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Rahul Gandhi espère avoir "rendez-vous" avec son destin en Inde

16 janvier 2014, 20:06

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Rahul Gandhi espère avoir "rendez-vous" avec son destin en Inde

 

Le parti du Congrès au pouvoir en Inde compte sur le prestige de la dynastie Nehru-Gandhi pour éviter un revers à l'occasion des élections législatives du mois de mai, qui sanctionnerait dix ans de mauvaise gestion et d'affaires de corruption.

 

Lors d'une réunion prévue vendredi, les délégués au parti vont officiellement désigner Rahul Gandhi comme leur chef de file pour mener une bataille électorale que les enquêtes d'opinion annoncent quasiment perdue d'avance. Rahul Gandhi, 43 ans, est le fils de Sonia Gandhi, qui préside le parti du Congrès depuis 1998, et de Rajiv, ancien Premier ministre qui avait accédé au pouvoir en 1984 à la mort de sa mère, Indira Gandhi. Cette dernière était la fille unique de Nehru, le premier chef du gouvernement de l'Inde.

 

Rahul Gandhi a reçu début janvier un soutien de poids, celui de l'actuel Premier ministre, Manmohan Singh, 81 ans, qui a choisi de ne pas briguer un nouveau mandat et s'est rangé derrière l'héritier dont la famille domine la vie politique indienne depuis l'indépendance.

 

Largement considéré comme un novice, Rahul Gandhi s'est lancé dans cette entreprise avec une évidente détermination et a pris une série d'initiatives visant à moraliser le parti fondé en 1885, expliquent ses conseillers.

 

Il a ainsi exigé de désigner au moins 100 des 543 candidats qui brigueront un siège au Parlement et apparaît décidé à se débarrasser des barons responsables de la mauvaise réputation dont souffre le parti.

 

"M. Gandhi souhaite accomplir certains changements qui peuvent aboutir. Ces changements, qu'ils soient spectaculaires ou discrets, je ne sais comment on peut les qualifier, seront malgré tout importants", dit Sachin Pilot, ministre des Entreprises, l'une des étoiles montantes de l'équipe Gandhi.

 

Ses adversaires lui reprochent de compter avant tout sur son nom et sur le pouvoir de sa famille. Ils jugent qu'il n'a pas la carrure pour assumer les fonctions auxquelles il aspire, comme le prouve sa faible présence au Parlement dont il est membre depuis dix ans.

 

"Dans un parti structuré, Rahul Gandhi serait obligé de se battre pour obtenir sa première désignation" comme candidat à une fonction au sein du parti ou au Parlement, note Arun Jaitley, haut responsable du Parti du peuple indien (BJP, opposition).

 

"Sa désignation comme chef incontesté n'a été possible que dans un parti dominé par une personnalité et par une famille, comme c'est le cas pour le Congrès", a-t-il ajouté.

 

Vice-président du parti et chargé de la désastreuse campagne des élections régionales l'an passé, Rahul Gandhi espère obtenir son "rendez-vous avec le destin", suivant l'expression employée par son arrière-grand-père Nehru lors d'un émouvant discours à la veille de l'indépendance en 1947.

 

L'emprise durable de la famille Gandhi sur le pouvoir et sur le parti du Congrès résonne comme un écho à la domination de la monarchie britannique à l'époque de l'Empire des Indes.

 

Les assassinats d'Indira, alors qu'elle était chef du gouvernement en 1984, puis de son fils Rajiv lors de la campagne électorale de 1991, ont apporté une note tragique comparable à celle du clan Kennedy aux Etats-Unis.

 

Le BJP (nationaliste hindouiste) reste le favori des enquêtes d'opinion, faisant campagne sur une relance de la croissance économique qui est tombée à son rythme le plus faible depuis une décennie.

 

Au cours des derniers mois, Rahul Gandhi s'est attaché à donner de lui l'image d'un homme politique anticonformiste et d'un adversaire de la corruption. Il a notamment dénoncé un décret gouvernemental autorisant les parlementaires condamnés par la justice à rester en poste et à briguer un nouveau mandat.

 

Sur cette question sensible de la corruption, le parti du Congrès risque toutefois de se faire déborder par le nouveau parti Aam Aadami (AAP, parti de l'homme ordinaire), formé lors des élections locales dans l'Etat de Delhi le mois dernier.

 

L'AAP, issu de la société civile, a vu ses rangs grossis par l'arrivée de centaines d'étudiants et d'hommes d'affaires attirés par la promesse d'une vie politique moralisée.