Le chef du gouvernement mauricien veut une réforme électorale en dehors de la période des législatives. Il est favorable à la représentativité ainsi que la parité homme/femme à l’Assemblée nationale. Le leader de l’opposition, lui, n’est pas optimiste que majorité veuille aller de l’avant avec une « bonne » réforme.

Le Premier ministre, Navin Ramgoolam, souhaite une refonte du système électoral mauricien en dehors d’une période préélectorale. C’est qu’il fait ressortir dans un communiqué émis dans l’après-midi de ce mercredi 14 septembre suite à sa rencontre, la veille, avec l’expert constitutionnel français Guy Carcassonne.

Le chef du gouvernement confirme également que le rapport final sur la réforme électorale sera  rédigé par trois spécialistes. Et il prévoit que le travail sera complété au mois de décembre.

Les deux autres experts qui collaboreront avec le Pr Carcassonne sur ce dossier ont déjà été désignés. Il s’agit de l’Anglais Vernon Bogdanor, professeur à l’université d’Oxford, et l’Espagnol Pere Vilanova Trias de la faculté de Droit de l’université de Barcelone.

« Le Premier ministre souhaite que cette réforme qui figure dans le programme gouvernemental trouve maintenant son aboutissement, en ce début de mandat en dehors de toute période électorale et précise que le gouvernement souhaiterait recevoir les propositions avant la fin de cette année », indique le communiqué.

La représentativité doit être un des éléments à être pris en compte dans la réforme. A ce sujet, le Premier ministre fait ressortir que du point de vue de l’équité, « il n’est pas acceptable, comme nous en avons parfois fait l’expérience, qu’un parti politique soit réduit à l’inexistence totale pendant un mandat. Tous ceux qui sont vraiment représentatifs doivent être représentés ».

En ce qu’il s’agit de la diversité, Navin Ramgoolam déplore qu''''on continue à avoir des raisonnements communautaristes alors que c’est l’appartenance nationale qui doit primer. « Plus de quarante ans après notre indépendance, nous continuons de raisonner comme si nous étions seulement une addition de communautés séparées. Nous sommes tous, d''abord et avant tout, des Mauriciens même si chacune de ces communautés d''origine doit se retrouver dans la composition du Parlement », dit le communiqué. 

Le Premier ministre compte aussi sur ce rapport pour introduire la parité homme/ femme à l’Assemblée nationale. « Les femmes représentant 50% des électeurs, cette parité doit se retrouver dans la représentation parlementaire, même si cela ne peut se réaliser en une seule fois », fait ressortir Navin Ramgoolam. Il fait ainsi part de son voeu que le débat sur la réforme rassemble les Mauriciens et renforce la démocratie. 

Les deux autres personnalités politiques qui ont rencontré le Pr Carcasonne lundi et mardi se sont aussi exprimées sur ce sujet. Le chef de l’opposition Paul Bérenger, lui, a simplement indiqué que l''expert français lui a fait part des propositions de Navin Ramgoolam lors d’une rencontre d’environ une heure.

« Je dois dire que je ne suis pas très optimisme quand à la volonté du gouvernement d’aller de l’avant avec une bonne réforme », lance Paul Bérenger. Et d’ajouter : « J’ai d’ailleurs fait savoir au Pr Carcassonne que je ne crois pas qu’il soit nécessaire de préparer un autre rapport d’expert. Nous sommes déjà arrivés très loin en termes de réflexion sur le sujet. Il ne manque plus que de la volonté politique ».

Quant à l’ancien ministre des Finances, Rama Sithanen, qui a soutenu une thèse de doctorat sur les systèmes électoraux, il explique qu’il a compris que l’équipe d’experts menée par le Pr Carcassonne recommencer le travail indépendamment du rapport d’Albie Sachs rendu en 2002. Ce qui laisse penser que ce rapport va une nouvelle fois être remis au frigo. Les explications de Rama Sithanen sont à écouter dans l’entretien qui sera diffusé sur Radio One demain matin.

Vel Moonien et Jean Yves Chavrimootoo