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La semaine vue par Gilbert Ahnee

28 décembre 2015, 18:03

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Lundi 21 Decembre 2015

AF 463. Il n’incombe pas seulement à Air France de communiquer. Est-ce bien Airports of Mauritius Ltd qui répond des opérations à Plaisance ?

La télé de papa

Bien placée. L’alliance Lepep est particulièrement bien placée pour savoir qu’une seule vidéo en ligne qui fait mouche – Viré Mam – suffit pour anéantir le coûteux dispositif de propagande électorale de Callikan à la MBC. Aujourd’hui, Jean Claude de l’Estrac fait savoir qu’il n’attendra pas indéfiniment une réponse quant au projet de sauvetage du service public d’audiovisuel. Tous ces décideurs d’aujourd’hui, portés voici un an par l’efficacité d’un montage astucieux et d’un slogan percutant, comprennent-ils que la télévision conventionnelle n’est pas loin de mourir ? La génération Facebook ne consulte plus les programmes de télé mais télécharge des extraits d’émissions de nombreux pays dans une même journée.

Le mode de consommation d’images en 2015 n’est absolument plus le même que ce qu’il était en 1965, voire en 1995. Des chaînes comme Bloomberg ou CNBC ont prouvé depuis longtemps que le téléspectateur peut simultanément suivre le déroulement d’une initiative diplomatique tout en notant les tendances des Bourses ou les cours des matières premières. Et cela fait écho au multitasking dont se disent capables des jeunes professionnels, prenant des notes utiles à une conférence tout en envoyant des SMS ou échangeant des LOL sur Facebook. Quant à CNN et Al Jazeera, elles exploitent avec une rare habileté leurs ressources en magazine, utilisées comme teaser, cela accrochant les téléspectateurs même lorsque ces derniers pensent savoir l’essentiel des hard news du moment.

Il va falloir réinventer la MBC. Faute de quoi ses recettes publicitaires sombreront. Et on verra quel lobby peut battre monnaie.

Mardi 22

Les Law Lords notent qu’un ancien président ne doit plus assumer de fonction rémunérée. Et s’il devait être à nouveau Premier ministre ?

Raisons banales…

Nous voulons Bhai Oumesh ! À Port-Louis, Rose-Hill, Curepipe, Mahébourg, là où ça pourrait chauffer un peu ,nous voulons pour maire ou président cet excellent Oumesh Rajkumarsingh. Voulant des agglomérations vives et animées la nuit, c’est un administrateur en faveur d’un commerce dynamique. Jugez-en un peu…

Président du conseil de Flacq, M. Rajkumarsingh se faisait une fête du projet de Late Night Shopping à Centre de-Flacq. Mais voilà que les commerçants, ceux qui ont investi pour construire des  magasins, ceux qui payent des impôts aux collectivités locales, ceux qui assurent des emplois formels dans la région, voilà que les commerçants n’apprécient pas que des marchands ambulants viennent, comme des lucioles attirées par la lumière, virevolter autour de leurs ampoules et de leurs néons pour lesquels, de surcroît, ils paient le CEB. Et nos commerçants mécontents prennent la décision de fermer leurs magasins à la nuit tombée.

Réaction du président Oumesh : «Cet événement a été annulé pour des raisons banales. Les propriétaires des magasins ont exprimé leur mécontentement à l’idée que les marchands ambulants opérant au marché de Flacq viennent travailler pendant trois nuits dans le centre-ville tout près de leurs magasins. En tant que président, je n’allais pas accepter leurs diktats qui relèvent de la discrimination. J’ai donc décidé de tout annuler ». Sa zom ! Mais c’est aussi le monde à l’envers. Le premier magistrat qui prend fait et cause avec ceux qui bafouent le droit public. Avec une étrange conception de la banalité et de la discrimination.

Mercredi 23

Le magistrat a statué : il n’est pas obscène de vendre, d’acheter ou d’utiliser un sex toy. Combien d’argent gaspillé pour instruire cela ?

Flex your muscles

Discret changement de genre. Vous l’avez vu virer au masculin ? Ce fut discret, presque sans bruit, sans grand effet sonore. Du temps de l’ambition, le mot était féminin, technopole. Cela évoque, selon Le Larousse, un «grand centre urbain disposant d’un fort potentiel d’enseignement et de recherche, favorable au développement d’industries de pointe». Puis, après lui avoir vissé un bérêt sur le deuxième «o», après l’avoir habillé au masculin, on a commencé à se contenter d’un technopôle, soit, toujours selon Le Larousse, un «site spécialement aménagé pour accueillir les entreprises de haute technologie ou en favoriser la création».

Au fond, les termes comprenant le radical pole viennent du mot grec polis, qui veut dire cité, alors que ceux en pôle, viennent de polos, un pivot. Nous ne rechignerons certainement pas de pouvoir disposer – comme à Rivière-du- Rempart, sur 2 000 m2 – de pivots pour l’axe technologique de notre développement. Il s’agit seulement de noter comment, avec un changement de genre et juste un accent circonflexe, on passe – ni vu, ni connu j’tembrouille – d’un projet d’urbanisme intelligent, fondé sur le savoir, à des pépinières technologiques. Soit des concentrations localisées de connectivité et de puissance de calcul peut-être un peu déphasées à l’époque du cloud.

Nous ne pouvons plus nous permettre d’avoir des pôles technologiques, cela est d’un autre âge. Nous avons davantage besoin du très haut débit partout. Et peut-être réexplorer le concept de technopole. Au féminin. Et résolument multipolaire.

Jeudi 24

À Noël, les gens sont tentés de donner généreusement.  Pour les collectes publiques, pourquoi est-ce toujours l’APSA qui occupe ce créneau ?

Question d’éducation

The way he was groomed… La modestie, la réserve, la retenue font généralement partie du package. Éducatif, il va sans dire. Si l’on tente de jouer dans la catégorie supérieure, en Premier League, on sait parfaitement qu’un certain niveau de langage, une certaine élégance de vocabulaire sont également requis. Les véritables hommes et femmes de talent s’expriment sans éclat, ils préfèrent la nuance à l’emphase. Lorsqu’ils souhaitent être bien compris, leurs propos ne laissant point de place à l’ambiguïté, ils savent que le mot juste est plus utile que cette sorte de gloussement suraigu grâce auquel les plus malhabiles en rhétorique pensent encore être en mesure de convaincre.

Mais laissons donc la forme. Elle nous est si souvent infligée que chacun est en mesure de la reconnaître d’emblée, de l’imputer sans hésiter au clown qui en a fait son branding. Voyons un peu le fond également. L’homme nous dit que, pour ce qui est du prix de la viande porcine sur pattes, il consultera Xavier Duval – pas les ministres de l’Agriculture ou du Commerce. Cet homme est en train de transformer la nature de notre État républicain, imposant progressivement une légitimation de la prise de responsabilités au titre de la proximité communautaire et des croyances assumées. De même, la diplomatie semble désormais guidée par les connivences religieuses.

Cet homme pense que ses contacts et ses amitiés peuvent tenir lieu de lettres de créance et de stratégie géopolitique. C’est même grâce à lui que Narendra Modi et le royaume wahhabite…

Vendredi 25

Pourquoi n’y a-t-il jamais un jugement, un seul, un tout petit en faveur de Somaia ? C’est toujours lui qui rembourse. Qu’en pense Rawat ?

Réveil tardif

Solidaires mais lucides. Il est de tradition dans la presse que les journaux soient solidaires les uns des autres, que les titres en bonne santé ne s’acharnent pas sur ceux en péril. Reste que certaines leçons méritent d’être retenues, même si quelques années sont parfois  requises avant d’en prendre toute la mesure.

La grève de la faim de notre confrère Hervé Runga a porté sur la place publique la situation salariale – et la crise de trésorerie –  du quotidien Le Matinal. Un lecteur prenant connaissance des déboires de ces salariés pourrait penser que cela n’est que le reflet du positionnement assez précaire du titre sur le marché de la presse. Aussi des conséquences, un an après la Bérézina du 14 décembre 2014, d’une ligne éditoriale aveuglément ramgoolamiste. Mais pour bien mesurer ce qui s’est passé en un peu plus d’une décennie, sans doute faut-il rappeler l’assurance et les riches moyens avec lesquels le groupe indien AAPCA a cru pouvoir reproduire à Maurice  ce qu’il avait réussi au Népal. Soit compter sur des ressources professionnelles pointues en Inde pour déstabiliser une industrie nationale moins capitalisée.

Mais ça n’a pas marché. Même en sollicitant les grandes compagnies indiennes implantées chez nous, même en fixant à Rs 5 le prix du journal, même  en laissant dire que le projet participait de la mission historique de diversifier l’actionnariat de la presse à Maurice. Autant de bonnes leçons pour tous ceux  qui trouveraient que le fromage mérite d’être mieux partagé. Sans pour autant savoir en produire.

Samedi 26

Dans quelle mesure «Joyeux Noël» est-il expurgé de sa connotation religieuse ? Au point que notre laïque en chef puisse le dire à la télé…

In our IT hub…

Liv kote ? l’express de ce samedi nous l’apprend : à  deux semaines de la rentrée, de nombreux manuels pour le secondaire ne sont pas disponibles en librairie. Voici quelques années, le pouvoir d’alors faisait grand cas des tablettes offertes aux élèves du secondaire. Est-il possible de repenser la disponibilité du matériel information en milieu scolaire, et surtout son utilité ?

Dans un atelier de Bras-Panon, à La Réunion, la société Oscadi  fabrique du hardware agréé Apple, destiné à transformer un iPad mini en échographe. En octobre 2014, cette start-up de l’océan Indien était parmi les finalistes du concours international Techcrunch Disrupt Europe. Cela nous motive-t-il  pour un usage plus créatif et innovant des technologies de l’information ?

Les tablettes les plus demandées dans le commerce sont destinées à être dépassées au bout de trois ans par de nouveaux modèles, certaines  pourraient même être programmées pour ne plus fonctionner après un certain temps. Pour nos scolaires, un investissement raisonnable doit pouvoir garantir, disons, huit ans d’utilisation fiable. Peut-on envisager la fabrication locale d’un dispositif simple, capable d’avoir accès à des données, aux contenus des manuels, aux textes préconisés ? Cela pourrait-il également gérer le dossier de l’élève, sa correspondance éventuelle avec ses profs et avec l’administration, voire une signature  électronique des parents ?

Associons libraires et éditeurs, s’il le faut. Interrogeons profs et élèves, recueillons leurs idées, notons leurs attentes. Peut-on se donner comme objectif, disons, une rentrée 2017 sans heurts, sans pénurie de manuels ? Comment ils font chez Kindle ?