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Ces vieux os de la politique…

20 juillet 2014, 13:39

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Ces vieux os de la politique…

Le poids de l’âge n’est nullement un désavantage en politique, a fait comprendre SAJ du haut de ses 84 ans, vendredi dernier, à la Cité Briquetterie. Il en veut pour preuve que «sa bann zenes la mo kapav met zot dan mo pos» (la nouvelle génération qui se lance dans l’arène appréciera), non sans rappeler que SSR était candidat à un nouveau mandat à 82 ans. En clair, même si   l’adversaire avait tort, on a raison de suivre son exemple. 

 

Au-delà de l’interrogation autour de la vieillesse des uns et des autres, car la «jeunesse» de Ramgoolam et de Bérenger (67 et 69 ans) est tout aussi relative, la perception de l’opinion publique est que ces vieux os politiques ne veulent lâcher le pouvoir à aucun prix. Régnant déjà en dictateurs au sein de leurs partis respectifs, épousant le rôle incontesté de leader (à vie ?),cette génération de dinosaures est de celles qui ont choisi la politique comme carrière et non comme fonction. Il y a ceux qui poussent même l’outrecuidance jusqu’à faire croire qu’ils se sacrifient pour nous ! Et dans la pratique, ils oublient très vite qu’ils ne sont que les représentants du peuple. Ça commence par l’élection des candidats qui, s’ils ont eu la faveur de l’électorat en se faisant élire, n’auront pour prochaine ambition que de s’accrocher à une deuxième, troisième, quatrième, cinquième fois ou plus à leur siège à l’Assemblée nationale. Parfois, il arrive même que certain(es) n’hésitent pas à vendre leur âme, se transformant en transfuge devant un maroquin ministériel brandi en guise de carotte, quitte à trahir l’électorat qui avait,lui,voté pour le(la) député(e) en question sous la bannière d’un autre parti.

 

Au final, ces honorables ne font que suivre l’exemple de leurs leaders, ceux là mêmes qui considèrent la politique comme un moyen d’accaparer le pouvoir d’une manière absolue, quitte à se confondre avec un  propriétaire de pays pour mieux confisquer notre démocratie. Contrairement à Lincoln qui nous a appris que la démocratie est «le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple», ici tous les gouvernements successifs auxquels on a eu droit nous démontrent, une fois qu’ils sont au sommet du pouvoir, que le peuple n’a jamais son mot à dire. Et comme ce sont les politiciens qui font et défont les lois quand ça les arrange, voire quand ça obéit à leur calendrier politique (l’exemple du récent mini-amendement en fait partie), il ne leur viendra jamais à l’idée d’engager le débat sur la limitation des cumuls des mandats, une réalité en Amérique, en Europe et ailleurs.

 

Il faut dire que même les partis de l’opposition n’osent pas s’engager dans ce débat de manière concrète de peur que cette mesure ne desserve leurs intérêts. En l’absence de lois et de règles, rien n’obligera SAJ, Ramgoolam et Bérenger à quitter cette scène tant chérie. 67, 69 ou 84 ans. Et alors ? Troisième, quatrième candidature au poste de Premier ministre ? And so what ! Savoir partir et laisser la place aux jeunes ? Non ! C’est dire à quel point il est important pour tous ces nouveaux partis qui ont pris naissance ces derniers jours – et dont nous saluons l’arrivée comme une espérance dans notre paysage – et qui veulent faire de la politique autrement de placer la limitation défi nie des mandats en bonne place sur leur programme. Ce sera un signal fort envoyé aux Mauriciens par ces new players qui, souhaitons-le, nous embarqueront dans un new game où la politique replacera le citoyen au centre des débats à travers une démocratie participative.

 

À l’heure où le mirroir politique nous renvoie une image brouillée, le rajeunissement/changement d’hommes et de femmes sur l’échiquier est nécessaire dans notre pays. Et, quoi qu’en disent SAJ et les autres leaders politiques, il y a une nouvelle jeunesse tout à fait capable qui ne rêve que de participer à la construction du pays. Encore faut-il qu’on leur cède la place et qu’on ne se contente pas de les mettre dan pos….