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Wikileaks : Les partis politiques exacerbent les tensions ethniques, notent les Américains

30 août 2011, 00:00

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Wikileaks : Les partis politiques exacerbent les tensions ethniques, notent les Américains

L’ambassade américaine révèle ce que la presse locale dénonce depuis des lustres. Les partis se basent davantage sur l’ethno-politique que sur les questions d’idéologie et de principes. Ils divisent davantage les Mauriciens qu’ils ne les rassemblent, indique une note écrite en août 2009.

Maurice est peut-être une championne de la démocratie, cependant elle est l’otage des partis qui font plus de l’ethno-politique qu’autre chose. C’est l’analyse qui ressort d’une note de l’ambassade américaine à Port-Louis, datée du 11 août 2009, et mise en ligne la semaine dernière par Wikileaks.

Dans ce document transmis à Washington et à d’autres chancelleries dans la foulée de la visite du général William Ward, commandant de l’African Command (Africom) à Maurice, le contexte politique est analysé. « La politique et les campagnes politiques sont davantage basées sur les sentiments ethniques et religieux plutôt que sur une question d’idéologie ou de principes », déplore la chargée d’affaires Virginia Blaser.

Il souligne ainsi que les partis politiques ont tendance à exacerber les tensions entre les différentes communautés de l’île. Tout en ajoutant que dans l’île, il y a toujours cette « Mauritian fashion » consistant à faire des compromis sur des sujets pouvant faire des mécontents chez une communauté.

L’ambassade américaine revient ainsi sur le jugement de Paul Lam Shang Leen en faveur de Gavin Glover, rendu en mars 2007, interdisant à une mosquée de Quatre-Bornes d’avoir recours à des haut-parleurs à la prière. Elle explique que face à la menace des chefs religieux musulmans, l’affaire a été réglée à l’amiable, les responsables de la mosquée ayant accepté de baisser le volume des haut-parleurs.

Sur tout ce qui touche à l’extrémisme religieux, le gouvernement mauricien est assez discret quant au combat qu’elle mène, indiquent les Américains. La raison étant qu’il ne veut aucunement créer de polémique.

Le dossier Chagos est mentionné dans cette note. Virginia Blaser fait ressortir que bien que Maurice se batte pour la souveraineté sur l’archipel, cela n’a, en aucune façon, affecté les relations bilatérales entre Port-Louis et Washington.

Les doutes de certains au gouvernement et dans la presse à l’effet que les natifs des Chagos veulent rentrer chez eux sont aussi exprimés. « Bien que le gouvernement américain montre un intérêt sur ces sujets, ils figurent parmi les dossiers bilatéraux entre Maurice et la Grande-Bretagne », conclut l’auteur.

En ce qu’il s’agit du volet diplomatique, la proximité de Maurice avec l’Inde et la France est mise en exergue. L’ambassade américaine met aussi en perspective les raisons pour lesquelles Maurice s’est montrée peu critique envers la Haute autorité de transition (HAT) d’Andry Rajoelina à Madagascar : elle figure parmi l’un des principaux investisseurs dans la Grande île. D’où sa propension à participer dans les discussions au niveau régional face à la crise malgache.