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Convulsions politiques

2 mai 2015, 08:35

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L’an dernier, il n’y avait pas de meeting du 1er mai. Le paysage politique était en pleine  décomposition-recomposition. De manière générale, le dégoût des citoyens envers les accouplements contre-nature de nos politiciens avait atteint son apogée. Le taux d’indécis ou de rejet grimpait jusqu’à 39 %. Et puis, tout s’est enchaîné précipitamment. Campagne électorale, scrutin, résultats, transition et nominations. Et on n’a presque pas vu le temps passer et les événements se succéder.

 

En mai 2014, l’alliance Lepep n’existait pas encore. Sir Anerood, 84 ans, ne digérait pas d’avoir été trahi par Bérenger qui l’avait sorti de sa douce retraite au Réduit pour «déboulonner Ramgoolam». Le gâteau lui est passé de travers. Xavier Duval, entre deux prix récompensant le meilleur ministre des Finances... en Afrique, siégeait toujours fièrement dans le cabinet de Ramgoolam. Et ce dernier, pris d’une frousse grandissante de fi n de règne, perdait souvent son calme et menaçait tous ceux – surtout la presse libre et indépendante – qui ne voyaient pas d’un bon oeil son projet de IIe République et son mandat de 7 ans comme président (avec nouveaux pouvoirs et immunité garantie), concocté dans le secret des dieux avec un Paul Bérenger alléché, lui, par le poste de Premier ministre : « Si vous êtes contre les deux plus grands partis historiques du pays, vous êtes contre le progrès. Avec nous, Maurice sera un pays phare.»

 

Un an après, le reste de l’histoire est connu et continue sa marche. L’arithmétique (40 % + 40 %) a non seulement aveuglé Ramgoolam et Bérenger mais les a conduit  près du précipice. Et ils ont chuté, sous nos yeux écarquillés... Ils sont tombés de haut tous les deux ! Et au lieu d’aider son partenaire à se relever, Bérenger l’a piétiné du pied. Seconde trahison du leader (sans coeur ?) du MMM, après celle de SAJ !

 

Aujourd’hui, l’alliance Lepep de sir Anerood savoure toujours pleinement sa victoire du 11 décembre 2014 (avec un plébiscite de plus de 50 % de l’électorat et quelque 74 % des sièges parlementaires). Certes, le ciel était gris hier à Vacoas, et les quelque 4 000 personnes (estimées sans l’aide des drones, qui ont dû rester au sol, suivant des consignes - un peu floues ? - des autorités) n’avaient pas autant de peps que lors de la  campagne électorale, mais la nouvelle alliance au pouvoir, bon gré mal gré, était la seule force politique à tenir son 1er mai. Et à vouloir d’un autre scrutin.

 

Alors que ses adversaires tentent de se remettre debout, l’alliance Lepep surfe, elle, sur ses spectaculaires opérations ‘nettoyaz’ (BAI, Betamax, Dufry, Soornack, MPCB, MBC, etc.), la compensation salariale universelle de Rs 600, la suspension du permis à points tant décrié et le ‘maternity leave’ afi n de garder le momentum en attendant de concrétiser ce IIe «miracle» économique (et sa promesse de création de milliers d’emplois). En face, le MMM et le PTr tentent maladroitement de stopper leur hémorragie respective. Il s’avère difficile de dire qui des deux partis souffre le plus. Mais l’on peut facilement deviner le désarroi de leur électorat respectif, surtout à cinq semaines des municipales. Il est manifeste que les stratèges de Lepep veulent écraser les oppositions alors que le PTr et le MMM sont toujours par terre, et qu’ils n’ont désormais qu’une représentation minimaliste au Parlement (seulement sept mauves et quatre rouges).

 

Le temps presse. Les municipales sont derrière la porte et pourraient remuer le couteau dans la plaie. Arvin Boolell tente le tout pour le tout. Ce sera son premier test et il semble vouloir s’assumer. Réunissant tout son courage, il réclame, enfin, à Navin Ramgoolam de «step down». Il risque, cependant, de se heurter aux inconditionnels de Ramgoolam qui ne vont pas lui rendre le leadership facile dans les instances travaillistes. Chez le MMM, une énième défection parlementaire sonnera-t-elle le glas du leader inamovible?

 

Et Ramgoolam et Bérenger ne sont pas prêts de prendre leur retraite, même si les conditions sont réunies pour. Quant à SAJ, il a compris que la BAI pourrait être un couteau à double tranchant; c’est pour cela qu’il veut rassurer une importante frange de l’électorat urbain : son combat, promet-il, n’a pas de couleur politique...