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Thaipoosam Cavadee: ferveur et pénitence

17 janvier 2014, 08:20

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 Thaipoosam Cavadee: ferveur et pénitence

Des milliers de Mauriciens célèbrent ce vendredi 17 janvier le Thaipoosam Cavadee. Une fête qui, selon le yogi Rengasamy Mardaymootoo, marque la victoire du dieu Muruga face aux Asuras (démons). Vêtus d’habits traditionnels, les dévots se rendent au bord des rivières pour des bains rituels avant d’entamer leurs processions vers les kovils avec des cavadees sur les épaules.

 

Après dix jours de jeûne, ils sont des milliers de Mauriciens à être debout depuis tôt ce matin, vêtus d’habits traditionnels, pour se rendre au bord des rivières pour des bains rituels. Cela, en marge de la célébration du Thaipoosam Cavadee aujourd’hui, vendredi 17 janvier. Les dévots entameront ensuite leurs processions vers les kovils avec des cavadees – des structures colorées – sur les épaules. Une grande prière commune sera dite dans le temple. Ils partageront par la suite le traditionnel repas des set kari, soit au kovil ou à la maison en famille. Ce n’est que demain que le jeûne prendra fin et que la consommation de chair sera permise aux fidèles.

 

 Les cavadees

 

Décorés de feuilles de cocotier, plumes de paon, tissus, fleurs, clochettes, effigies du dieu Muruga, les cavadees sont construits la veille de la célébration. Ce sont des structures hautement colorées que des fidèles transportent sur leurs épaules durant la procession, tout en entonnant des chants religieux. Les femmes transportent, elles, des sombous – des pots en cuivre contenant du lait – sur leur tête.

 

Une pratique qui, selon le yogi Mardaymootoo, découle de «la légende du sage Agastya, qui demanda à son disciple Idumban de lui apporter deux collines : Sivagiri et Saktigiri». En cours de route, poursuit-il, alors que le disciple avait une colline sur chaque épaule, ce dernier «se battit avec un garçon qui jouait sur une des collines. Celui-ci n’eut la vie sauve que grâce à l’intervention d’Agastya». Et l’enfant, enchaîne le yogi, se révéla être Muruga, fils de Shiva.

 

«En hommage à la bonté et à la dévotion du sage, Muruga promit de bénir tous ceux qui transporteraient un fardeau en son honneur à la manière d’Idumban.» Le Thaipoosam Cavadee marque aussi la victoire du dieu Muruga face aux Asuras (démons).

 

L’importance de la repentance

 

Avant la procession, au bord des rivières, certains dévots se transpercent la langue, les joues, les tempes ou d’autres parties du corps, avec des vels. Il s’agit de longues aiguilles représentant la lance du fils de Shiva. «Se percer la langue, c’est pour ne pas parler. Durant la procession, on ne doit même pas penser, simplement être en communion avec le dieu Muruga», explique Rengasamy Mardaymootoo.

 

Ces actes de pénitence reflètent aussi l’importance de la repentance pour le Thaipoosam Cavadee. Durant la procession, c’est nu-pieds que les fidèles foulent le bitume chaud de nos routes. «Chaque pas est une étape de croissance spirituelle, une manière de se rapprocher de Dieu», soutient le yogi.

 

Le kovil, centre névralgique

 

C’est dans un kovil que se tient le Mahadeebaradanaï, la grande prière du Thaipoosam Cavadee. Et c’est là aussi que se rencontrent voisins et parents pour échanger leurs vœux dans un esprit des plus joyeux. Le Beau-Bois Mariammen Kovil, à St-Pierre, ne fait pas exception.

 

Créé à la fin du XIXe siècle, ce temple, qui est l’un des plus anciens de l’île, a vu pas mal de célébrations du Thaipoosam Cavadee, jour le plus important du calendrier tamoul. Le yogi Rengasamy Mardaymootoo, aussi connu sous le nom d’Aya Sivaramen, y officie depuis près de 16 ans.

 

Au fil du temps et malgré la modernité, le kovil est resté tel quel, hormis quelques changements mineurs comme la réparation de la toiture. «La direction du kovil et moi-même n’avons pas voulu changer l’architecture de l’édifice. Le style dravidien qu’arborent les temples dans le Tamil Nadu n’a pas été adopté par respect pour la préservation de la structure originale du kovil», souligne Aya Sivaramen.