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Rupture

27 juillet 2016, 09:04

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À 48 heures du grand oral de Pravind Jugnauth, le pays retient son souffle. Pas question de sombrer dans le populisme tout en étant populaire, le Grand argentier veut rompre avec le premier Budget de l’alliance Lepep. Cela, en redonnant notamment l’espoir à la communauté des affaires et en créant des conditions pour des lendemains meilleurs.

Ces dernières semaines, le débat économique est revenu sur la place publique avec des économistes et des spécialistes analysant les enjeux du prochain Budget. La série d’articles de Rama Sithanen a apporté un éclairage sur des sujets qui seront au centre des priorités des décideurs économiques. D’autres ont fait du corporatisme.

Au-delà d’un simple exercice comptable, le Budget reste un puissant levier économique et politique. Ce qui permet au gouvernement actuel de transformer sa vision économique par le biais de mesures économiques et sociales fortes pour changer la vie de la population. Tous-ou presque tous- les ministres des Finances ont introduit des réformes pour consolider l’économie et doper la croissance. Même si cette dernière n’a pas été totalement inclusive, ses fruits n’étant pas bien répartis parmi la population…

Certes, certaines réformes se sont avérées discutables. À l’instar de celle sur la fiscalité, engagée par Rama Sithanen en 2006, qui a permis qu’un cadre du privé ou public, recevant un salaire de Rs 200 000 par mois, soit taxé au même taux, soit à 15 %, que le petit fonctionnaire qui touche environ Rs 40 000. Plus de dix ans après, on n’arrive toujours pas à comprendre la justice fiscale de cette mesure malgré l’argument de «fiscal buoyancy».

On ne s’attend pas à ce que Pravind Jugnauth corrige cette anomalie dans cet exercice. Lui qui a récemment parlé de discipline fiscale et de prudence financière. L’outil fiscal peut être contre-productif s’il n’est pas bien géré !

En revanche, il devra subtilement mais habilement montrer que son Budget se distingue du précédent. Car même si entre lui et Vishnu Lutchmeenaraidoo il y a une complicité politique, il sait mieux que quiconque que le premier Budget de l’alliance Lepep n’a pas été une réussite sur toute la ligne. Aussi bien sur les mesures annoncées (smart cities et technopoles) que sur les projections économiques dont la croissance, où l’ex-ministre des Finances se serait leurré.

Pravind Jugnauth cherchera, donc, à être lui-même pour proposer un Budget qui corresponde aux attentes d’un pays qui cherche un nouveau souffle pour franchir un autre palier de son développement.

Le ministre a eu l’occasion ces dernières semaines de consulter tous les partenaires économiques et sociaux. Il veut que ce Budget soit le reflet d’une approche participative qu’il a voulu prôner dans le sillage de cet exercice à travers les propositions du Policy Forum qu’anime son conseiller spécial, Gérard Sanspeur.

Sa marge de manœuvre est limitée, mais gérable avec une promesse de don indienne de Rs 26,6 milliards. Le défi reste toutefois la recherche d’une croissance robuste et durable permettant au pays de faire ce saut qualitatif pour sortir du cercle des pays à revenus intermédiaires et entrer de plain-pied dans une économie à hauts revenus.

Il ne faut pas être un théoricien de l’économie pour savoir que sans des investissements qui se conjuguent en milliards, il sera économiquement difficile d’envisager une croissance de 5 %, elle-même condition sine qua non pour créer des emplois.

Pour le moment, on ne connaît pas les secteurs qui seront porteurs de croissance. Le vaste chantier tant souhaité par l’ex-Grand argentier avec le démarrage des méga projets n’aura été qu’un mirage. Pravind Jugnauth pensera à deux fois avant de lier le futur du pays à l’immobilier.

Il faudra une restructuration des secteurs économiques traditionnels, alors que certaines institutions, comme la Chambre de commerce et d’industrie, privilégient la consommation comme levier pour relancer la croissance, en favorisant la demande pour de nouvelles offres. Cela d’autant plus que la croissance liée à la consommation est passée d’une moyenne de 7 % avant la crise pour atteindre une moyenne de 2 à 3 % aujourd’hui.

La Chine, l’Inde et certains pays européens ont déjà favorisé la consommation comme secteur de croissance. Pourquoi pas Maurice ? Pravind Jugnauth y songe sérieusement. En attendant de nouvelles mesures de détaxe…