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Positionnement

25 novembre 2015, 09:25

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À peine Air Mauritius a-t-elle commencé à reprendre de l’altitude avec des bénéfices de l’ordre de 5,7 millions d’euros au deuxième trimestre de l’année financière 2015-16 que certains analystes se sont mis à s’interroger de nouveau sur son avenir. En cause : l’intention de l’une de ses rivales, Emirates Airline, d’offrir des tarifs spéciaux à la clientèle locale avec la bénédiction, si ce n’est à la demande des autorités.

 

En mission officielle à Dubaï, le Premier ministre, sir Anerood Jugnauth, a eu des discussions avec le président d’Emirates Airline, Sheikh Ahmed Al Maktoum. Une rencontre qualifiée de «très positive» du point de vue gouvernemental eu égard aux retombées. Qu’en est-il au juste ?

 

Le chef du gouvernement annonce, en effet, avoir obtenu de la plus importante ligne aérienne des Émirats arabes unis un triplement de la garantie minimale offerte à Air Mauritius annuellement sur la vente des billets. De quoi rassurer le Paille-en-Queue Court !

 

Emirates Airline a également accepté de recruter un plus grand nombre de Mauriciens, que ce soit comme pilotes, ingénieurs ou encore pour travailler dans l’enceinte aéroportuaire à Dubaï. Une aubaine pour bon nombre de nos compatriotes en quête d’un emploi en ces temps difficiles.

 

Mais les sourcils se froncent lorsque la direction d’Emirates se propose d’offrir des tarifs spéciaux aux étudiants, aux personnes malades, aux officiers du gouvernement et aux petits entrepreneurs en mission de promotion à l’étranger. Une démarche qui à première vue peut paraître désintéressée, mais ce faisant, Emirates réaffirme, voire renforce, son positionnement sur le marché local. Pourquoi pas après tout ; celui-ci n’est-il pas 23e dans son réseau mondial ? Du coup, elle augmente la pression, déjà intense avec l’arrivée de nouvelles lignes aériennes, sur la compagnie d’aviation nationale.

 

Certes, Air Mauritius a très souvent été mise à l’index, notamment par les opérateurs de l’industrie touristique, mais il ne faut pas pour autant minimiser sa contribution au développement du pays. D’ailleurs, lorsque l’urgence de la diversification s’est fait sentir, c’est bien évidemment vers MK que les pouvoirs publics se sont tournés pour pénétrer le marché chinois. Car qui d’autre aurait accepté de voler vers des territoires, à l’époque, presque inconnus et, qui plus est, sans aucune logique commerciale ?

 

Le transporteur national demeure jusqu’à preuve du contraire un gage de connexion aérienne pérenne entre notre île et le reste du monde non seulement pour le transport de passagers, mais également pour le fret.

 

Dans ce sens, il est très important de renforcer les structures de MK à travers l’application de vraies règles de bonne gouvernance, afin de lui donner les moyens des ambitions du pays. Par la même occasion, les autorités gagneraient à dégager, une fois pour toutes, une stratégie claire en matière de politique d’accès aérien. Car jusqu’ici, les décisions ont été prises par à-coups. Alors qu’il est question de mettre en application la Vision 2030 dont l’un des objectifs est de positionner l’aéroport international sir Seewoosagur Ramgoolam comme un centre névralgique dans la région, une réflexion nationale s’impose car le paysage aérien est en pleine mutation.

 

D’où la nécessité de tenir compte de ce qui se passe à l’échelle internationale. Il est devenu de plus en plus difficile, notamment pour les sociétés américaines et européennes engagées dans l’aviation, de faire face à certaines pratiques commerciales ou encore de concurrencer les lignes aériennes bénéficiant de subventions de leurs gouvernements respectifs. Maurice n’est pas épargné. La fragilité du bilan financier d’Air Mauritius en témoigne dans une certaine mesure.