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Opposition peau de chagrin

22 juin 2015, 06:20

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Au-delà de l’incontestable victoire de l’Alliance Lepep, au-delà des déclarations surréalistes, sinon ridicules, du leader du MMM qui nous ressort son refrain préféré : «Le MMM n’a jamais été aussi solide / Ce parti sera incontournable aux prochaines élections / Nous continuons à payer l’erreur d’avoir fait alliance avec le PTr…» Des phrases vides de sens, loin de la réalité, mais traduisant le mood du chef depuis décembre dernier : c’est toujours la faute à Ramgoolam et même quand le MMM perd, il gagne et demeure champion.

 

Au-delà de cette tragédie qui frappe la citadelle mauve, entraînant sa cinquième défaite historique, c’est l’état dans lequel se trouve l’opposition et son absence dans les collectivités locales qui devraient nous inquiéter. Ainsi, dans toutes les mairies, il n’y aura pas une voix d’un autre bord politique que celle des partis au gouvernement, pas un seul conseiller municipal qui pourrait contester quelques éventuelles décisions discutables. Certes, on pourra toujours parier sur la possibilité de divergences entre les trois factions qui dirigeront les cinq villes. Et la déclaration d’Anil Gayan dans l’express d’hier, sur le fait que le PMSD pourrait ne pas avoir de maire, ne sert certainement pas à calmer la frustration des Bleus qui réclament la direction de deux municipalités. Mais nous savons tous que by the end of the day, ce sont les leaders, surtout celui du MSM, qui auront le dernier mot et les conseillers n’auront qu’à courber l’échine, alors que ceux qui se voyaient déjà dans le fauteuil de maire ravaleront sans broncher leurs ambitions. Après tout, six mois après les législatives, les partenaires de l’Alliance Lepep ne se mettront pas en danger en entamant les hostilités…

 

Pendant ce temps, le MMM qui a semblé participer à la campagne en tant que spectateur (là aussi le leader mauve a trouvé des circonstances atténuantes en invoquant les gros moyens de l’Alliance Lepep) n’a que sa mémoire pour ne pas oublier que jadis le contrôle des villes était l’affaire des Mauves. Loin est ce temps. Désormais, le MMM n’a aucun conseiller municipal et sa position à l’Assemblée nationale est inconfortable avec seulement 7 députés au lieu des 12 élus du départ. Et là encore, l’opposition parlementaire ne donne pas des signes de bonne santé.

 

D’un côté, un PTr effacé avec quatre députés, dont le leader – après la débacle de décembre – est régulièrement critiqué par le MMM, fait bande à part. De l’autre, voilà un MMM  plutôt préoccupé à régler ses guerres internes et qui risque de subir, après les résultats des municipales, un nouvel effritement de sa base. Si une troisième force s’est illustrée du même côté de la chambre avec l’aile Ganoo-Barbier-Ramano-Lesjongard-Sorefan, dont le marketing était axé autour d’un «parti d’opposition», il est permis aujourd’hui de s’interroger sur les réelles motivations de ce Mouvement patriotique après la déclaration surréaliste d’Alan Ganoo. Ce dernier estime que ce ne serait pas immoral s’il entrait au gouvernement, et que s’il reçoit une offre, il la considérera. Tout cela après avoir souligné les compétences de Pravind Jugnauth, qu’il combattait à cor et à cri en décembre dernier, au profit du tandem Ramgoolam-Bérenger. Comprenez que Ganoo a une curieuse interprétation de faire de la politique autrement, et a semble-t-il oublié qu’il a été élu au Parlement sous la bannière PTr-MMM, soit deux partis opposants du gouvernement actuel. 

 

Face à une opposition aussi dispersée que fragile, face à un leader de l’opposition qui refuse de regarder la vérité en face, et devant les tribulations de Ramgoolam – qui s’accroche lui aussi désespérément à son siège de leader – le gouvernement, fort de ce nouveau plébiscite des municipales (malgré le fort taux d’abstention de 64 %, une victoire reste une victoire), est bien parti pour gouverner sans contrainte pendant les quatre années à venir...