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Un milliardaire en prison

27 mars 2015, 06:21

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La lutte contre l’enrichissement illicite prend une nouvelle tournure. Jusqu’ici, les dirigeants africains qui pillaient sans ménagement les ressources de leurs pays restaient impunis. Or, cette semaine, la justice sénégalaise a condamné Karim Wade, fils de l’ancien président Abdoulaye Wade, à une peine de six ans d’emprisonnement pour enrichissement illicite. Le Sénégal sort grandi de cette épreuve et devrait, de ce fait, entraîner tout le continent dans une ère de bonne gouvernance.

 

Wade jr. était accusé d’avoir illégalement acquis 178 millions d’euros par le biais de montages financiers complexes, du temps où il était un haut responsable de l’État. Des comptes à son nom ont été découverts à Monaco, officiellement pour y déposer des dons. Il a été trouvé coupable d’être le bénéficiaire occulte d’autres comptes à Monaco et au Luxembourg, détenus par des hommes de paille. Son patrimoine immobilier et son parc automobile étaient non moins impressionnants, selon l’acte d’accusation dressé contre lui.

 

L’enquête a été longue parce que la traque des biens mal acquis n’est pas une tâche facile. C’est pour cette raison d’ailleurs que deux autres dictateurs africains, Omar Bongo et Denis Sassou Nguesso, que Maurice a accueillis en grande pompe récemment, ont échappé à la justice. Soupçonnés d’enrichissement illicite, après l’acquisition en France de nombreux biens immobiliers de luxe, leur dossier a été classé sans suites pour insuffisance de preuves.

 

Même si Karim Wade, lui, a été trouvé coupable pour enrichissement illicite, ce qui est une première en Afrique, le verdict n’a pas plu à tous. Le fait que le Sénégal soit un pays gangrené par le clientélisme, le népotisme et la corruption n’a pas empêché une fraction importante de sa population de contester le jugement.

 

Les arguments avancés par les sympathisants de Wade sont classiques en Afrique : ceux qui sont aux commandes aujourd’hui ont cherché à assouvir une vengeance politique, une partie du patrimoine qui lui est imputé ne lui appartient pas, l’enquête policière n’a pas respecté les procédures prescrites, etc. Son avocat a dénoncé une «mise à mort politique» et accusé l’actuelle majorité d’instrumentaliser la justice. Il s’appelle Me Mohamed Diagne.