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Sir Anerood Jugnauth : «Nous allons mettre davantage la pression sur le gouvernement»

12 décembre 2012, 00:00

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Sir Anerood Jugnauth : «Nous allons mettre davantage la pression sur le gouvernement»

Le Remake 2000 met le cap sur les élections générales. Au lendemain de son premier test électoral réussi, son leader, Sir Anerood Jugnauth, évoque ses nouveaux plans. SAJ nous a reçus à La Caverne, hier, mardi 11 décembre 2012.

? Le «Remake 2000» a passé son premier test électoral. Peut on, cependant, parler d’un pari pleinement accompli ?

Oui. Car, nous n’étions présents dans aucune municipalité. Nous en avons remporté au moins trois. A Curepipe, c’est kif-kif pour les deux blocs.

Nous avons seulement perdu Vacoas- Phoenix, et là encore, nous avons enregistré une forte percée. Nous n’étions nullement présents et nous voilà en force. N’est-ce pas un beau progrès ?

Si le MMSD n’avait pas été dans la course à Curepipe, nous aurions eu une large victoire. A Beau-Bassin-Rose-Hill, nous avons tout raflé. Quatre-Bornes et Vacoas-Phoenix ont toujours été des bastions travaillistes. A Port-Louis, depuis quelques années, c’est très partagé.

Cehl Meeah nous a pris pas mal d’électeurs.

Mais, c’est le résultat qui compte.

Je considère cela comme une grande victoire. Et cela nous encourage pour les élections générales.

? Paul Bérenger a dit que le «Remake» en est sorti renforcé. Quels sont vos plans maintenant ?

Depuis «enn bon bout letan», le Remake est bien soudé. Il n’est plus question de conflits. Paul et moi nous sommes sur la même longueur d’ondes. Notre but ultime, ce sont les élections générales et nous estimons que le régime travailliste et sa culture sont en train de détruire le pays. Il nous faut le débarrasser de cela et le remettre sur les rails.

C’est ce que j’avais fait en 1982, quand le pays courait à sa perte, quand l’argent manquait, le taux de chômage était fort et que la population s’appauvrissait. Il faudra, cette fois encore, relever le défi : redresser ce pays, retrouver le chemin de la prospérité et redistribuer équitablement la richesse.

? Que fera, concrètement, le «Remake renforcé» ?

Nous allons multiplier les congrès, intensifier notre campagne et mettre la pression sur le gouvernement pour que les élections générales arrivent le plus vite possible.

Il faudra sensibiliser la population pour que la rue comprenne qu’elle peut faire pression sur le gouvernement.

? Vous n’avez aucune maîtrise sur le calendrier électoral...

Le gouvernement sera obligé de respecter le calendrier électoral. Les élections générales auront lieu en 2015.

Ramgoolam ne pourra pas jouer avec cela, car nous avons amendé la Constitution.

Pour renvoyer une élection générale, il faudra un vote unanime de l’Assemblée nationale. C’est donc impossible. Mais est-ce que les élections auront lieu en 2015 ? Ou avant ?

Fort de mon expérience en politique, je trouve qu’avec un tel gouvernement, Navin Ramgoolam sera forcé de se rendre compte que plus vite les élections générales arrivent, moins dévastateurs seront les dégâts pour lui.

? Vos plans, au lendemain de votre démission de la présidence de la République, n’ont pas marché.

Ni la motion de blâme contre le PM, ni une nouvelle majorité parlementaire. C’est votre camp qui a le plus souffert…

Nous étions près du but. Mais Ramgoolam a eu vent de cette motion de blâme. Il a appris qu’une demi-douzaine de membres de la majorité allait voter avec nous. Il a agi tout de suite et a prorogé le Parlement pour satisfaire ceux qui étaient frustrés dans son camp. Ramgoolam a consolidé sa position.

Et, de notre côté, Pratibha Bolah et Mireille Martin sont parties. L’avenir nous dira si elles ont eu raison ou pas.

Nous étions sur le point de mettre le gouvernement en minorité (NdlR, en mars) mais, par nos propres fautes, nous avons échoué. Toutefois, je ne perds pas patience. 2015 viendra vite.

Le public est en train de découvrir quelles sont les priorités de Ramgoolam.

Même si, entre-temps, le pays sombre de plus en plus.

? Le retour sur les «caisses savon» à 82 ans, cela fait quel effet ?

Cela m’a fait plaisir. J’ai retrouvé mes réflexes politiques. Et puis, là où j’étais, l’accueil est très bon. Les gens restaient jusqu’à fort tard et j’aurais pu parler et parler, s’ils étaient restés pour m’écouter. J’étais convaincu qu’on allait remporter les cinq municipalités.

Le but de mon retour en politique est vraiment sincère. Ce n’est pas pour moi, mais pour la population.

? Vous avez essuyé des critiques sur les vraies raisons de votre démission. Etait-ce pour sauver votre fils ?

Au départ, c’est ce que disaient mes adversaires. Aujourd’hui, ils ne disent pas la même chose. Je crois que le public est convaincu que les vrais coupables de l’affaire MedPoint sont au gouvernement. Parce que ce problème avait commencé avant même les dernières élections générales. Il n’y a pas de «case» contre Pravind.

? Le PM a trouvé que Pravind Jugnauth s’est fait discret durant la campagne…

Ce n’est pas vrai. Il a animé beaucoup de meetings. Il était fortement présent sur le terrain. Pravind est le leader du parti. Quant à moi, je suis simplement le leader du Remake 2000.

Navin Ramgoolam affirme que j’ai dit qu’il y aurait un tsunami aux municipales. J’ai dit qu’une vague s’est levée durant les villageoises et qu’elle sera plus forte lors des municipales.

C’est durant les élections générales qu’il y aura un tsunami.

Je comprends que Ramgoolam ne peut dire qu’il a subi une défaite, parce que cela va décourager ses partisans.

Propos recueillis par Abdoollah EARALLY

 

Abdoollah EARALLY