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Yémen: Le président Saleh quitte officiellement le pouvoir

27 février 2012, 00:00

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Yémen: Le président Saleh quitte officiellement le pouvoir

Le président du Yémen Ali Abdallah Saleh a officiellement quitté le pouvoir ce lundi, selon Al-Jazira, pour passer la main à son vice-président, Abd Rabbo Mansour Hadi élu mardi.

Lors d’une cérémonie au palais présidentiel de Sanaa, l’ancien Président a félicité son successeur et a espéré une passation de pouvoir pacifique. Il a appelé les «partenaires internationaux» à soutenir le Yémen et a affirmé que le nouveau gouvernement devait combattre le terrorisme, en particulier Al-Qaida, qui a profité des mois d’instabilité dans le pays pour y étendre son influence. Cela faisait des mois en effet que le pays était secoué par une vague de protestation envers le président Saleh, au pouvoir depuis 33 ans.

«Je mets la bannière de la révolution en des mains sûres», a conclut Saleh à la fin de la cérémonie retransmise en direct par la télévision yéménite. Saleh, que beaucoup considèrent comme contrôlant toujours les affaires du pays, a souligné son soutien au nouveau chef d’Etat. Hadi, unique candidat lors de l’élection de mardi dernier, prend la tête du pays pour une période transitoire de deux ans.

Un certain optimisme

Abd Rabbo Mansour Hadi a été  élu mardi dernier avec 99,8% des voix, selon les résultats proclamés vendredi par la Commission électorale nationale à Sanaa. Il était l’unique candidat à l''''élection présidentielle anticipée du 21 février. Une élection-plébiscite à laquelle les Yéménites ont participé en nombre, mardi. Le processus est toutefois conforme à l''accord de sortie de crise proposé par les pays du Golfe et signé par toutes les parties impliquées dans le soulèvement.

Cette étape suscite un certain optimisme chez les différents acteurs locaux et internationaux. Elle met fin à six mois d''une lente désagrégation du pouvoir politique qui a fait craindre que le pays ne bascule à nouveau dans la guerre civile.

Pourtant, rien n''est encore joué et la tâche qui attend Abd Rabbo Mansour Hadi est titanesque. Pendant les deux ans que durera son mandat transitoire, l''homme aura à manoeuvrer habilement pour relever les nombreux défis qui s''imposent à ce pays miné par des années de guerre civile et une situation socio-économique explosive.

Une page difficile à tourner

Abd Rabbo Mansour Hadi, toujours resté dans l''ombre du président Ali Abdallah Saleh, est vu comme un homme de consensus, plutôt faible et sans grande ambition politique. Il n''incarne toutefois pas le changement. "M. Hadi est quelqu''un du pouvoir, issu du Congrès général du peuple, le parti de l''ancien président. On reste un peu sur les mêmes lignes même si la tête civique du pouvoir va changer avec cette élection. La page Saleh ne va pas se tourner de façon totale", analyse Dominique Thomas, spécialiste du Yémen et des mouvements islamistes dans la péninsule arabique à l''Ecole des hautes études en sciences sociales. La page Saleh sera difficile à tourner, si l''on en juge par la présence à tous les échelons de l''Etat et de l''économie des membres de la famille et du clan de l''ancien président.

S''il veut garder le jeu politique ouvert, "le nouveau président va devoir mener une politique des petits pas, de consensus et de dialogue avec le parti hégémonique et l''opposition", estime Dominique Thomas.

 "La mise en place d''un gouvernement d''union nationale a remis en selle les mouvements d''opposition, écrasés par le blocage politique imposé par Ali Abdallah Saleh", précise ainsi M. Thomas. Il lui sera particulièrement difficile, dans ce contexte, de mener des réformes, notamment au sein de l''appareil sécuritaire, accaparé par le clan Saleh.

Sans oublier les mouvements sécessionnistes (nord-sud) qu’il devra contenir, en privilégiant le dialogue au lieu de l’option militaire. De même que la reprise des territoires contrôlés par Al-Quaida. Un vaste chantier donc pour le nouveau président.

(Source : 20minutes.fr, Le Monde.fr.)