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Syrie : Les violences ordonnées au plus haut niveau de l’Etat, selon un rapport de l''ONU

23 février 2012, 00:00

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Syrie : Les violences ordonnées au plus haut niveau de l’Etat, selon un rapport de l''ONU

Les forces de sécurité syriennes tuent des femmes et des enfants désarmés, bombardent des quartiers résidentiels et torturent des blessés dans les hôpitaux suivant des ordres donnés au "plus haut niveau" de la hiérarchie militaire et gouvernementale", estime l''''ONU.

Les enquêteurs indépendants du Conseil des Nations unies pour les droits de l''homme demandent que les auteurs de ces crimes contre l''humanité soient poursuivis devant la justice. Les enquêteurs ont dressé une liste confidentielle de noms de dirigeants militaires et de responsables soupçonnés d''avoir ordonné les violences.

"La commission a reçu des preuves crédibles et solides identifiant des membres de haut rang et de rang intermédiaire des forces armées qui ont ordonné à leurs subordonnés de tirer sur des manifestants désarmés, de tuer les soldats qui refusaient d''obéir à ces ordres, d''arrêter des personnes sans raison, de maltraiter des prisonniers et d''attaquer des quartiers civils avec des tirs aveugles de chars et de mitrailleuses", dit un rapport du Conseil de l''Onu pour les droits de l''homme publié ce jeudi.

6 399 civils tués

La commission, présidée par le Brésilien Paulo Pinheiro, précise que les forces rebelles de l''Armée syrienne libre (ASL) ont également commis des abus, parmi lesquels des meurtres et des enlèvements, mais "dans une mesure bien moindre".

Le rapport de 72 pages fournit un bilan chiffré des victimes. Il cite un décompte fourni par le Centre de documentation des violations, un réseau de militants syriens, qui estime à 6 399 le nombre de civils et à 1 680 le nombre de déserteurs tués au 15 février.

La Syrie est "au bord" de la guerre civile et les profondes divisions entre les puissances mondiales entravent les chances de mettre fin à un conflit qui dure depuis près d''un an, dit le rapport. "La poursuite de la crise porte en elle le risque d''une radicalisation de la population, d''un renforcement des tensions intercommunautaires et d''une érosion du tissu social".

Les trois membres de la commission n''ont pas pu se rendre sur place mais ils ont interrogé 369 victimes et témoins, y compris des personnes vivant encore en Syrie jointes par téléphone et des réfugiés qui ont fui dans des pays voisins. "Les images satellitaires des zones où l''armée et les forces de sécurité ont été déployées et où des violences ont été signalées corroborent nombre de témoignages", ajoute le texte.

La commission indique que des tireurs embusqués et des miliciens de Chabihha postés à des points stratégiques terrorisent la population, abattent de jeunes enfants, des femmes et des civils désarmés. Des obus de mortiers à fragmentation sont tirés sur des quartiers densément peuplés.

18 000 personnes en détention

Selon les enquêteurs, l''intensité des combats s''est accrue depuis le mois de novembre, en particulier dans les provinces de Homs, Hama et Idlib, avec de nombreuses zones assiégées par les forces loyalistes."A plusieurs reprises, en janvier et février 2012, des familles entières - enfants et adultes - ont été sauvagement assassinées à Homs", précise le rapport. "Dans les deux camps, il y a une tendance à enlever des gens qui ne sont pas directement impliqués dans les affrontements pour des motifs de vengeance, de rançon ou pour en faire des otages."Au total, plus de 18 000 personnes se trouvaient en détention au 15 février, toujours selon les chiffres du Centre de documentation des violations.

"Les services de sécurité continuent d''arrêter systématiquement des blessés dans les hôpitaux et à les interroger, souvent sous la torture, sur leur participation présumée aux manifestations de l''opposition ou à des activités armées". Des preuves étayées montrent que des quartiers de l''hôpital militaire de Homs et de l''hôpital d''Al Ladikah ont été transformés en centres de torture.L''enquête, lancée en août par l''ONU, avait permis d''établir un rapport d''étape en novembre qui accusait l''armée syrienne de crimes contre l''humanité avec des cas de meurtres, de viols et de tortures.

Par ailleurs, des chars de l''armée syrienne sont entrés en action jeudi dans la ville de Homs, dans le quartier de Baba Amro tenu par des opposants au président Bachar al Assad et soumis à des bombardements intenses depuis vingt jours.

La situation humanitaire, qui ne cesse de se dégrader à Homs et dans d''autres villes, sera au centre des discussions de la réunion des «Amis de la Syrie» qui s''ouvre vendredi à Tunis. Les Etats-Unis, l''Union européenne, les pays arabes mais également la Turquie et d''autres pays voisins doivent participer à ce sommet pour demander l''arrêt de la répression menée par le gouvernement de Bachar al Assad depuis maintenant un an.

 

Reuters & 20minutes.fr