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Être libre… C’est dans la tête que ça se passe !

6 mai 2013, 08:12

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Être libre… C’est dans la tête que ça se passe !

 

C’est quand même incroyable !

Voilà un journal qui était catalogué comme partisan, anti-pouvoir, anti-Ramgoolam, et par là même anti-hindou (jusqu’à recevoir des menaces de violence !) et qui, du jour au lendemain, devient kasher au point d’être cité par le Premier ministre et d’être monté en référence crédible sur des banderoles de partisans travaillistes…

 

Qu’est-ce qui a bien pu se passer ?

C’est simple: un des titres de La Sentinelle Ltée, en l’occurrence l’express-dimanche, a publié un sondage d’opinion mené par DCDM et libellé POLITIS, qui paraît favorable, même, par certains angles, très favorable au gouvernement en place ! Du coup, le complexe de persécution des rouges s’évapore, le pestiféré est guéri, les semi-intellectuels réhabilités, le journal devient crédible, le boycott déclaré devient embarrassant… A contrario, Mr Rajesh Bhagwan, secrétaire général du MMM, parle, lui, d’un groupe de presse qui a vendu son âme en publiant ce sondage, après avoir fait, selon lui et sans vérification aucune, un «deal» pour de la publicité gouvernementale !

 

Est-ce ainsi que les politiciens vivent ? Peuvent-ils seulement comprendre que La Sentinelle n’a aucun agenda, sauf sa grille référentielle de départ (les faits, les principes, les débats sur des questions non fictives, la méritocratie etc…) ? Que doit faire un journal libre et professionnel quand il reçoit les résultats d’un sondage, lui-même professionnel, qu’il a commandé ? Penser à qui il va plaire ou déplaire, analyser le contexte, choisir le «timing», c’est-à-dire se soumettre à la gangrène de la politisation à outrance de la vie de notre pays ou, tout simplement, faire son travail et publier en espérant que ce sondage ajoute à la réflexion libre des uns et des autres ?

 

Ce sondage a été commandité depuis décembre 2012. C’est logique, puisque le premier échantillon mensuel de 600 personnes est sondé en janvier 2013… Cela n’a donc rien à faire avec l’arrivée de nouvelles têtes à l’express, qui était libre avant son 50ème anniversaire, qui l’est toujours et qui entend le demeurer ! Seulement voilà, «être libre» c’est un état d’esprit et nous avons été tellement conditionnés par la surpolitisation de toutes nos vies que nous sommes devenus bien incapables d’accepter que quelqu’un ou qu’une institution soit capable de prendre une décision ou d’agir de manière gratuite et non mercantile !

 

C’est triste à faire pleurer, mais c’est aussi révélateur d’un pourrissement de notre société et de nos cervelles qui ne semblent plus marcher qu’à coups de rationalisation vénale de tout ce qui se passe dans le pays… Ce que publie un journal comme un contrat alloué, un jugement de la Cour, une route asphaltée ou pas, des drains construits ou pas, l’eau qui coule ou pas dans les robinets, l’enfantement des femmes à Agaléga, le choix des programmes à la télé, tout est sujet à une interprétation d’influence et de pouvoir. Rien n’est plus perçu comme ne pouvant être authentique, sincère, désintéressé.

 

Il faut quand même rappeler que seul un journalisme résolument LIBRE peut choisir de publier un sondage apparemment favorable aux travaillistes alors même que ceux-là boycottent l’express depuis cinq ans et qu’ayant, de plus, choisi de compromettre l’ÉTAT à renier sa souveraine signature, se sont tapé un nouveau procès, cette fois avec dommages et intérêts, le 19 avril dernier !

 

* * *

 

Notre rôle dans cette démocratie, malheureusement souvent à court de démocrates, ne variera pas au gré du bon plaisir des hommes qui veulent absolument se maintenir au pouvoir, ni de ceux qui aspirent, avec appétit, à accéder à ce même pouvoir. Fidèle à notre «Raison d’Être», nous continuerons à être la sentinelle de service, porteuse de la lanterne de la raison qui abreuve et des faits qui éclairent ce que devraient être les valeurs progressistes de notre société.