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Réunion – Démographie : Les « cerveaux » domiens choisissent l''hexagone

28 avril 2012, 00:00

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Réunion – Démographie : Les « cerveaux » domiens choisissent l''hexagone

Un natif des Dom sur cinq vit en métropole en 2007. Et les diplômés du supérieur représentent une part importante. C’est maintenant plus d’un sur trois (38%) d’entre eux qui ont fait le choix de quitter leur département d’origine pour s’installer dans l’Hexagone.


Signifiant que les jeunes domiens ayant poursuivi des études ne reviennent plus dans leur département d’origine. Cette "fuite des cerveaux" est confirmée par les chiffres du dernier rapport de l’Institut national d’études démographiques (Ined) publié ce mardi.

Sur la base de données de 2007, l’étude définit les dynamiques d’insertion professionnelle des jeunes ultra-marins. Constat flagrant, une double-sélection sépare les plus diplômés des moins diplômés dans l’accession à l’emploi. D’un côté, les plus "armés", avec un niveau d’étude relativement élevé, sont retenus par la métropole et y trouvent un emploi. De l’autre côté, les natifs de retour après des études ou un court séjour en métropole et qui sont peu ou pas diplômés, éprouvent plus de difficultés à trouver du travail dans leur Dom d’origine. On observe même chez eux un taux de chômage plus élevé que chez les natifs non migrants. En revanche, cette différence dans l’accès à l’emploi est beaucoup moins exacerbée chez ceux qui retournent dans leur département de départ avec un niveau d’étude élevé.

34% des jeunes Réunionnais diplômés installés en métropole

Non seulement le diplôme constitue un critère important pour trouver un poste, mais le fait de l’avoir obtenu en métropole augmente encore les chances d’insertion.?

D’autres facteurs expliquent ces chiffres. Le choix restreint de l’offre éducative dans le supérieur, mais aussi des politiques publiques d’aide à la mobilité poussent ainsi les jeunes à s’exporter en métropole ou ailleurs pour satisfaire leur projet professionnel. Comme l’explique Ludovic, 27 ans et aujourd’hui ingénieur dans le transport d’énergie électrique, "l’université à la Réunion proposent essentiellement des formations adaptées au marché local".

Lui a été contraint de s’exporter vers Montpellier pour son doctorat en physique appliquée, pour finalement trouver un emploi sur la ville de Calais.?"Je me suis spécialisé dans un domaine qui m’intéressait, et je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas ce marché à la Réunion", explique-t-il.?Impossible donc de revenir sur l’île pour y trouver un emploi. D’ailleurs, le jeune ingénieur ne l’envisage pas dans les prochaines années, "à moins d’ouvrir sa propre entreprise".

De même pour Jonathan, à Sciences-Po Grenoble, qui finira bientôt ses études et n’entend pas revenir dans le département de si tôt. Le jeune homme de 23 ans se destine au métier de lobbyiste ou de fonctionnaire européen. "Si je veux travailler sur les questions européennes, ça va être difficile à la Réunion.?Je ne saurais pas vraiment dans quoi travailler, à part dans le conseil d’élu, ou dans une préfecture... Dans une vingtaine d’années je rentrerai peut-être", confie Jonathan. L’argument pour lui n’est pas seulement professionnel : "Depuis que je suis ici j’ai la bougeotte, j’ai plus d’opportunités de voyager, et il faut profiter de ça maintenant !".?

Ludovic et Jonathan font donc partie de ces 34% de Réunionnais de 18 à 34 ans, diplômés du supérieur, qui sont installés en métropole. Cette part est de 23,5% pour les bacheliers, de 17,7% pour les CAP/BEP, et de 9,5% pour les pas et peu diplômés. Quant à leur statut d’activité, 26,6% sont des actifs occupés, 9,7% sont au chômage, et 22,7% sont étudiants.
La Réunion, il a beau faire bon y vivre, le difficile accès à l’emploi parvient à déloger les plus déterminés à sortir du chômage important marquant le département. Ainsi, 41% des jeunes de 18 à 34 ans natifs de l’île déclarent être prêts à partir ou repartir si un emploi leur était proposé en métropole. Ce qui est un peu moins que la moyenne domienne (50%), et bien au-dessous du pourcentage pour les natifs Martiniquais (67%).

D’autres font même le choix de l’étranger pour trouver du travail.?A l’exemple de Thomas, 24 ans, aujourd’hui steward à Dubaï, après avoir travaillé en tant que serveur dans un hôtel du Pays de Galles.?Après quelques années à la fac qui ne l’ont pas satisfait, il a décidé de tenter l’aventure ailleurs, encouragé par des dispositifs de mobilité du Cnarm. "Je ne crois pas pouvoir m’épanouir d’un point de vue professionnel à la Réunion", affirme-t-il. "Le retour, ce ne sera pas pour demain, car les opportunités que j’ai obtenues à l’étranger, je ne les retrouverai pas à la Réunion".


Johanne Chung To Sang
(Source : Le Journal de l’île de la Réunion)