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Quand la Banque mondiale assimile les leçons particulières à de la corruption silencieuse

22 mars 2010, 00:00

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Quand la Banque mondiale assimile les leçons particulières à de la corruption silencieuse

Voilà un rapport qui fera polémique. Un document de la Banque mondiale affirme que Maurice est championne en matière de leçons particulières. Toutefois, cette pratique est assimilée à de la corruption  par l’organisme.
 
Maurice est la championne d’Afrique en matière de leçons particulières. C’est ce qui ressort d’une étude de la Banque Mondiale sur les indicateurs de développement en Afrique. Mais, le hic est que cette pratique est présentée  comme de la corruption silencieuse pas nécessairement perçu comme telle au quotidien. 

Selon ce rapport de la Banque Mondiale, le taux d’élèves prenant des leçons particulières est passé de 77,5% en 1995 à 86,6% en l’an 2000 à Maurice qui se hisse facilement en haut du tableau africain.

Pour les auteurs de ce rapport de la Banque Mondiale les leçons particulières sont une forme de corruption car elles découlent de plusieurs facteurs dont l’absence des enseignants aux heures régulières et le manque d’engagement de ces derniers durant les heures de classe. Ce qui implique, selon les rédacteurs du rapport,  que la majeure partie du cursus d’études n’est pas couverte en salle de classe.
Pour une instruction plus complète sur les matières au programme il faut donc obligatoirement recourir aux « leçons particulières », conclue la Banque Mondiale.

L’institution de Bretton Woods ne mâche pas ses mots pour qualifier le corporatisme des enseignants. Ces derniers constituent un lobby tellement puissant qu’ils définissent  non seulement l’allocation des ressources dans le système éducatif mais aussi les contrats de travail (scheme of service) des enseignants.

Cette situation découle du fait que, au niveau africain, de nombreux ex-enseignants sont des acteurs actifs et au pouvoir dans les gouvernements, selon la Banque Mondiale. Ce « teacher power » est une contrainte majeure pour l’amélioration du système éducatif dans de nombreux pays en développement.

A titre d’exemple, l’institution de Bretton Woods raconte qu’on avait voulu tester le niveau des enseignants en Bolivie en 1998. Surprise, 60% des enseignants qui y ont participé n’avaient pas le niveau adéquat. Les syndicats des enseignants contestèrent les résultats, des manifestations et grèves de la faim furent organisées et le gouvernement bolivien a du faire marche arrière. Eloquent.

Le système des leçons particulières pénalise les familles à faibles revenus car une fraction seulement du cursus d’enseignement est couverte durant les heures de classe. Pour le reste, il faudra attendre les leçons qui n’ont de particulières que le nom.

Outre un fort taux d’absentéisme, le rapport de la Banque Mondiale met aussi en évidence le fait que les enseignants présents dans l’enceinte de l’école ne sont pas présents en classe à l’heure où ils étaient supposés l’être. Dans la majorité des cas, il n’y a aucune sanction administrative contre les enseignants absents ou trop souvent en retard.

La Banque Mondiale met aussi le doigt sur une absence de contrôle sur les dépenses budgétisées pour l’éducation dans certains pays d’Afrique. En Ouganda, seulement 13% des ressources allouées parviennent aux écoles. Dans ce genre de cas, il s’agit non pas de corruption passive mais de vol caractérisé.