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La maladie du secret

21 juillet 2015, 06:40

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Ils sont incurables ces dirigeants politiques. Ils souffrent d’une maladie qui les pousse à se barricader derrière un mur de silence au nom du respect de la vie privée.

 

L’ancien Premier ministre prenait souvent l’avion laissant la population deviner les raisons de son absence du pays. L’alternance politique n’a pas changé cet état de fait. Depuis samedi, on sait qu’Anerood Jugnauth est à Londres pour trois semaines mais ses services de communication ont simplement invoqué un vague motif d’ordre privé pour ne pas donner des détails de son déplacement.

 

Cette culture du secret est incompatible avec la notion de démocratie. Dans un système qui prône la transparence, les personnages publics ont le devoir d’informer même si cela limite leur droit à la vie privée.

 

L’absence d’information peut d’ailleurs donner lieu à des rumeurs qui sont potentiellement déstabilisantes pour le pays. Un Premier ministre qui part pour trois semaines en laissant derrière lui un communiqué laconique qui ne signifie rien prend le risque de générer pas mal de bruit.

 

Bien évidemment, l’intimité d’un dirigeant en soi n’est pas une question d’intérêt public. Mais la présence d’un Premier ministre dans une capitale étrangère, occasionnant une vacance temporaire du pouvoir, est une information d’intérêt général.

 

Même si cette absence est liée à des raisons médicales, le devoir de transparence s’applique. Le PM doit l’évoquer en public. Ce qui est valable pour un citoyen ordinaire ne l’est pas pour un personnage public. Celui-ci a l’obligation d’être plus ouvert. Il y a deux ans, Paul Bérenger avait donné un bel exemple de responsabilité et de transparence quand il avait communiqué au public, dans les heures qui ont suivi un bouleversant diagnostic médical, son état de santé. En revanche, en 2005, deux consoeurs, Karishma Beeharee et Humaira Ali, étaient interpellées par des policiers dans leur salle de rédaction simplement parce qu’elles avaient osé annoncer que le Premier ministre d’alors était souffrant.

 

Personne ne sait encore si Anerood Jugnauth a quitté le pays pour des vacances en famille ou pour recevoir des soins médicaux. Mais quel que soit le motif du déplacement du chef du gouvernement, il faut le dévoiler pour éviter de créer une situation malsaine.