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Une place au soleil pour les femmes de Camp-Levieux

30 septembre 2013, 00:00

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Une place au soleil pour les femmes de Camp-Levieux

La vie de nombreuses femmes tourne presque essentiellement autour de leur mari, de leurs enfants et de leur foyer. Tant et si bien qu’elles ont tendance à s’oublier. Marie-Michèle St Louis-Durhone, judokate ayant été championne d’Afrique et de l’océan Indien, a fondé l’association «Fam Vizyoner» afin d’aider les femmes de Camp-Levieux à s’épanouir autrement.

 

Quadragénaire,coach de judo et employée par le ministère des Sports, Marie-Michèle St Louis-Durhone est attachée au complexe sportif de Beau-Bassin. Elle y donne des cours à 26 enfants de six à dix ans et à 35 jeunes de 12 ans à 24 ans. Ce qu’elle veut leur inculquer à travers cette discipline et qu’elle a elle-même compris en pratiquant le judo alors qu’elle n’était encore qu’une adolescente, c’est «la discipline, la capacité à évoluer en équipe, mais aussi la politesse et la courtoisie».

 

Elle partage aujourd’hui d’autres messages avec les femmes de sa localité, Camp-Levieux, notamment celui qu’il faut prendre sa vie en main. Elle-même a commencé à faire du judo dans l’espoir de devenir mannequin, mais a dû revoir ses objectifs en cours de route. «Je ne suis pas devenue mannequin mais je suis tout de même devenue championne.» Et jusqu’à 2003, année où elle s’est retirée de la compétition, Marie-Michèle St Louis-Durhone a brillé, portant haut les couleurs du drapeau mauricien lors des Championnats d’Afrique. C’est en pratiquant cette discipline sportive qu’elle a rencontré Ricardo Durhone, coach de judo, qu’elle l’a épousé et lui a donné une fille, aujourd’hui âgée de 12 ans.

 

À présent qu’elle n’est plus dans la compétition, Marie-Michèle St Louis- Durhone se rend dans les écoles dans le but d’inviter les jeunes à s’intéresser au judo. Elle essaie aussi d’y intéresser les enfants qu’elle voit traîner les rues «pou zot patom dan move simin».

 

Cette Quatrebornaise devenue Rosehilienne après le mariage et qui habite, depuis, à Camp-Levieux, a toujours été intriguée par le mode de vie de nombreuses femmes de la région, notamment par le fait qu’elles vivent dans l’ombre de leur conjoint et de leurs enfants, «sans prendre le temps de cultiver leur jardin secret».«J’aime bien m’occuper de ma famille et de mon foyer, renchérit-elle, mais je considère qu’une femme ne doit pas rester à ne rien faire et vivre dans l’ombre des autres. Elle doit avoir ses activités propres et se bouger. Il y a bien un centre, mais les femmes de l’endroit n’y organisent aucune activité.»

 

C’est ainsi qu’avec l’aide de proches, elle sollicite les femmes de la région pour monter une association baptisée «Fam Visyoner» dont l’objectif est de «kas routine : donn mari ek zenfan manze, nettoye lakaz, asize, manze,dormi. Monn le fer zot bouze, koup impe avek tout pou enn ti moman parski sinon zot trop stresse. Nou tou kone ki stress fer gaign tou kalité maladi». Le nom de l’association est choisi en fonction de son ambition de voir ces femmes regarder au-delà de leur petit monde.

 

Marie-Michèle St Louis-Durhone a mobilisé une trentaine de femmes de plus de 20 ans, qui avaient l’habitude de «res lakaz» et qui acceptent de se rencontrer tous les mardis dans la salle municipale de Camp-Levieux, entre 19 et 21 heures. Elle tente d’abord de leur inculquer l’habitude de faire des exercices. «Monn komans par fer lexercice ar zot e zot pa finn le fer. Zot inn truv sa tro dir.» Elle réussit à leur faire faire de la zumba, à jouer au bingo, à organiser des sorties.

 

Elle gagne progressivement leur confiance afin qu’elles évoquent librement les problèmes qu’elles pourraient rencontrer. «Nous partageons nos connaissances en matière de cuisine et nous partageons aussi des petits plats. Seki pena pou amene, nou dir pa kas latet nou pe amenn en plis.»

 

Elle ne leur réclame qu’une cotisation mensuelle de Rs 25 et Rs 10 supplémentaires pour des services funéraires, en cas de décès d’un de leurs proches. Cela fait maintenant trois ans que l’association se réunit pour différents échanges. Les compagnons de ces femmes sont heureux qu’elles aient intégré un groupe, qu’elles aient des amies et des distractions saines. «Elles n’ont plus peur de sortir, ni de s’exprimer.»

 

Marie-Michèle St Louis-Durhone, qui préside cette association, a prévu d’organiser un bal au mois d’octobre pour recueillir des fonds et leur organiser une belle fête de fin d’année. Elle aurait également souhaité avoir un emplacement qui leur soit propre car la mairie leur demande de plier bagages dès 20 h 30. «Cela ne nous laisse pas beaucoup detemps pour nous retrouver et nous raconter.» Marie- Michèle St Louis Durhone est donc en quête de parrains pour pouvoir atteindre cet objectif.