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Calme précaire

3 mai 2017, 15:20

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Calme précaire

Même si une dynamique positive s’est installée depuis le dernier trimestre de 2016, elle devra cependant rivaliser avec les risques qui s’amoncellent sur les perspectives globales. Contraintes de marcher sur des œufs, les agences de projection choisissent la seule posture possible dans ce genre de situation : la prudence.

C’est ainsi que le Fonds monétaire international a pris toutes les précautions d’usage en relevant son estimation de croissance pour 2017 de 0,1 point de pourcentage. Celle-ci passe de 3,4 % en janvier à 3,5 % en avril. Le manque de conviction de la part de l’institution internationale est toutefois à peine dissimulable. Le titre de sa dernière livraison des perspectives sur l’économie mondiale : «Un nouvel élan ?» témoigne d’ailleurs de l’état d’esprit de ses analystes dans la présente conjoncture.

Afin de mieux cerner cet environnement, il est nécessaire de se référer aux propos de Maurice Obstfeld, conseiller économique du Fonds. Il explique que «si la croissance pourrait être supérieure aux attentes à court terme, des risques considérables continuent d’assombrir les perspectives à moyen terme et pourraient en fait avoir augmenté» depuis la dernière prévision du FMI.

Pour connaître la source de ces inquiétudes, il n’y a qu’à regarder autour de nous. Nous sommes entrés de plain-pied dans une phase de dislocation géopolitique. Les résultats du premier tour de la présidentielle en France sont la dernière confirmation en date.

Ce phénomène dont on commence à prendre la mesure ne s’estompera pas aussi longtemps que certains groupes de la population se trouvant à des échelons inférieurs dans des pays avancés auront le sentiment de n’obtenir que des miettes de la globalisation. Donald Trump est d’ailleurs un pur produit de ce populisme ambiant. La preuve, il s’est vu propulser à la tête de la première puissance mondiale en promettant à ses compatriotes, entre autres, de relancer les affaires, de réduire la charge fiscale, d’assouplir les procédures régulatrices et, au final, une croissance de 4 %.

Le voir à l’œuvre durant ses 100 premiers jours à la Maison-Blanche ne présage rien de bon sinon une période d’instabilité. D’autant plus qu’il s’acharnera à mettre en pratique ses politiques annoncées, de même que ses rhétoriques de campagne électorale.

Un danger que même le FMI s’évertue à souligner. «Les politiques de repli sur soi menacent l’intégration économique mondiale et l’ordre économique mondial fondé sur la coopération, qui ont été bien utiles à l’économie mondiale, en particulier aux pays émergents et aux pays en développement». Et d’ajouter : «Un relèvement des taux d’intérêt plus rapide que prévu aux États-Unis pourrait entraîner un durcissement des conditions financières ailleurs, et une nouvelle appréciation éventuelle du dollar américain pourrait mettre à rude épreuve les pays émergents dont la monnaie est rattachée au dollar ou qui affichent des asymétries de bilan considérables».

En attendant de savoir si l’administration Trump sera sensible à l’analyse de l’institution de Bretton Woods, le monde continue de s’engager dans la voie de la dislocation. La politique économique internationale reposant sur la collaboration entre les pays, qui a pris racine après la Seconde Guerre mondiale, s’effondrera sous nos yeux si les élites ne parviennent pas à trouver les moyens d’adoucir les ajustements d’ordre structurel.