Tamouls, les racines de l?histoire

Avec le soutien de
?LEURS femmes et leurs enfants sont vêtus de superbe mousseline blanche des Indes, qui serait enviée de nos plus élégantes Françaises. Les femmes malabardes, surchargées d?anneaux, de bracelets d?or et d?argent, de bagues à chaque doigt des pieds, la tête plus ornée par leurs beaux cheveux noirs que par l?or et les bijoux qu?elles y entremettent.? Telle est la description que donne Jean Milbert dans son Voyage Pittoresque à l?île de France, au Cap de Bonne Espérance et à l?île de Tenerife des Tamouls, qu?il appelle aussi Malabars parce qu?ils viennent de la côte de Malabar, en Inde. Jean Milbert était à Maurice entre 1803 et 1806. Ses écrits donnent une indication du niveau de vie alors atteint par certains Tamouls dans l?île. Cette communauté, venant de Pondichéry, de Karikal, de Yanaon ou encore du Bengale, était bien implantée avec d?autres groupes ethniques de l?Inde, au Camp de l?Est, dit Camp des Malabars, dans les environs de l?actuelle église Saint-François Xavier à Port-Louis. Avec la loi de 1767, calquée sur une législation qui avait alors cours en Louisiane, l?essor économique des Tamouls ?libres? débute. Dès lors, une troisième catégorie parmi les habitants émerge : les libres, les gens de couleur et les Tamouls. Propriéraires d?esclaves A partir de cette date, ces derniers peuvent faire du commerce, être propriétaires de terre et propriétaires d?esclaves. Benjamin Moutou, historien contemporain, affirme que des documents attestent qu?un certain Joseph Moutou était déjà propriétaire d?esclaves sous l?occupation française. Mais la présence des Tamouls ?libres? ou ?non libres? est cependant antérieure à la loi de 1767. Ces derniers ont même joué un rôle important dans le développement de l?île. Certains documents révèlent que le 4 mars 1729, le vaisseau La Sirène arrive à Maurice avec des Indiens de Pondichéry. Des contrats de travail sont signés par les artisans libres à partir de 1734. Le 9 avril de cette année, Apen Canaury, un artisan indien de Pondichéry, signe un contrat de travail à l?île de France. D?autres, Rama, Velle Chavry Apen and Afria Contreney Chinedou en font autant, souligne Sada Reddi, professeur d?histoire à l?université de Maurice. En 1776, les familles Paytanne, Paguy, Tandavarayen, Arnachelon et Chinaramen déposent des plaintes à Pondichéry alléguant qu?ils n?ont pas reçu comme convenu de l?argent de leurs parents établis à l?île de France. Des soldats indiens de Pondichéry sont également recrutés par la marine de guerre française dès cette époque. Au même moment, affirme Benjamin Moutou, d?autres Tamouls arrivent en tant qu?esclaves à la suite de razzias à Chandernagore, Bengale, qui était alors une enclave française en Inde. Le professeur Haudère dans un ouvrage publié en 1995 révèle que Mahé de Labourdonnais raconte dans ses mémoires que lors d?une mission à Pondichéry, on lui a promis ?des gens appartenant à la caste des scribes?. Gouverneur de l?île de France de 1735 à 1746, Mahé de Labourdonnais cherchait en fait toute une panoplie de travailleurs qualifiés pour le développement de l?île. Les artisans tamouls seront en partie responsables de la formation des esclaves. Les Tamouls libres sont notamment des maçons, des tailleurs de pierre, des orfèvres et des charpentiers de marine mais aussi des commerçants, des prêteurs sur gages, des ?commis en écriture? et des fonctionnaires. Parmi ces derniers, Denis Pitchen, qui sera payé par le gouvernement français pour s?occuper du syndic des Malabars au camp de l?Est. La fortune de la famille Pitchen sera évaluée à huit millions de livres selon les recherches de Sada Reddi. Influences sur la langue Les Tamouls affecteront ainsi le parler créole. ?Chali? pour parquet et ?muruku?, ?vindaye? et ?rougaille? s?immiscent désormais dans la langue. L?implantation des Tamouls à Maurice se poursuivra même après la fin de la colonisation française. En 1810, l?île est conquise par les Anglais qui comptent parmi leurs troupes des Indiens : le Madras Batallion Native Infantry, le Madras Engineers et le Madras Pioneer Corps. Pendant la colonisation britannique, d?autres Tamouls, des fonctionnaires, commerçants, propriétaires de terrains ou propriétaires d?esclaves arrivent dans l?île suivis des laboureurs engagés en 1834. En 1828 et 1837, on recense un nombre élevé de commerçants tamouls notamment Louis Ramsamy, Appavou Francois Ayapa, Lafleur Perembelon et Baya, note l?historien Sada Reddi. Figurent également de nouvelles familles telles que Sinatambou, Chetty, Potochetty, Ramchetty, Soucramanien, Veliavel Annasamy, Moutousamy et Virapa. La famille Sinatambou construit le premier temple tamoul en 1850 à Terre-Rouge. De 1834 à 1870, les Tamouls assoient leur religion sur des bases solides avec des temples et des kalimayes dans les régions rurales et urbaines. Le cavadee et la marche sur le feu sont très populaires et les processions du cavadee inspirent les hindouistes non-tamouls à célébrer des festivités à l?échelle nationale. ?If Pongal and Deepavalli have survived, it is largely due to them ? the Tamil merchants. Sankranti was almost inexistent among the Hindi-speaking until Basdeo Bissoondoyal popularized it in the 1940?s?, écrit Uttama Bissoondoyal. Plus près de nous, ce sont les Modeliar, Renganaden Seeneevassen, et Veerasamy Ringadoo, entres autres, qui marqueront les 19e et 20e siècles de leur présence la politique mauricienne. La diaspora tamoule aujourd?hui dans le monde représente 1,9 million de personnes, installées entre l?Afrique du Sud, la Grande-Bretagne, la Malaisie, et bien d?autres pays. Grâce à l?établissement de liaisons aériennes avec le Tamil Nadu, elles ont l?occasion comme les Mauriciens de retrouver leurs racines et de renouer avec leurs origines.
CULTE Un art pour atteindre le Suprême Le Cavadee, un art pour atteindre le suprême, tel est l?essence même de ce culte dédié au Dieu Subramaniam ou Muruga. Hérité des temps anciens, tout en résistant aux divers courants philosophiques qui ont influencé la vie religieuse en Inde, le Cavadee, très populaire dans le Sud, plus précisément dans le Tamil Nadu, a franchi les frontières pour influencer considérablement les manifestations religieuses à Maurice. Enrichir sa vie intérieure Comme toute autre célébration dans l?hindouisme, le Cavadee est célébré à un jour précis. Il est lié à l?idée des temps sacrés. Certaines périodes, certains jours sont exceptionnels ou propices de par leurs liens étroits avec le rythme de la nature. Ainsi le moment propice pour célébrer le Thai Poossam Cavadee est lorsque l?étoile Poosam coïncide avec la pleine lune au mois de Thai. Aussi une entreprise d?ordre socio-religieux sous forme de purification telle que le jeûne, la prière et le pèlerinage précède le jour choisi. Ces instants qui rompent avec la monotonie quotidienne de la vie visent non seulement à créer une source d?énergie et d?inspiration nouvelle mais aussi à enrichir la vie intérieure et aident à se parfaire spirituellement. Car rien n?est accessible sans la grâce divine. Murugu, Nature et Beauté Dans les premiers textes sacrés Muruga est décrit comme le fruit d?une dévotion ardente. Il est Murugu qui signifie la Beauté suprême. Son culte renvoie à l?univers de la nature et s?exprime à travers les arts que sont la musique, la danse et la sculpture (yota?). Muruga est monté sur un paon. La danse de cet oiseau, symbole même de la beauté, est avant tout, une expression cosmique. Ainsi le Cavadee, dès son origine, était une expression esthétique. Le Cavadee : un objet d?art L?élément central du Cavadee est un morceau de bois transversal monté sur deux supports verticaux faits de bois sculpté très élaboré. Le tout prenant la forme d?une arche habillée d?un morceau de soie rouge brodé à la main. La position des plumes du paon qui décorent le Cavadee renvoie aux quatre points cardinaux. Le Cavadee est un véritable objet d?art. Celui qui le porte, en symbiose avec la beauté, se laissait mener par la musique et la danse. Cette danse religieuse était avant tout un acte solitaire, une expression de communion intense avec son Dieu. Et pour faire cette union avec le Suprême, le dévôt apportait avec lui comme offrandes, les fruits de ses labeurs tels que le lait, le miel et le sucre. Muruga, et les Tamouls à Maurice A travers les multiples expressions artistiques dans la célébration du Cavadee, on retrouve aujourd?hui à Maurice cette union avec Muruga. Muruga et la culture tamoule ne font qu?un. Les Tamouls fidèles à l?histoire de leur civilisation considèrent Muruga comme étant le créateur de la langue et de la culture tamoules. Par conséquent, pour eux, Muruga occupe une place centrale dans le panthéon hindou. La place importante accordée à Murugu dans les temples mauriciens et plus particulièrement au temple Kailasam de Port-Louis, celui de Sivi Subramanien de Quatre Bornes et le fameux temple de Palani Andee de Clémencia, en est la preuve. A vrai dire, s?il faut faire une comparaison entre Maurice et l?Inde concernant les lieux sacrés de Muruga, on ne peut s?empêcher de faire le rapprochement entre Palani ? un de ses sanctuaires les plus importants de l?Inde ? et le temple de Clémencia à Maurice. Au temple de Clémencia, on trouve une réplique d?une statue dont l?origine se trouve à Palani en Inde. Ici comme à Palani, Muruga est le Dieu des Dieux sous sa forme de ?Dandhayu- thapani ? le renoncement symbolisant la connaissance absolue. Cette connaissance absolue est l?essence de tout un chacun, nous enseignent les sages.
Publicité
Publicité
e-brochures.mu logo

Retrouvez les meilleurs deals de vos enseignes préférées.

e-brochures.mu icon
Rejoignez la conversation en laissant un commentaire ci-dessous.

Ailleurs sur lexpress.mu

Les plus...

  • Lus
  • Commentés
Suivez le meilleur de
l'actualité à l'île Maurice

Inscrivez-vous à la newsletter pour le meilleur de l'info

OK
Pour prévenir tout abus, nous exigeons que vous confirmiez votre abonnement

Plus tardNe plus afficher

x