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Tibet : le feu couve contre Pékin

19 mars 2012, 00:00

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Tibet : le feu couve contre Pékin

Les obsèques d''''un paysan tibétain se sont déroulées sous tension samedi et dimanche dans la province du Qinghai. Le cortège funéraire s’est transformé en manifestation  anti-chinoise.

Dans cette région située au nord-est du plateau tibétain, le cortège funéraire s''est transformé en manifestation de milliers de personnes pour protester contre la façon dont la Chine administre les zones tibétaines, selon la radio américaine Radio Free Asia. Il s''agit d''une des manifestations les plus importantes depuis 2008, estime l''organisation non-gouvernementale (ONG) protibétaine Free Tibet.

Sonam Thargyal s''était recouvert le jour même de coton imbibé de kérosène, avant de boire de ce même kérosène et d''y mettre le feu, souhaitant donner un écho aux protestations qui ne cessent d''amplifier ces derniers mois. De plus en plus de voix s''élèvent contre le manque de liberté religieuse et appellent au retour du dalaï-lama, en exil depuis plus de soixante ans.

Un moine, ami proche du fermier quadragénaire décédé dans la petite ville monastique de Tongren, s''était également immolé le mercredi précédent et serait toujours entre la vie et la mort, selon l''ONG Free Tibet. Un peu plus au sud, dans la province du Sichuan, située sur les contreforts tibétains, un jeune moine de 20 ans a également tenté de périr dans les flammes vendredi, avant d''être interpellé par les forces de l''ordre.

Une intrusion inédite

Une trentaine de Tibétains se sont ainsi immolés depuis un an. Et depuis début mars, la tension semble être montée d''un cran sur le «toit du Monde». Cet hiver, une décision de Pékin a mis le feu aux poudres. Le secrétaire du Parti pour la Région autonome du Tibet - autrement dit le numéro un de la province chinoise du même nom, qui n''englobe qu''une partie du Tibet géographique, éclaté par l''administration chinoise - a annoncé la nomination d''officiels chinois de haut rang pour superviser chaque monastère tibétain, jusque-là autogéré.

Une intrusion inédite dans l''enceinte des monastères, qui a soulevé une vague de protestations dans l''Himalaya. «Cette mesure, doublée d''une présence croissante de fonctionnaires au sein des monastères, va sans aucun doute exacerber les tensions dans la région», assure Sophie Richardson, responsable pour la Chine de l''ONG Human Rights Watch.

Quelles que soient les récriminations des Tibétains, Pékin fait la sourde oreille. Car pour le gouvernement central, cette nouvelle réglementation est «cruciale pour reprendre la main dans la lutte contre le séparatisme», en s''assurant qu''«aucun moine ni nonne ne s''investisse dans des activités visant à diviser la mère patrie et à perturber l''ordre social».

Dans la presse chinoise, les informations sont rares sur les protestations tibétaines. Pékin accuse le dalaï-lama d''encourager les immolations meurtrières et d''employer des méthodes «terroristes». Le pouvoir entend contrôler autant qu''il le peut les informations en provenance du Tibet, en en verrouillant l''accès aux visiteurs étrangers, surtout aux journalistes.
   
Photo : Des bougies ont été allumées lors d''une veillée de prière, samedi à McLeod Ganj, en Inde.

Sources : LeFigaro.fr & AFP

LeFigaro.fr & AFP