C’est ce qui était attendu de lui. Mardi, son Directeur sportif, José Achille, espérait que le rouleur-grimpeur de l’équipe nationale sorte de ses gonds une bonne fois pour toute. Aussitôt dit, aussitôt fait. Pascal Ladaub a remporté, hier, la deuxième étape courue entre Pailles et Ruisseau Créole en longeant la côte ouest de l’île sous la pluie, frustrant par conséquent, l’animateur de cette étape, le Réunionnais du VCIC-Bank One, Jean-Denis Armand (JDA).

Cette deuxième étape, avec pour difficulté le passage de Bois Puant en deux occasions, tout comme la montée du Morne, pouvait être piégeuse. Car en vélo, « on ne peut tout prévoir », dixit Yannick Lincoln. Jean-Denis Armand, défendant les couleurs du VCJC-Bank One, a surpris plus d’un en plaçant une mine au kilomètre zéro. Le vététiste réunionnais accentua son avance très vite.

« C’était dans les plans », confie Ladaub après sa victoire. Carte blanche à qui le veut pour une sortie hier. Vent de face et pluie en pleine poire, fallait être un aventurier pour mettre le nez dehors hier. JDA profita à fond de la situation. Il mit, bientôt, 1’10 de retard au peloton au km 36, soit à Case Noyale. Derrière, le calme était retourné après quelques sueurs froides suite à une panne de Yannick Lincoln. Le coureur a dû patienter, avant d’être dépanné dans la descente de Casela. « Ca aurait pu nous coûter cher. C’est dommage qu’on n’ait pas été prévenu par la radio du Tour », regrette Achille.

Le temps d’être dépanné, Lincoln accuse plus d’une minute de retard sur le peloton qui, heureusement, est resté calme. « Je suis rentré à la hauteur de London Spar. Ca fait un bon bout à rouler à tombeau ouvert », ajoute le médaille d’or en clm aux Seychelles. Entre-temps, JDA poursuit sa route et avale tout ce qui lui est proposé comme points à l’avant. Les points du Rush et de la Montagne tombent dans son escarcelle. Ca peut compter dimanche après-midi. Pas de grosse animation au sein du peloton. « On s’est permis de tourner tranquillement. Il ne fallait pas paniquer même si à un moment donné Armand avait une avance importante », explique Ladaub.

Armand virtuel maillot jaune

Trois minutes 25 pour JDA au km 73, soit à la hauteur du château de Bel Ombre sur le retour vers Ruisseau Créole. Au départ de l’étape, l’ancien porteur du maillot jaune sur le Tour, avait un handicap de 2’ 57 sur Lincoln. Le contre-la-montre de la matinée ne s’était pas bien passé pour lui. D’où aussi le bon de sortie qui lui a été offert dans l’après-midi. Dans le peloton, ça commence à s’agiter. « Ceux qui voulaient gagner l’étape devaient réagir. On avait fermé jusqu’à une minute. Mais il fallait éviter de le prendre trop vite », poursuit Pascal Ladaub. Jean-Denis Armand repris trop vite allait permettre une série d’attaque et beaucoup de boulot aux Mauriciens. Ladaub, Chong Chin, Caëtane et Calypso, protégeaient la tunique jaune sans se mettre dans le rouge. Au Morne, le jeune Réunionnais est repris. Le Roi Richard Baret plante une mine. Le peloton est secoué. Les renards sont aux aguets. Il y a de la place pour une victoire.

Chong Chin et Caëtane, Fabien Gauvin (VCE) et le Sud-Africain Johann Scheepers (Bionic) sortent à leur tour. Des attaques et des contre se succèdent, jusqu’à ce que Pascal Ladaub se paye la belle. Il sera poursuivi depuis Case Noyale jusqu’à l’arrivée.

« Encore une fois contre le vent comme aux Seychelles et cette fois sous la pluie. Je ne pouvais pas perdre celle là. Je me suis accroché », raconte le coureur qui en avait gros sur la patate. Celle là elle là voulait particulièrement. « Je n’avais pas digéré ma course en ligne et ma 4e place sur le clm individuel », ajoute-t-il. Et de poursuivre « j’ai encore les entraînements pour les Jeux des îles dans les jambes. Ca paie aujourd’hui. Ce qui me fait le plus plaisir, c’est le travail collectif qu’on a effectué. Un gros merci à toute l’équipe, José (Achille) et surtout à mes patrons Frédéric De Coriolis et André de Comarmond ».

José Achille est confiant pour la suite : « Les gars ont bien respecté les consignes et ont osé en équipe du début à la fin. Cette cohésion ne peut que payer. Pascal mérite sa victoire. Ca ne peut que l’encourager. Le Tour de Maurice est loin d’être fini. La 3e étape de demain (aujourd’hui) est dure sur la fin. Il ne faut pas jeter trop de force à gauche et à droite si on veut garder le maillot. Pour l’instant, je sens bien les gars ».

Garry HOLTZ

Garry HOLTZ - Lkip.mu