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Pour l'Equateur, la demande d'asile de Snowden à la Russie pourrait "régler" son cas

2 juillet 2013, 07:39

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Pour l'Equateur, la demande d'asile de Snowden à la Russie pourrait "régler" son cas

La demande d'asile politique en Russie déposée par l'ex-consultant du renseignement américain Edward Snowden pourrait "régler définitivement" son cas, a estimé lundi le président équatorien, Rafael Correa, lors d'un entretien exclusif avec l'AFP, mais son pays n'envisage pas encore de se retirer du dossier.

 

 

"Mon opinion est que la demande au gouvernement russe pourrait régler définitivement la situation de M. Snowden", a déclaré le président après que Moscou a indiqué avoir reçu une demande d'asile de la part du jeune informaticien recherché par les Etats-Unis et qui avait émis la possibilité de se réfugier en Equateur.

 

 

"Nous ne pouvons pas instruire une demande d'asile (...) car il n'est pas en territoire équatorien", a ajouté le président. Si M. Snowden souhaitait déposer une demande d'asile auprès de l'Equateur, il faudrait qu'il "parvienne à l'ambassade" équatorienne à Moscou, a-t-il expliqué.

 

 

L'ex-consultant pour l'Agence de sécurité nationale (NSA) américaine, réfugié dans un aéroport de Moscou et recherché par Washington pour espionnage, a demandé dimanche l'asile en Russie, où le président Vladimir Poutine a assuré lundi qu'il pouvait rester s'il cessait ses activités contre les Etats-Unis.

 

 

A cet égard, Rafael Correa a, en revanche, jugé qu'"il serait bon que M. Snowden dise au monde ce qu'il sait, mais nous sommes très respectueux de la souveraineté russe et ils décideront de leurs conditions tant que Snowden sera sur leur territoire".

 

 

Par ailleurs, le président équatorien a indiqué avoir exigé du fondateur du site internet WikiLeaks, Julian Assange, qu'il ne s'exprime pas au nom de l'Equateur, pays qui lui a accordé l'asile politique.

 

 

"Oui, les agissements d'Assange me dérangent un peu", a-t-il confié.

 

 

"Que sait-il de l'appel que m'a passé (le vice-président des Etats-Unis) Joe Biden ? Et il dit qu'il m'a appelé pour faire pression. Le vice-président a été très aimable, très courtois. Ce qu'Assange a déclaré n'est pas correct", a déclaré M. Correa.

 

 

Il a toutefois assuré Julian Assange de son "estime" et lui a garanti que l'Equateur continuerait de le protéger.

 

 

Dimanche, le fondateur de WikiLeaks avait estimé dans un entretien télévisé qu'un appel passé vendredi par le vice-président américain pour "faire pression" sur le chef de l'Etat équatorien et le convaincre de ne pas accorder l'asile à l'informaticien américain était "inacceptable".

 

 

Julian Assange, dont le site a aidé au départ de M. Snowden de Hong Kong vers la Russie le 23 juin, est réfugié depuis plus d'un an à l'ambassade d'Equateur à Londres afin d'éviter une convocation par la justice suédoise dans une affaire de moeurs, prélude, selon lui, à une remise aux Etats-Unis, dont il a dévoilé des centaines de milliers de câbles diplomatiques.

 

 

A propos des relations parfois houleuses avec les Etats-Unis, notamment depuis l'asile accordé à Julian Assange, le président socialiste a jugé que "cette crise" pouvait permettre de "renforcer encore plus les relations".

 

 

L'appel de vendredi de M. Biden "a été très cordial, très aimable". "Les relations bilatérales n'ont pas à être affectées" par la demande de M. Snowden, selon lui.

 

 

"Jamais je n'aurais permis un appel pour recevoir des pressions", a insisté le président socialiste.

 

 

"Nous ne nous éloignerons jamais (des enjeux) qui concernent l'humanité, nous ne fuirons jamais nos responsabilités. Si M. Snowden arrive en territoire équatorien et dépose une demande d'asile, nous devrons l'instruire et nous le ferons en toute souveraineté", a-t-il également assuré.

 

 

"Nous n'allons certainement pas gagner des dollars avec ça, mais pour les gens qui ont une âme sans avoir les poches pleines, les valeurs sont aussi importantes que la nourriture", a souligné le président.

 

 

A l'origine d'informations explosives sur de vastes programmes américains de surveillance des communications notamment en Europe, Edward Snowden encourt une peine de 30 ans de réclusion pour espionnage.