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«Si les images peuvent ainsi voyager, pourquoi pas les hommes ?»

6 septembre 2015, 13:19

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«Si les images peuvent ainsi voyager, pourquoi pas les hommes ?»

Pour avoir voulu les sauver, il les a perdus. Ses deux enfants et sa femme. Tout ce qu’il avait de plus précieux au monde. à tel point qu’Abdullah Kurdi ne veut plus continuer la route sans eux, et revient les enterrer à Kobané.

 

Comment vivre comme si de rien n’était, quand la photo d’un enfant gisant sur une plage vous hante ? Quand le témoignage d’une femme rescapée de Daech tourne en boucle dans votre tête ? Quand des vidéos de familles qui se font asperger de gaz lacrymogène sur la frontière hongroise sont imprimées sur vos rétines ? Nous vivons à des milliers de kilomètres de tout ça, mais nous n’en sommes pas moins témoins, derrière nos écrans.

 

 

La preuve que le monde est le bien de tous, que les hommes ne sont qu’un peuple. L’image d’Aylan, le petit Syrien, a été vue, postée, twittée ou facebookée par des gens du monde entier. La pétition d’Avaaz demandant à l’Europe de revoir sa politique migratoire à la suite de ce énième drame a été signée par des Norvégiens, des Israéliens, des Français, des Brésiliens, des Américains, des Pakistanais, des Britanniques… par tous les pays, en fait. Il y a donc une humanité commune, un ressenti qui transcende les États.

 

Si les images peuvent ainsi voyager, pourquoi pas les hommes ? Pourquoi ces frontières ? Le réchauffement climatique ne s’arrête pas aux barbelés, ni la barbarie. Pourquoi les hommes devraient-ils, eux, être bloqués ?

 

Les pays d’Europe oublient qu’ils sont eux-mêmes formés de migrants. Qui sont venus, au fil des décennies, les peupler. L’influx de migrants cette année ne constitue que 0,068 % de la population européenne… Des files de réfugiés, marchant le long de voies ferrées, stoppées par centaines en gare, sont les images de déplacés de guerre. Ce sont aussi les prémisses d’un conflit qui s’étend et se rapproche.

 

Aylan est mort, mais 2 millions d’enfants syriens vivent en tant que réfugiés, dans des conditions très dures. à ne voir (et ne condamner) que les conséquences (et les passeurs, la bonne blague !) et non la cause, l’Europe ne se rend pas compte qu’elle a un rôle historique à jouer. Elle a la possibilité d’accueillir des personnes qui ne veulent ni de la dictature d’Assad ou autre, ni d’État islamique, ni d’extrêmes, ni de coercition, ni de conflits, ni de haine… la possibilité de sauver des humains, tout simplement.