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Syrie : La Ligue arabe réfléchit à l''après-Assad

16 novembre 2011, 00:00

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Syrie : La Ligue arabe réfléchit à l''après-Assad

La Ligue arabe a commencé à se projeter dans l''''après-Bachar al Assad en demandant, le mardi 15 novembre, à des opposants au régime syrien de préparer des plans de transition.

L''organisation arabe a vivement réagi à la poursuite de la répression en Syrie alors même que Damas avait accepté le 2 novembre son plan de résolution de la crise. Elle a décidé samedi de suspendre à compter de mercredi le régime de Bachar al Assad de ses instances et elle a engagé des pourparlers lundi et mardi avec des représentants de l''opposition.

"La Ligue arabe va bientôt annoncer une date pour la tenue d''une conférence qui réunira la plupart des organisations de l''opposition syrienne afin de discuter des moyens et des délais nécessaires pour progresser vers une période de transition", a dit à Reuters Abdel Basset Sedah, membre du bureau exécutif du Conseil national syrien (CNS), principale structure de l''opposition.

Nabil Elarabi, secrétaire général de la Ligue arabe, "a demandé lundi à une délégation du Conseil national syrien d''exposer dans un document sa vision pour la Syrie via une période de transition", a pour sa part déclaré un responsable de la Ligue ayant requis l''anonymat. Une requête similaire a été adressée à d''autres groupes d''opposants, a-t-il ajouté.

La Ligue arabe, dont les ministres des Affaires étrangères doivent à nouveau se réunir mercredi au Caire, s''est cependant abstenue de prôner ouvertement un départ de Bachar al Assad ou une intervention militaire étrangère identique à celle menée en Libye en mars dernier.

La suspension décidée par la Ligue arabe constitue toutefois un sérieux revers pour Bachar al Assad, qui, dans la lignée de son père Hafez, a toujours pris soin de se présenter comme un champion du panarabisme.

Damas a tenté de reprendre la main en réclamant la tenue d''un sommet extraordinaire de la Ligue arabe. Cette requête a peu de chances d''aboutir. Les influentes monarchies du Golfe ont d''ores et déjà jugé un tel sommet "sans intérêt".

DERNIÈRE CHANCE

Parvenu au pouvoir en 2000 après les 30 années de présidence de son père, Bachar al Assad est confronté depuis mars à un vaste mouvement de contestation à travers la Syrie. La répression menée par le régime a coûté la vie à plus de 3.500 civils, selon les Nations unies. Damas impute les troubles à des "terroristes" et des bandes armées soutenues par l''étranger.

Longtemps alliée du régime Assad, la Turquie est désormais l''une de ses plus virulentes critiques. "Personne ne s''attend désormais à ce que les exigences du peuple (syrien) soient comblées. Nous voulons tous que le gouvernement syrien, qui est aujourd''hui au bord du gouffre, fasse un pas en arrière", a déclaré le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, mardi lors d''une réunion de son parti.

Son ministre des Affaires étrangères, Ahmet Davutoglu, a jugé que le régime syrien avait laissé passer la dernière occasion de sortir de la crise par le haut en ignorant le plan arabe.

La Turquie n''a toujours pas dévoilé les sanctions promises contre la Syrie mais son ministre de l''Energie, Taner Yildiz, a laissé planer la menace de perturbations des approvisionnements en électricité de son voisin.

LA RUSSIE INTERPELLÉE

Les pressions de la Ligue arabe et de la Turquie s''ajoutent aux sanctions déjà adoptées par les Etats-Unis et l''Union européenne.

Les efforts entrepris à l''Onu par les Etats-Unis et leurs alliés européens pour faire condamner la Syrie se heurtent jusqu''à présent à l''opposition de la Chine et de la Russie, échaudées par le précédent libyen.

Pékin et Moscou ont laissé les pays occidentaux intervenir en Libye au nom de la protection des civils mais jugent qu''ils ont ensuite outrepassé le mandat confié par l''Onu afin de renverser Mouammar Kadhafi.

Reçu à Moscou, Bourhan Ghalioun, le président du CNS, a exhorté la Russie à se joindre aux appels en faveur d''un retrait de Bachar al Assad alors que le gouvernement russe venait de l''inviter au dialogue avec le pouvoir.

"Les progrès sur la voie de négociations pacifiques (...) devraient débuter par une initiative déterminante, par une mesure symbolique forte, ils devraient débuter par un appel de la communauté internationale et des pays arabes mais aussi de la Russie demandant au président Assad de démissionner afin que la Syrie bascule dans une nouvelle ère", a dit Bourhan Ghalioun.

Parallèlement, les violences se poursuivent en Syrie. Elles semblent même prendre une nouvelle tournure avec la multiplication des affrontements entre l''armée régulière et des déserteurs.

Selon l''Organisation syrienne pour les droits de l''homme, 69 personnes ont été tuées lundi dans le Sud, dans la province de Deraa, la plupart dans des accrochages entres déserteurs et forces de sécurité.
 

(Source: Reuters)