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New players, same old game?

25 septembre 2016, 11:00

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Une démission ne fait pas un renouvellement politique ! Si c’était le cas, les Ganoo, Kamano, Lesjongard, Sorefan et Barbier, qui avaient créé la surprise avec un incroyable départ collectif du MMM, auraient représenté avec leur parti «moderne», «tourné vers l’avenir», une alternative crédible face aux forces traditionnelles. Or, il n’en est rien. Non seulement ces dissidents qui avaient pour ambition de combler un vide politique ne convainquent pas, mais un de ces députés fondateurs, en l’occurrence Lesjongard, dénonçait publiquement, il y a quelque temps, le manque de cohésion, de rigueur et de vision du mouvement. 

C’est dire que si le départ de Zouberr Joomaye du MMM, tout sincère qu’il soit, obéit uniquement à une réflexion individuelle, il ne représentera qu’un épiphénomène du moment, sans conséquence, comme c’était le cas avec le départ isolé de Danielle Selvon qui a claqué la porte de la majorité et siège en indépendante. Ces actes, quand ils sont sporadiques, ne créent pas de véritable changement sur le plan politique, si ce n’est qu’ils divisent davantage une opposition déjà dispersée. Le risque aujourd’hui est du côté du MMM qui, de 12 élus en décembre 2014, voit son nombre réduire de moitié, avec une éventuelle mise en minorité de Bérenger à l’avenir.

Un scénario qui, pour l’heure, n’est pas envisageable, sachant que les députés rouges soutiennent – du moins jusqu’à présent – le leader du MMM, et compte tenu de la position de Ganoo (voir en pages 16-17) qui affirme ne pas être intéressé par le poste de leader de l’opposition. Cela dit, si on veut créditer Joomaye d’un certain courage à prendre le large et à se réapproprier une liberté de parole qui lui fait dire aujourd’hui que ses collègues et lui ont été «trop complaisants sur le bilan négatif et l’attitude autoritaire de Bérenger», l’on constate toutefois que ses tirs sont dirigés uniquement envers Ramgoolam et le leader du MMM.

En demandant (avec raison) à ces deux chefs de partir pour faire place à une nouvelle génération de politiciens, Joomaye juge en même temps nécessaire de saluer sir Anerood Jugnauth qui a annoncé un départ «very soon» au profit de son fils. Questions : est-ce que le député du nº 13 reconnaît donc Pravind Jugnauth comme faisant partie de cette nouvelle génération de politiciens à qui il fait référence ? Est-ce que Joomaye trouve normal que le fils Jugnauth devienne le nouveau Premier ministre à travers une succession père-fils qui donne à notre politique une image de droit de filiation biologique et dynastique ?

L’interrogation taraude quand l’on constate que, malgré ses dires à ne pas rejoindre le gouvernement, l’ancien député mauve concentre ses attaques sur les leaders rouge et mauve, et épargne étonnamment les leaders de l’Alliance Lepep. Mais s’il y a un point sur lequel le député du  nº 13 fait l’unanimité, c’est bien la nécessité d’un renouvellement politique. Entre un Bérenger qui, à force de n’écouter personne, se retrouve aujourd’hui avec seulement six députés à l’Assemblée nationale, et un Ramgoolam qui surfe grossièrement sur une opinion déçue de la population pour tenter un retour, ces chefs, malgré leurs dires, ne sont pas partisans d’un renouvellement politique.

N’est-ce pas indécent aujourd’hui d’entendre Ramgoolam qui, profitant du climat défavorable envers le gouvernement, brandit déjà quelques promesses électorales d’un éventuel retour ? Sans pudeur, le leader des Rouges lance la nécessité de limiter le mandat d’un Premier ministre sur une période de 10 ans. Sérieusement ?  Donc, après 15 ans au pouvoir, il lui faut encore deux mandats avant de sortir de la scène politique. Éloquent ! Du côté du MMM, ce n’est pas mieux avec un Bérenger qui s’accroche désespérément à son leadership en faisant croire que ce n’est pas son vœu, mais celui des autres. Mais au fond, le renouvellement, et c’est valable pour tous les partis, ne concerne pas uniquement un rajeunissement des politiciens. Car s’il s’agit de recruter du sang neuf qui viendra play the same old game, en quoi est-ce que les new players représenteront une nouvelle manière de faire la politique ? Que l’on sache, Roshi Bhadain, à son arrivée au MSM,  faisait partie de cette nouvelle génération de politiciens dont Joomaye veut aujourd’hui se faire le porte-drapeau. Il a fallu très peu de temps pour que les Mauriciens découvrent que Bhadain n’a rien à envier aux anciens dans sa manière de pratiquer la politique. Alors, renouvellement oui, mais entendons-nous sur la signification d’abord…