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Eleana : Double crime

16 avril 2015, 11:44

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Eleana : Double crime

La chute d’un groupe n’est rien face au décès d’un enfant. Oubliés les «ponzi» et autres détournements. C’est abstrait, intangible, surtout quand on en arrive aux milliards. Mais le meurtre d’un enfant, c’est tellement inhumain, incompréhensible, révoltant… ça donne la chair de poule, l’envie de pleurer, bouleverse au plus profond de son être. Tristesse et colère s’entrechoquent. On peut ressentir dans sa chair toute la douleur de cette mère. De l’attente, de l’angoisse, du pressentiment, aux interrogations : «et si elle n’était pas allée à cette fête», «et si on avait poursuivi la battue pendant la nuit ?» «et si», «et si»… Une litanie sans fin de questions qui ne cesseront de la hanter. De celles que l’on se pose quand tout bascule et pour lesquelles on n’aura jamais de réponse. Si ce n’est un serpent qui dévore le ventre, car on n’y peut rien mais se sent coupable tout de même. Jusqu’au hurlement sans fin, à la douleur fulgurante, dont on ne se relève jamais. À vouloir mourir pour tout effacer et recommencer. À sentir ses tripes se déchirer, son corps s’effondrer sur lui-même, aspiré dans son propre abîme.

 

Un voile noir s’est désormais abattu sur Mirella Gentil, devenue plaie béante. Cette camisole de ténèbres se referme sur toutes les mères lorsqu’on vole le souffle de leur enfant. Elles meurent elles aussi ce jour-là. Leur vie ne devient plus qu’une torturante agonie. Les hommes commettent 95 % des homicides (d’après un rapport publié en 2014 par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime) contre 5 % pour les femmes. Peut-être parce qu’en tant que mères, elles mesurent plus que tout la valeur de la vie. Ce sont elles qui souffrent pour la donner. Savent qu’elle n’est jamais acquise. Mesurent sa fragilité, le miracle au fil duquel elle tient. Y trouvent toute la beauté du monde et leur plus grande source de bonheur. Même si les pères souffrent aussi, ce seront toujours les mères les plus grandes victimes des meurtres. Car elles sont condamnées à continuer à vivre avec l’excision d’une partie d’elles-mêmes.