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Débat contradictoire

29 juin 2015, 06:21

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Débat contradictoire

Aucune réforme d’ampleur ne peut être mise en oeuvre sans concertation. Ainsi, le projet de Leela Devi-Dookun, visant à instaurer neuf ans de scolarité obligatoire, doit faire l’objet d’un large consensus avant qu’il ne soit présenté au Parlement. Or, nous avons l’impression qu’il est élaboré dans le secret des bureaux du ministère de l’Éducation en ce moment.

 

Le leader de l’opposition a préconisé, avec raison, l’organisation d’une table ronde sur le thème du nine-year schooling. Mais comme Paul Bérenger ne supporte pas les voix critiques, il exige que seuls les anciens ministres de l’Éducation qui souhaitent éliminer le CPE soient invités à participer aux débats. Pourtant, tout démocrate sait qu’un débat n’a pas lieu d’être s’il n’est pas contradictoire.

 

Pour le leader du MMM, des échanges entre la ministre Leela Devi-Dookun et ses prédécesseurs doivent exclure le travailliste Dharam Gokhool. Il est vrai que les idées défendues par celui-ci, alors qu’il dirigeait le ministère de l’Éducation, sont souvent considérées comme rétrogrades et portant préjudice à l’enfant mauricien, mais elles traduisent tout de même le combat de ceux qui prônent l’élitisme. Il est malsain d’ignorer ce courant de pensée. Au contraire, c’est par la force des arguments qu’il faut convaincre les tenants de la théorie élitiste qu’ils font fausse route.

 

Une réforme aussi audacieuse que celle que le gouvernement se propose de lancer ne va certainement pas rallier de manière spontanée toutes les sensibilités du pays. On peut même s’attendre à une levée de boucliers contre la réforme. Certains le contesteront par conviction, d’autres par intérêt. Derrière les postures pédagogiques se cacheront parfois des motivations égoïstes. Autant dire que la bataille n’est pas gagnée d’avance.

 

L’histoire retiendra que deux anciens ministres de l’Éducation qui ont courageusement lutté pour un système éducatif progressiste ont payé un lourd prix politique pour leurs efforts. Il s’agit de Kadress Pillay, qui a conçu en 1998 le premier projet mauricien de nine-year schooling et de Steeve Obeegadoo, qui a été très efficace en 2001 en arrachant des concessions aux forces conservatrices.

 

De même, la ministre Dookun doit avancer avec prudence si elle entend réaliser son projet. S’il n’est pas porté par l’ensemble des partis politiques et des syndicats, il connaîtra une mort prématurée.