider la justice sociale». Il n’aura pas plus de chance car il démissionnera du gouvernement après l’éclatement de l’affaire Medpoint.

Prenant le relais au Trésor public, Xavier-Luc Duval assura que son Budget 2012 était la meilleure recette pour la création d’une croissance «for the greater good». Il remit deux couches supplémentaires en promettant coup sur coup «de relever le défi d’un monde en transition» et «de créer une nouvelle vague de prospérité» avec les lois de finance de 2013 et 2014. Cela avant que Vishnu Lutchmeenaraidoo, fraîchement nommé, ne vienne créer le buzz en affichant un objectif démesuré dans la conjoncture : réaliser un second miracle économique.

En dépit des discours ronflants, cette période a été marquée par un piétinement de la croissance économique autour d’une moyenne de 3,5 %. Faut-il s’en étonner ? Surtout lorsqu’on sait que ce sont les mêmes personnes qui s’affairent en cuisine depuis des années à préparer le rebond. Forcément, il est beaucoup plus compliqué de faire du neuf avec du vieux. La preuve, chaque année on s’acharne à nous servir cette même politique qui au final se résume à du «tinkering at the edges».

Donc, il ne faut surtout pas s’attendre à une révolution de palais avec le troisième Budget du gouvernement. Tout comme il est nécessaire de cesser de se poser la question sur la marge de manœuvre du ministre des Finances à chaque échéance budgétaire. Car avec sa double casquette de Premier ministre et de ministre des Finances, Pravind Jugnauth a toutes les cartes en main pour se donner les moyens de ses ambitions. à condition qu’il ait la volonté de le faire, bien entendu.

Il suffit, par exemple, au chef du gouvernement d’observer le train de vie de l’État pour savoir où se trouve la marge de manœuvre. L’État vit au-dessus de ses moyens depuis des années, comme en témoigne la hausse constante des dépenses courantes alors que les revenus stagnent autour de 20 % du PIB. C’est sur ce front que Pravind Jugnauth devra mener bataille. Il a d’ailleurs promis de mettre fin au gaspillage des fonds publics à sa prise de fonction comme ministre des Finances. Sa crédibilité est donc engagée.