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Présidentielle américaine : revigoré, Obama n’a plus hésité à attaquer Romney lors du deuxième débat

17 octobre 2012, 00:00

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Présidentielle américaine : revigoré, Obama n’a plus hésité à attaquer Romney lors du deuxième débat

Beaucoup plus assuré que lors du premier débat présidentiel, Barack Obama n’a pas hésité une seconde à attaquer son rival républicain Mitt Romney à plusieurs reprises lors du deuxième débat qui les opposait, mardi 16 octobre.

De l’avis général, M. Obama était dos au mur avant ce soir, et était presque obligé de montrer une attitude plus offensive. Ce qu’il n’a pas manqué de faire, défendant son bilan, formulant ce que serait un deuxième mandat s’il était réélu et rappelant certains changements de position et contradictions de M. Romney. En face, le républicain a tenu tête au président, l’attaquant sur les promesses non tenues, mais perdant pied en fin de débat. Tout au long, les deux hommes se sont interrompus, parfois très durement, signe de la tension a régné pendant une heure et demie sur la scène de l’université d’Hofstra. Symbole de sa pugnacité retrouvée, Barack Obama a cette fois fait référence, à la toute fin du débat, aux « 47 % » d’Américains qui sont, avait dit son adversaire dans une vidéo, dotés d’une mentalité de « victimes ».

L’attaque sur le consulat de Benghazi. L’échange le plus dur de la soirée a eu lieu après la question, très attendue, sur le dossier libyen. Mitt Romney a critiqué le président à plusieurs reprises sur la façon dont a été gérée cette attaque depuis quelques semaines, et notamment sur les différentes versions avancées par le gouvernement. « Essayer de marquer des points politiques, ce n’est pas comme cela qu’opère un commandant en chef. Vous ne pouvez pas transformer la sécurité nationale en une affaire politique », a lancé le président, épinglant son adversaire républicain pour ses accusations « insultantes ».

« Suggérer qu’une personne de mon équipe, qu’il s’agisse de la secrétaire d’Etat []Hillary Clinton], de notre ambassadrice à l’ONU []Susan Rice], ou de qui que ce soit, ferait de la politique politicienne (...) au moment où nous avons perdu quatre des nôtres, c’est insultant. Ce n’est pas ce que nous faisons. Ce n’est pas ce que je fais en tant que président, ce n’est pas ce que je fais en tant que commandant en chef », a dit M. Obama, regardant son rival dans les yeux. Pour Mitt Romney cette attaque a symbolisé l’échec de « la politique du président dans tout le Moyen-Orient », qui a consisté en « une tournée d’excuses et une stratégie consistant à diriger sans monter en première ligne ». Le républicain a sans doute voulu profiter de ce moment pour tenter de déstabiliser le président. Mais il s’est fait recadré par la modératrice, qui l’a repris pour avoir présenté de façon incorrecte ce que M. Obama avait déclaré après l’attaque, sous les applaudissements du public.

Un bilan économique au coeur du débat. Alors que Mitt Romney s’est employé à rappeler, point par point, le bilan économique de M. Obama – « Le président a essayé mais ses politiques n’ont pas marché », a-t-il dit, soulignant que le taux de chômage actuel de 7,8 % est le même qu’en 2009 et que le déficit a empiré - le président sortant a défendu son action beaucoup plus vigoureusement que par le passé. Surtout, il a critiqué très durement le flou du programme économique du républicain.

« Le gouverneur Romney dit qu’il a un plan en cinq points. Le gouverneur Romney n’a pas un plan en cinq points, il a un plan en un point. Et ce plan vise à s’assurer que les gens au pouvoir bénéficient de règles différentes », a accusé le président démocrate. Il a pris M. Romney à partie, lui demandant s’il accepterait, en tant qu’entrepreneur, de financer son propre plan s’il lui était présenté par une tierce personne. « Non, a-t-il lui même répondu, parce qu’il est trop vague ». Faux, a répondu Mitt Romney, affirmant que « les mathématiques étaient bonnes ». Le républicain propose de réduire les impôts de 20 %, compensant cette baisse par la fin d’un certain nombre de niches fiscales qu’il n’a pas encore désigner clairement. Il promet de créer 12 millions d’emplois en 10 ans. Les démocrates affirment que ce plan coûtera 5 000 milliards de dollars et favorisera les ménages aisés.

Comme un mantra, Mitt Romney a répété qu’il « savait ce qu’il faut faire pour créer des emplois » grâce à son « expérience dans le secteur privé ». « Le gouvernement ne crée pas d’emplois », a-t-il lancé en fin de débat, promettant de l’aide aux PME et à la classe moyenne « écrasée depuis 4 ans ». Barack Obama n’a pas manqué pas de rappeler qu’il avait baissé les impôts de la classe moyenne dans son premier mandat, et que l’homme d’affaires millionnaire qui lui faisait face avait dit qu’il trouvait normal de bénéficier d’un taux d’imposition moins élevé que celui d’une infirmière. « Le gouverneur ne paye que 14 % d’impôts, a lancé le président au public au détour d’une question. Bien plus que vous je l’imagine ».

Comment se comporter face à la Chine ? Pour Mitt Romney, la Chine ne joue pas le jeu en manipulant sa monnaie et en « volant » même des technologies aux compagnies américaines. Il a promis de mettre Pékin « sur la liste des pays tricheurs » dès « son premier jour à la Maison Blanche ». Barack Obama a répondu en ressortant l’histoire de Bain Capital, la compagnie dont Romney fut le PDG. « Rappelez-vous que le gouverneur Romney a investi dans des sociétés pionnières en matière de délocalisation en Chine. Gouverneur, vous êtes le dernier à faire preuve de fermeté à l’égard de la Chine », a-t-il lancé. Le républicain a promis de rendre les Etats-Unis « plus attractifs pour les entrepreneurs et les PME » en baissant les charges. Obama s’est dit d’accord sur ce point, mais a mis en cause la méthode qu’emploierait Mitt Romney. Il a aussi rappelé que les exportations ont presque doublé sous son mandat.

(Source: © Le Monde)