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Contagion?

26 août 2015, 12:54

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À peine les clameurs tues après le discours du Premier ministre définissant les contours de la nouvelle architecture économique que les analystes commencent à se pencher sur les risques d’une rechute de l’économie mondiale.

 

En cause : la Chine, qui sous la menace d’un ralentissement économique, n’a pas hésité à avoir recours à la première dévaluation majeure depuis 1994. Cela malgré le fait que le Premier ministre chinois, Li Keqiang, ait affirmé dans une interview au Financial Times, en mars dernier, ne pas contempler une telle option pour soutenir les exportations de son pays. Il ne voulait pas non plus, avait-il assuré, provoquer une situation où les pays s’entredéchirent autour de la dépréciation de leurs devises.

 

Pourtant, c’est ce qui semble se profiler à l’horizon : une nouvelle guerre des monnaies. Le Gouverneur de la Reserve Bank of India, Raghuram Rajan, connu pour son franc-parler, n’a pas caché ses appréhensions face à la démarche des autorités chinoises. Une initiative qui, dit-il, suscite des interrogations sur la force réelle de cette économie.

 

Le Fonds monétaire international estime, en effet, que la croissance de l’Empire du Milieu passera sous la barre de 7 % cette année. Elle chutera plus précisément à 6,8 % après avoir progressé de 7,4 % en 2014. Selon l’institution de Bretton Woods, les progrès insuffisants pour contenir les vulnérabilités et faire avancer les réformes ne manqueront pas d’impacter les perspectives.

 

Si Raghuram Rajan est d’avis qu’il faudra commencer sérieusement à s’inquiéter dans l’éventualité où la dévaluation du yuan marque le début d’un plus long processus pour gagner en avantage comparatif – ce qui entraînera des réactions de la part des concurrents – en revanche, les Américains sont plus méfiants. Mais comme le banquier central indien, les autorités américaines attendent aussi de voir le prochain move des Chinois.

 

Les marchés financiers, par contre, n’ont pas tardé à réagir. À travers la planète, les Bourses ont décroché à l’ouverture des marchés en début de semaine. De Paris à Londres, en passant par Francfort et Sydney, les places financières faisaient grise mine. Même la Bourse de Port-Louis n’a pas échappé à cette frilosité ambiante. 

 

L’indice principal, le Semdex, a cédé 0,1 % pour descendre à 1 957 points avec les investisseurs étrangers se séparant des actions d’une valeur de Rs 4,6 millions contre des achats de seulement Rs 1,1 million lors de la séance de lundi. Les marchés ne devront pas connaître de répit avec la publication, cette semaine, d’une série de statistiques en Europe et aux États-Unis.  

 

Alors qu’il se penche actuellement sur son avenir, Maurice se trouve également exposé aux dangers liés à la fébrilité de l’économie chinoise. D’autant plus qu’un des moteurs de croissance, le tourisme, qui contribuera à 7,4 % au produit intérieur brut cette année, y a cherché refuge dans le sillage de la crise de la zone euro. Une diversification qui porte ses fruits car la Chine se place désormais à la quatrième place des marchés émetteurs pour l’industrie touristique.

 

Durant le premier semestre, Maurice a attiré quelque 42 000 visiteurs de la deuxième économie mondiale, soit une hausse de 31 % par rapport à la période correspondante en 2014, tandis que les arrivées en provenance de la France, le marché principal, n’ont crû que de 3,8 %.

 

Or, le ralentissement économique et la dévaluation de la monnaie chinoise pourraient freiner l’ascension bien entamée du marché chinois si Pékin n’arrive pas à renverser la vapeur. En attendant d’être fixé sur la question, l’environnement global va demeurer extrêmement volatil.